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Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine — Sér. 2,4=14.1870

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Villot, ...: Études algériennes
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https://doi.org/10.11588/diglit.14824#0548

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— 528 —

i ils, aussi prétentieux, que leurs semblables de la vieille
Europe ; mais, moins heureux que ces derniers, ils ne
s'enrichissent guère.

Les sorcières sont de vieilles femmes, jadis femmes ga-
lantes et devenues entremetteuses lorsque l'âge a~glacé
leurs sens. Elles échappent à la misère et se vengent du
mépris, en s'enlourant d'une prestigieuse puissance que
leur accordent volontiers les pauvres et les humbles d'es-
prit, mais dont plaisante et rit la grande généralité des
indigènes.

Elles composent des breuvages pour faire avorter les
jeunes femmes, pour rendre les hommes impuissants,
pour augmenter la faculté génératrice des deux sexes, et
quelquefois des poisons pour débarrasser une jeune femme
d'un tyran jaloux ou d'une rivale délestée ; quelques-unes,
dans les villes particulièrement, essaient de hanter les
cimetières et d'entretenir des conciliabules avec les morts.
Singulière remembrance des temps passés ! les sorcières
de Thessalie et de Béolic allaient aussi le soir dans les
cimetières, et tentaient d'arracher à la nature le secret de
la vie et de la mort.

La femme est lente à abandonner les traditions du vieil
âge. Elle aime le merveilleux; elle ne veut pas admettre
que tout se classe, tout se définit, se décolore; il lui faut
quand même je ne sais quel reflet de poésie et d'espé-
rance. Quand les superstitions semblent oubliées, per-
dues, elles trouvent, dans l'imagination féminine, un re-
fuge, un secours inattendu; les légendes se transforment,
s'incarnent de nouveau, et nous apprenons à les bégayer
sur les genoux de nos mères.

Les jeteurs de sorts sont plus rares que les sorciers.
 
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