Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue des beaux-arts de France: Periodica — Nr. 7-9.1943/​1944

DOI Heft:
Nr. 7 (Octobre-Novembre 1943)
DOI Artikel:
La vie dans les musées
DOI Artikel:
Salles, Georges: Les récentes acquisitions du Musée Guimet
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.48496#0029

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
AU MUSÉE GUIMET

III. Deux feuilles d’album (0,225 X 0,22), école Tosa, Japon, xvne siècle. — L’école
de peinture Tosa est une forme évoluée de la grande école dite du Yamato-e (Yamato est le
nom d’une province qui est en quelque sorte l’Ile-de-France du Japon), par opposition à
l’école Kara-e, laquelle désigne la peinture faite à l’instar de la Chine. En pleine vigueur dès le
xme siècle, puis en décadence à la fin du xve siècle et surtout au xvie siècle, cette manière
de peindre proprement japonaise connut un renouveau avec les artistes Tosa du xvne siècle.
Les deux feuillets que nous publions représentent des scènes d’intérieur : sur l’un,
trois personnages sont assis à la japonaise, c’est-à-
dire sur les talons, à même le tatami, sol de paille
tressée qui garnit les pièces d’habitation. L’un des
personnages est un religieux au crâne rasé, les deux
autres portent la haute coiffure nommée eboshi.
Le second feuillet montre un jeune seigneur
qui gratte avec le plectre les cordes d’une biwa,
penché vers une jeune femme qui l’écoute à demi
couchée, tandis qu’une autre jeune femme est aper-
çue de dos sur le balcon de bois. Les stores, ici
levés, font communiquer la maison avec le jardin
fleuri, alors que sur l’autre peinture, le jardin avec
ses fleurs, son pont, ses arbres, est aperçu à tra-
vers le voile transparent des stores abaissés.
Sur les deux feuillets, la composition obéit
aux mêmes règles : disposition axée en diagonale
du coin droit d’en bas au coin gauche d’en haut. Vue
plongeante et de biais, grâce à la convention dite du toit enlevé (yane nuki), qui permet de
présenter les intérieurs de maison comme ceux d’une boîte dont on aurait enlevé le couvercle.
Des traînées de nuages, ici dorés et gaufrés, rompent la rigidité des lignes architecturales.
Les sujets traités par cette école reproduisent toujours la vie japonaise: scènes de cour, de
rue ou de campagne, scènes historiques, religieuses, légendaires ou simplement romanesques.
Un des livres qui a fourni aux artistes la plus riche matière à illustration fut écrit
vers l’an 1000 par une femme de la cour Murasaki no Shikibu, qui dans le célèbre roman
Genji Monogatari conte la vie galante et sensible du jeune prince Genji. Peut-être les scènes
de nos peintures sont-elles inspirées par cette histoire.
Elles présentent en tout cas par le style de grandes analogies avec les plus anciennes
illustrations de ce livre, illustrations qui datent de la fin du xne siècle. On y voit, comme ici,
le parti que les Japonais ont su tirer du spectacle d’une société raffinée, aux vêtements somp-
tueux, aux attitudes presque rituelles, placés dans un décor à la fois simple et précieux, pavil-
lons de bois léger aux parois de papier tout ouvertes sur les jardins. Agrandissons par la

Feuille d’album, École Tosa
(Japon, xvne siècle).


21
 
Annotationen