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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 1
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Devéria, Théodule: L' expression Màâ-Xerou
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0021
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L'expression màà-xerou.

13

«Et moi, dit Hermès, je donnerai à la nature humaine la sagesse, la tempérance, la persuasion 13
et la vérité».

Au point de vue purement mythologique, Osiris est encore le Dieu bon qui soumet les
puissances typhoniennes, par la simple expression de sa volonté. Il ne les détruit pas parce
qu'il ne saurait être destructeur et que, guidé par la Raison il les reconnaît nécessaires à l'équi-
libre du mouvement universel14. Il ne saurait agir par la violence : c'est pour cela que les
fonctions castigatrices sont réservées à d'autres divinités telles qu'Horus, qui participe de la
nature terrestre, c'est-à-dire des imperfections de la matière.

De tout cela, on peut déduire que dans les idées égyptiennes le Bien était le résultat
de la Force productive unie à la Raison.

Ces observations nous amènent aussi à conclure qu'aux Chapitres 1, 18, 19 et 20 du
TodtenbucTi, l'avantage assuré parThot à Osiris sur ses ennemis est tout simplement la persuasion.
C'est cette sagesse éloquente et persuasive qui donnait à sa parole une autorité suffisante pour
subjuguer tous les adversaires sans coup-férir. Cela est exprimé par les signes | màâ-xeru
«justice de la parole, droit de la parole, autorité de la parole.» C'est enfin la manifestation toute
puissante du Aoyoc, de la Raison, qui assure la supériorité du bien sur le mal.

Le sens que nous attribuons a cette expression composée, employée soit comme sub-
stantif, soit comme adjectif, soit comme verbe uni à son complément, convient à tous les passages
où l'ancienne interprétation ne donne qu'un sens obscur et inadmissible.

En voici quelques exemples. Mais l'idée égyptienne ne pouvant être rendue en français
qu'au moyen de périphrases, le lecteur devra suppléer lui-même à l'imperfection de nos traduc-
tions approximatives.

Mr. E. Lefébure, dans son excellent travail sur le chapitre 15 du Todtenbuch, est
visiblement embarrassé par le sens d'un passage qu'il traduit: «le fidèle des deux Justices dans
Tà-ser, justifié comme Kheprw, père des Dieux».

Khepra n'étant pas Osiris, l'auteur tourne la difficulté sans la résoudre en disant que
«l'idée du Dieu justifié est bien égyptienne, car le chapitre 39 mentionne la justification de Râ
contre Apap (1. 1 5).»

Or dans le premier exemple je lis : (le fidèle des deux Justices dans Tà-doser)

i\ S\ ^ cq cq cq

«persuasif15 comme Xepra, père des dieux».
L'autre passage est ainsi conçu :

0

^ y

Le cycle des dieux tremble à l'autorité de la parole de Râ contre Apophis 10.
Cette interprétation est confirmée par les paroles que prononce le défunt au commen-
cement du même chapitre : «arrière toi, retourne t'en, Apophis, plonge dans la profondeur de
l'Abyme, au lieu où ton père a ordonné de faire tes blessures et au-dessus duquel est le lieu de

13) Par «persuasion» nous devons entendre non la conviction, mais l'art de persuader à l'aide de la
sagesse et de la vérité. 14) V. Plutarque, Traité d'Isis et d'Osiris, ch. 40, 41, etc.

15) Litt. «dont la parole fait autorité» ou «dont la parole fait loi comme celle de Xepra, père de dieux».

10) Toât. 39,15. C'est l'expression de la crainte des dieux devant la toute-puissance de la parole du
Soleil, qui confond Apophis par la seule manifestation de sa volonté, comme on le voit au «Livre de ce qui est
dans l'hémisphère inférieur».
 
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