Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0091

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Des deux yeux du disque solaire.

79

le Rituel, devenu pour nous source principale par la perte presque complète des autres textes
religieux, parle fréquemment, il est vrai, des yeux d'Horus. Sa préférence pour le dieu type
de résurrection se justifie sans peine; néanmoins il nomme les yeux de Eâ, et même fait voir
qu'Horus reçoit les yeux de son père Râ. Il n'avait pas à s'occuper de Chnum, d'Ammon,
divinités qui lui sont à peu près inconnues, dont les hymnes citent les yeux. L'ensemble des
textes démontre qu'Horus, comme Chnum, Ammon, Tum, Râ, comme tout dieu, possède les
yeux du Soleil en tant que forme du SoleilObservation qui nous invite à chercher
dans le mythe du Soleil le sens allégorique de ses yeux. Il faudrait, pour la défense du
système que je crois devoir combattre, imaginer d'abord une qualification d'un dieu-ciel restée
attachée à son nom, Horus ou tout autre, lorsque ce nom aurait fini par prendre le sens de Soleil.
Cette qualification, d'un emploi dès lors si singulier, étendue par la suite à tous les dieux solaires,
aurait encore inspiré aux prêtres la série si riche des formules dont l'expression Horus muni de
ses deux yeux fait partie, et tant de passages incompréhensibles sur les yeux du Soleil. L'in-
vraisemblance de telles suppositions éclate : l'explication purement préhistorique ne convient pas
à de nombreuses formules ; on ne saurait, en plaçant le bon sens aux origines préhistoriques, faire
admettre la divagation aux siècles cultivés. Les prêtres, adorateurs du Soleil, n'ayant pas réussi
à faire oublier une expression dépouillée de sens à leur époque, on ne comprendrait toujours pas
qu'ils en eussent créé une foule de semblables imprimant à leurs œuvres un caractère d'incroyable
absurdité. Car comment juger le tableau si souvent répété, si volontiers repris et varié par les
scribes, d'un Soleil qui, traversant le ciel, éclaire la double terre par ses deux yeux pendant
le courant du jour, si ces deux yeux signifiaient le Soleil et la Lune? Pour comprendre
les textes il faut, avec eux, prendre dans le mythe du Soleil le symbolisme de ses yeux.

M. Lefkbure, avec raison, estime peu naturelle l'idée du Soleil et de la Lune yeux du
Soleil, ce qui le persuade d'en chercher l'explication en dehors du mythe solaire2. L'idée resterait
inexplicable puisque, on le voit, l'éclaircissement imaginé par un savant aussi ingénieux ne con-
viendrait qu'à l'hypothèse, contredite par les faits, d'une formule archaïque et isolée, primitive-
ment applicable au seul Horus. Heureusement, rien n'est à expliquer, le problème n'existe pas.
Aucun texte n'enseigne que le Soleil et la Lune soient les yeux du disque personnifié, comme il
le faudrait pourtant pour qu'on fût en droit d'imputer aux Egyptiens une image aussi monstrueuse.
Si des hymnes, assez rares, et tous panthéistiques, assimilent le Soleil et la Lune à des yeux
divins, ils s'adressent à des divinités très-diverses3. Déjà ressort de cette circonstance ce que l'ana-
lyse de ces hymnes confirme: que la qualité d'ayant pour yeux les astres éclaireurs du jour et de
la nuit, loin de rentrer dans le partage d'une forme divine spéciale, constitue, à l'égal des qualités
d'âme divine, de père des dieux, etc., un attribut de la Divinité égyptienne sous quelque apparence
que le Dieu unique se révèle, sous quelque appellation que le prêtre le reconnaisse et le
proclame. Un dieu quelconque du Panthéon s'acquitte de la fonction d'éclairer le jour et la
nuit avec ses deux yeux, comme il donne, l'air, avec ses narines, l'eau fécondatrice, avec
l'humidité de sa propre substance: en tant que cachant en soi l'Être suprême, l'invisible

1) S'ils semblent appartenir plus particulièrement à quelque forme, c'est à Râ, le père de toutes
les divinités solaires et l'expression la plus générale du Soleil. — La face d'Horus est aussi la face du Soleil,
et, à ce titre, elle est double: cf. p. 77; 83-, 85, n. 11.

2) Yeux cVHorus, p. 96.

3) l'as plus que les yeux solaires du Midi et du Nord, les yeux divins (le Soleil et la Lune) ne sont
propres à Horus. — Ces hymnes sont étrangers au Rituel.

11
 
Annotationen