84 G. JÉQUIER. [2]
matériaux; enfin, dans le haut de la cuve, la garniture en nervures de palmes, pro-
totype de la gorge égyptienne, qui se trouve encore aujourd'hui en Egypte, au haut
des murs en terre des jardins, comme défense contre l'escalade W.
Une question se pose à propos des murailles : la maison primitive avait-elle des
fenêtres? peut-on considérer comme telles les petits carrés qui sont figurés en creux
au-dessus des retraits verticaux et ornés du motif ornemental de deux papyrus re-
courbés et adossés? Il n'est pas possible de répondre affirmativement avec certitude;
si tel était le cas, et si ces carrés représentaient réellement des trous traversant la
muraille, il ne s'agirait pas à proprement parler de fenêtres, mais plutôt de petites
ouvertures masquées par une sorte de moucharabieh en bois, et donnant un peu de
lumière dans la pièce, en même temps qu'elles facilitaient l'aération. Ceci n'est qu'une
hypothèse, mais la seule qui permette d'attribuer un rôle pratique à cet élément
encore inexpliqué de la décoration égyptienne.
La couverture était en voûte, ainsi qu'on pouvait s'y attendre pour un édifice en
briques crues, dans un pays où les bois de charpente sont peu abondants; les sarco-
phages ne laissent aucun doute à ce sujet, et c'est même ce genre de toiture qui donne
à leurs couvercles cet aspect si caractéristique dont on n'a pas encore, jusqu'ici, donné
la solution, la dalle bombée terminée à chaque extrémité par une pièce rectangulaire.
r
Cette voûte était construite suivant un système très répandu en Egypte sous l'An-
cien Empire^, encore en usage en Orient^, qui est de beaucoup le plus pratique
quand on ne dispose que de matériaux de petites dimensions, et qui présente en outre
le grand avantage de ne pas nécessiter de cintre. Pour établir une voûte de ce
genre on surélève d'abord les deux murs des petits côtés de la salle à couvrir,
ceux qui sont destinés à servir de pignons, puis l'on trace à l'intérieur de ceux-ci le
profil de la courbe, au moyen d'un simbleau; on commence la voûte en posant sur
chacun des pieds-droits une brique appuyée obliquement contre le pignon, on place
sur celle-ci d'autres briques qui forment des lits obliques toujours plus longs jusqu'au
moment où ils se rejoignent de manière à former la première tranche du berceau;
celui-ci s'allonge progressivement, chaque lit de briques s'appuyant sur le précédent.
Le travail peut se faire dans un seul sens, ou commencer par les deux extrémités à
la fois, avec appui sur les deux pignons et raccord au centre*5).
(1) Le tore classique, qui encadre tous les grands monuments du Nouvel Empire, et qui reproduit aussi
un élément de l'architecture de terre ou de briques, destiné à protéger les angles, est assez rare sous l'An-
.cien Empire, et ne se rencontre pas dans les sarcophages, sauf dans celui de Mycérinus, qui a très probable-
ment été remanié, sinon refait, à une époque postérieure.
(2) Garstang, The ihird eg. Dynasly, p. 09 et pl. XIV; Pétrie, Dendereh, p. g, pl. II; Barsanti, Annales
du Service, I, p. i52; Sciiafer, Priesiergrâber, p. h-5, etc.
(3) En particulier en Susiane.
(4) Gqoisy, L'art de bâtir chez les Egyptiens, p. h8.
(5) C'est de celte façon qu'on travaille généralement en Perse, où deux maçons arrivent facilement à cou-
vrir en une journée une pièce de 3 mètres sur 6.
matériaux; enfin, dans le haut de la cuve, la garniture en nervures de palmes, pro-
totype de la gorge égyptienne, qui se trouve encore aujourd'hui en Egypte, au haut
des murs en terre des jardins, comme défense contre l'escalade W.
Une question se pose à propos des murailles : la maison primitive avait-elle des
fenêtres? peut-on considérer comme telles les petits carrés qui sont figurés en creux
au-dessus des retraits verticaux et ornés du motif ornemental de deux papyrus re-
courbés et adossés? Il n'est pas possible de répondre affirmativement avec certitude;
si tel était le cas, et si ces carrés représentaient réellement des trous traversant la
muraille, il ne s'agirait pas à proprement parler de fenêtres, mais plutôt de petites
ouvertures masquées par une sorte de moucharabieh en bois, et donnant un peu de
lumière dans la pièce, en même temps qu'elles facilitaient l'aération. Ceci n'est qu'une
hypothèse, mais la seule qui permette d'attribuer un rôle pratique à cet élément
encore inexpliqué de la décoration égyptienne.
La couverture était en voûte, ainsi qu'on pouvait s'y attendre pour un édifice en
briques crues, dans un pays où les bois de charpente sont peu abondants; les sarco-
phages ne laissent aucun doute à ce sujet, et c'est même ce genre de toiture qui donne
à leurs couvercles cet aspect si caractéristique dont on n'a pas encore, jusqu'ici, donné
la solution, la dalle bombée terminée à chaque extrémité par une pièce rectangulaire.
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Cette voûte était construite suivant un système très répandu en Egypte sous l'An-
cien Empire^, encore en usage en Orient^, qui est de beaucoup le plus pratique
quand on ne dispose que de matériaux de petites dimensions, et qui présente en outre
le grand avantage de ne pas nécessiter de cintre. Pour établir une voûte de ce
genre on surélève d'abord les deux murs des petits côtés de la salle à couvrir,
ceux qui sont destinés à servir de pignons, puis l'on trace à l'intérieur de ceux-ci le
profil de la courbe, au moyen d'un simbleau; on commence la voûte en posant sur
chacun des pieds-droits une brique appuyée obliquement contre le pignon, on place
sur celle-ci d'autres briques qui forment des lits obliques toujours plus longs jusqu'au
moment où ils se rejoignent de manière à former la première tranche du berceau;
celui-ci s'allonge progressivement, chaque lit de briques s'appuyant sur le précédent.
Le travail peut se faire dans un seul sens, ou commencer par les deux extrémités à
la fois, avec appui sur les deux pignons et raccord au centre*5).
(1) Le tore classique, qui encadre tous les grands monuments du Nouvel Empire, et qui reproduit aussi
un élément de l'architecture de terre ou de briques, destiné à protéger les angles, est assez rare sous l'An-
.cien Empire, et ne se rencontre pas dans les sarcophages, sauf dans celui de Mycérinus, qui a très probable-
ment été remanié, sinon refait, à une époque postérieure.
(2) Garstang, The ihird eg. Dynasly, p. 09 et pl. XIV; Pétrie, Dendereh, p. g, pl. II; Barsanti, Annales
du Service, I, p. i52; Sciiafer, Priesiergrâber, p. h-5, etc.
(3) En particulier en Susiane.
(4) Gqoisy, L'art de bâtir chez les Egyptiens, p. h8.
(5) C'est de celte façon qu'on travaille généralement en Perse, où deux maçons arrivent facilement à cou-
vrir en une journée une pièce de 3 mètres sur 6.