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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 3
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0135

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Des deux yeux du disque solaiee.

119

Les remarques suivantes se rapportent plus particulièrement à l'époque des monuments
du moyen empire, temps ou l'unité est faite depuis longtemps. La mythologie est devenue un
vaste drame qu'on définirait très bien le drame solaire.

On observe que les divinités quelle que soit leur origine, viennent se rattacher
à la forme du Soleil. D'ingénieuses interprétations relient à son culte les cultes les plus
disparates, celui du Nil, celui de la Lune. La large place faite au dieu Soleil frappe
moins que sa force d'attraction et d'absorption. Dieux, mythes, symboles, cultes, tout s'y
rattache, en dépend.

Au degré marqué par les testes, la plupart des dieux sont fondus dans la forme
solaire; ainsi de Chem, d'Horus, de Sebek, de Mentu, de tant de divinités dont l'origine
réelle semble impénétrable2. D'autres, comme Auh, la Lune, Hàpi, le Nil, divinités dont l'in-
dividualité, trop frappante pour être oubliée aussi absolument, a fait survivre le culte et les
fêtes particulières, qu'on célèbre à la crue du fleuve et à la pleine Lune, prêtent leurs fêtes,
leurs cultes, leurs mythes, au dieu Soleil3. Quelques-unes enfin, peu nombreuses, que le culte
paraît avoir négligées, mais que la mythologie connaît encore avec leurs figures étrangères,
n'ont survécu qu'en entrant, par l'adoption, dans la famille solaire. Tels Totanen, Nu, Seb.
Le dieu subsiste, qui a été adopté par elle ; en faire partie semble sa raison d'être.

Après les figures divines, étudions l'expression de l'idée d'unité. Les textes, conséquents
avec le développement historique, qui vient d'être signalé, n'identifient pas le Soleil avec les
dieux, mais les dieux avec le Soleil. Ils se confondent en lui et par lui ; tous se rejoignent
par l'intermédiaire de ce dieu, leur centre commun.

Le rôle du Soleil dans l'immense évolution accomplie depuis la période où durent
coexister, indépendants, des dieux Soleil, Nil, Terre (Seb), Espace (Nu), Lune etc., jusqu'à
l'âge des monuments, où le prêtre monothéiste veut y voir les demeures (^~~^) d'un être
unique et invisible, est sensible. Le culte de la plus populaire des divinités, le Soleil, régent
de la création, roi, au ciel, sur la terre, dans les enfers, éclipsa les autres. Sa suprématie
favorisait la thèse du monothéisme, Commencé sans doute par l'instinct populaire, le mouvement
fut poursuivi certainement par la systématisation savante des scribes sacerdotaux. L'absorption
des dieux par le Soleil devint une conséquence et un signe de l'unité divine.

Cependant leur absorption n'est pas complète. Sur un certain nombre, le Soleil
n'exerce encore qu'une attraction plus ou moins puissante, Tout en lui prêtant leurs cultes,
comme le Nil, en venant prendre place dans ses mythes, comme Seb, qui intervient pour
le charger du gouvernement de la double terre, il en est qui conservent leur originalité
native, Identifié avec Osiris, Hapi n'a pas cessé de représenter le Nil nourricier. Jusqu'à la
dernière époque, les herbes croissent sur le dos de Seb, quoique, père d'Osiris, à qui il lègue
l'héritage du Monde terrestre, il fasse renouveler les naissances solaires. Avec lui, Nu et
Totanen, figures vieillies, conservent leurs traits distinctifs, parmi le peuple innombrable des

1) Je ne parle ici que des grands dieux.

2) On peut conjecturer pour plusieurs d'entre eux qu'ils ont représenté le Soleil en des localités
diverses, avec quelques différences dans les traits du dieu.

3) Pendant les fêtes de la Lune et du Nil, c'était toujours le Soleil qu'on adorait. Osiris fécondant prend
la forme de dieu Nil, et le Soleil renaissant est un dieu Lune, la Lune offrant le symbole des renaissances.
V. infra, § V.
 
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