LA VIE DANS LES MUSÉES
l’éloge, de relever ses imperfections. On doit lui reprocher surtout le développement exagéré
des chairs sous le maxillaire inférieur. Il est indéniable que ce développement, accentué
d’ailleurs par la cassure du menton, alourdit sensiblement le profil. En la matière, cepen-
dant, il convient de se garder d’une excessive sévérité qui risquerait d’être injuste. En effet,
on doit attribuer, en grande partie, à la seule cassure du menton l’impression désagréable
qui se dégage sans aucun doute des proportions anormales de la région sous-maxillaire.
Il est incontestable qu’en restituant par la pensée le menton de la jeune princesse, on sup-
primerait en même temps, et cela d’autant plus complètement que ce menton, d’après les
conventions de l’art amarnien, devrait être plus proéminent, l’alourdissement que présente la
partie inférieure du visage. Le profil, ainsi allégé, rappellerait sans doute celui des jeunes
princesses représentées sur une célèbre peinture murale reproduite autrefois par Davies (i).
On doit convenir, d’ailleurs, que ce profil n’apparaît qu’exceptionnellement dans les œuvres
amarniennes.
La tête verte du Louvre, dont il a été question plus haut, provient, d’après
Bénédite, d’une statuette mutilée dès l’antiquité. L’auteur, pour justifier son affirmation,
se fonde principalement sur la matière de l’objet, une pierre dure qui n’aurait pu
convenir à une esquisse,
et sur la cassure qui sec-
tionne irrégulièrement le
cou. Le cas de la nouvelle
acquisition du Louvre est
tout différent : en effet,
l’objet est en calcaire et
le cou ne présente pas de
cassure irrégulière. On
doit donc le tenir pour un
modèle d’atelier plutôt que
pour une tête de statuette.
On sait que ces modèles
amarniens ne sont pas
rares et que Borchardt, qui
dirigeait, avant 1914, les
fouilles allemandes sur le
site d’Amarna, a mis au jour
(1) Cette peinture murale fut
ensuite reproduite plusieurs fois, et
en particulier par Capart dans
Les Arts graphiques.
Peinture murale indiquant les déformations caractéristiques
du profil dans l’art amarnien.
(D’après Capart, Les Arts graphiques, pl. 547.)
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l’éloge, de relever ses imperfections. On doit lui reprocher surtout le développement exagéré
des chairs sous le maxillaire inférieur. Il est indéniable que ce développement, accentué
d’ailleurs par la cassure du menton, alourdit sensiblement le profil. En la matière, cepen-
dant, il convient de se garder d’une excessive sévérité qui risquerait d’être injuste. En effet,
on doit attribuer, en grande partie, à la seule cassure du menton l’impression désagréable
qui se dégage sans aucun doute des proportions anormales de la région sous-maxillaire.
Il est incontestable qu’en restituant par la pensée le menton de la jeune princesse, on sup-
primerait en même temps, et cela d’autant plus complètement que ce menton, d’après les
conventions de l’art amarnien, devrait être plus proéminent, l’alourdissement que présente la
partie inférieure du visage. Le profil, ainsi allégé, rappellerait sans doute celui des jeunes
princesses représentées sur une célèbre peinture murale reproduite autrefois par Davies (i).
On doit convenir, d’ailleurs, que ce profil n’apparaît qu’exceptionnellement dans les œuvres
amarniennes.
La tête verte du Louvre, dont il a été question plus haut, provient, d’après
Bénédite, d’une statuette mutilée dès l’antiquité. L’auteur, pour justifier son affirmation,
se fonde principalement sur la matière de l’objet, une pierre dure qui n’aurait pu
convenir à une esquisse,
et sur la cassure qui sec-
tionne irrégulièrement le
cou. Le cas de la nouvelle
acquisition du Louvre est
tout différent : en effet,
l’objet est en calcaire et
le cou ne présente pas de
cassure irrégulière. On
doit donc le tenir pour un
modèle d’atelier plutôt que
pour une tête de statuette.
On sait que ces modèles
amarniens ne sont pas
rares et que Borchardt, qui
dirigeait, avant 1914, les
fouilles allemandes sur le
site d’Amarna, a mis au jour
(1) Cette peinture murale fut
ensuite reproduite plusieurs fois, et
en particulier par Capart dans
Les Arts graphiques.
Peinture murale indiquant les déformations caractéristiques
du profil dans l’art amarnien.
(D’après Capart, Les Arts graphiques, pl. 547.)
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