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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 20.1898

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Naville, Edouard: Les dernières lignes de la stèle mentionnant les Israélites
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12427#0047
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consiste uniquement en esclaves au nombre de 2,507 sans compter les femmes et les
enfants, lamnia avait un port à l'embouchure de ce qui est maintenant le Nahr Rubin
et la localité d'Iabnel qui a succédé à lamnia est renommée pour sa richesse et sa
fertilité.

Kanaan est donc réduit à l'impuissance, parce qu'Askalon et Ghezer se font la
guerre : « lamnia est comme n'existant plus; Israël est détruit, il n'a plus de postérité
et la Syrie est comme les veuves d'Égypte1. » Il y a dans cette dernière phrase un jeu
de mots sur ^^j^"^^' comme les Égyptiens les aimaient beaucoup, même dans les
textes religieux. Avec cela il y a une sorte de parallélisme dans la métaphore. Si Israël
est un homme mort sans postérité, la Syrie est une veuve, elle est veuve peut-être du
fait de la mort d'Israël; car je suis disposé à croire que, pour les Égyptiens, l'Israélite
devait être un ^^^Jga> (j( "j.

« Tous les pays sans exception (litt. : « la somme de tous les pays ») sont en paix;
[car] quiconque se mettait en mouvement a été châtié par le roi Mënephtah. » Il y a là
une expression consacrée; le roi prétend se vanter des mêmes succès que son glorieux
prédécesseur Thoutmès III, qui, pour bien constater son triomphe définitif sur les
envahisseurs, bâtit une ville appelée r-ngjj ^\ ^fNyx/1 •

La stèle est un morceau poétique; par conséquent, nous ne devons pas nous attendre
à y trouver des faits historiques précis, ni surtout des détails. Il me semble cependant
que ces quelques phrases sont susceptibles d'une interprétation un peu différente de
celle qu'on leur a donnée jusqu'ici. Les localités qui sont nommées dans la stèle avant
Israël sont dans le Sud de la Palestine, et rien ne nous indique qu'il y ait eu conflit
entre ces villes et l'Egypte. On nous dit simplement qu'elles sont occupées à s'entre-
déchirer, qu'ainsi Kanaan est prisonnier de tous les maux qui l'accablent. La région
voisine de l'Égypte, celle qui aurait pu être menaçante est incapable de faire quoi
que ce soit, parce qu'elle est en proie au désordre. Rien ne nous dit que ce soit le roi
d'Égypte qui ait causé ces malheurs. S'ils étaient dus aux succès de ses armes, on ne
manquerait pas de le faire sonner bien haut.

Kanaan est encore sous Ménephtah dans un état analogue â celui que nous décrivent
les tablettes de Tell el-Amarna où l'on voit que les villes de la Syrie et de la Palestine
sont toujours en guerre les unes contre les autres. Pour ne citer que les villes men-
tionnées ici : Abd Ijiba de Jérusalem écrit que Ghezer, Askalon et Lakisch sont liguées
contre lui (180, éd. Winckler), et pourtant Iitia d'Askalon (213) se plaint de ne pouvoir
protéger seul la ville et demande du secours. Quant à Ghezer, une fois Lapaia voudrait
l'occuper (163); ailleurs le gouverneur Iapahi supplie qu'on lui envoie du secours contre
les Habiri et les Suti (204, 206). Cela nous montre un état de guerre incessant; chaque
ville avait sesjnoments de triomphe auxquels succédait la défaite et l'humiliation; et
s'il en était ainsi lorsqu'un grand nombre de ces villes reconnaissaient encore la suze-
raineté du roi (d'Égypte, lorsque les gouverneurs rivalisaient de zèle pour envoyer à

1. Le mot ceuce indique un état de misère et de complet dénuement; car tin plaignant aux abois exhale
son désespoir en disant : « Je suis devenu comme une veuve » (Spikgelberg, Rechtswesen, p. 49).
 
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