Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

moins qu'un homme pieux consente à l'épouser dans le
but de subvenir à son entretien. Ce cas suppose une or-
pheline dénuée de toute ressource.

A quelques jours de là, le montant de la dot est versé
entre les mains des parents de la jeune fille, et l'on a soin
de faire un relevé exact des diverses dépenses provenant,
soit du repas, soit des cadeaux, pour pouvoir le réclamer
en cas de divorce.

Tous ensemble, à l'exception des deux fiancés, se ren-
dent à la ville la plus voisine ou au marché, pour pro-
céder avec une joie enfantine aux achats du melbous ou
trousseau. Les Juifs, dès qu'ils les aperçoivent, courent
au-devant d'eux et, avec des paroles mielleuses et dont
la bassesse ne saurai! se traduire en français, les amènent
jusqu'à leurs marchandises.

A leurs yeux éblouis, ils étalent les riches mouchoirs
brodés d'or et de soie, aux couleurs étincelantes, les col-
liers, les bracelets, les petites glaces d'un sou, des par-
fums, des boîtes à amulettes, etc., etc.

Avec une agilité incomparable, ils démolissent et re-
composent en un instant les rayons de leur étalage.
Fascinés, les indigènes achètent ceci, puis cela, et cet
autre objet encore. Ils ont beaucoup de peine à ne pas
dépasser la somme qui leur a été fixée. Celte somme est
prélevée sur la dot, la fiancée étant sensée être livrée
nue au mari.

Les achats étant faits, la consommation du mariage
s'accomplit de la manière suivante :

Le père de l'épouse prend avec lui ses voisins. Les af-
famés, les coureurs de mariage, se joignent au cortège,
les femmes et les enfants accompagnent leur mari, leur