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Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine — Sér. 2,4=14.1870

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Villot, ...: Études algériennes
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https://doi.org/10.11588/diglit.14824#0447

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427 —

ménagère. Nous entendons, par cette expression, son
habileté dans la confection des divers ouvrages confiés
aux femmes. A trente, trente-cinq ans, vieille, décrépite,
délaissée, elle ne prend plus part à la vie commune;
c'est une créature déclassée, quelquefois entremetteuse,
un peu sorcière et toujours malheureuse.

Pourtant, dans cette société, la beauté impose sa loi
comme partout et peut-être plus qu'ailleurs, car l'indi-
gène ne connaît aucun de ces dérivatifs qui, dans nos
civilisations, servent de modérateurs aux passions, tels
que la pratique des arts, la lecture, les préoccupations
de la chose publique.

Les passions ont chez eux des explosions terribles.
Nous sommes chrétiens, et nous ne devinons pas ce que
la passion, libre de tout frein, peut enfanter de prodiges
et de monstres.

L'amour, c'est pour l'indigène la possession absolue,
sans conteste, en dépit d'obstacles qui nous paraîtraient
insurmontables. Il ne se pique pas de fidélité. Son épouse
ne sait que lui donner un plaisir facile. Ce qu'il lui faut,
c'est la délirante ivresse d'un amour criminel, qu'il ne
satisfait qu'en risquant sa vie ou celle de sa complice.

On dit qu'un indigène, à la recherche d'un âne qu'il
avait perdu, avisant un groupe d'oisifs expressivement
nommés semmecha (gens qui se chauffent au soleil), leur
demanda s'ils n'avaient pas vu son âne. Le plus vieux
s'adresse à ses compagnons et leur dit :

— Y a-t-il parmi vous quelqu'un qui, dans sa vie, ne
soit jamais allé le soir visiter sa belle, le poignard à la
main, auprès d'un mari jaloux?

— Moi, dit l'un d'eux.
 
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