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Revue des beaux-arts de France: Periodica — Nr. 7-9.1943/​1944

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Nr. 7 (Octobre-Novembre 1943)
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La vie dans les musées
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Salles, Georges: Les récentes acquisitions du Musée Guimet
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https://doi.org/10.11588/diglit.48496#0030

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LA VIE DANS LES MUSÉES

pensée nos feuilles d’album, elles deviendront de gracieux paravents. Réduisons-les aux
dimensions d’un objet, elles joueront en laque d’or sur le pourtour d’une boîte. Le parti
de l’artiste Tosa auteur de nos peintures est le même que celui du premier illustrateur du
Genji Monogatari : c’est un parti essentiellement décoratif propre à l’imagination japonaise.

IV. Peinture monochrome à l'encre, école Kano, Japon, xvie siècle. — Tandis que le style
de l’école Tosa est proprement indigène, celui de l’école Kano témoigne de l’influence de
la Chine. Le fondateur de cette école : Kano Masanobu, qui vivait à la fin du xve siècle, et
surtout son fils Kano Motonobu (1476-1559), qui en fut le véritable créateur, cherchèrent
leur inspiration et leur métier chez les maîtres chinois de l’époque Ming. Leur école qui,
comme la plupart des écoles japonaises, se recruta presque exclusivement parmi les membres
d’une même famille, tint pendant trois siècles une place quasi officielle, ce qui en tarit rapide-
ment l’inspiration sans toutefois en ralentir la production, qui dure encore aujourd’hui.
La facture est très large et, par sa valeur calligraphique, d’un grand effet décoratif.
Sur notre peinture, le trait vigoureusement rythmé dessine des robes aux plis amples et se
termine presque toujours par un crochet qui fait ressort, procédé familier aux artistes Kano.
Les forts encrages des vêtements contrastent avec le dessin délicat des visages et des
mains, qui, traités en grisaille, baignent dans une autre lumière, phosphorescente et nerveuse.
Le sujet est un de ces sujets symboliques familiers à l’esprit chinois : « les trois
goûteurs de vinaigre ». Trois vieillards, qui sont le célèbre poète et homme d’Etat du
xie siècle Sou Tong-p’o et deux de ses compagnons, dont un bonze, trempent un
doigt dans la jarre pour en goûter le contenu. Ils font une grimace qui a souvent
exercé la verve des artistes. Mais ceci n’est que l’anecdote. L’imagination populaire,
surtout au Japon, en a tiré un enseignement qui la dépasse singulièrement : les person-
nages deviennent les représentants des trois doctrines qui se partagent la croyance
des Extrême-Orientaux : Taoïsme, Confucianisme et Bouddhisme. Nous les voyons là
puiser à la. même source et ainsi témoigner, malgré leurs divergences, de leur profonde unité.

Notre peinture porte
ment mutilée, et un cachet. On y
que deux ou trois caractères qui
liste ; enfin subsistent deux ca-
qui signifie que cette œuvre a été
de 76 ans. Quant au cachet, qui
(hou à couvercle), il sera aisé-
circonstances nous permet-
toires de cachets qui se trou-
Jusqu’à plus ample in-
cause de son style, à la


une signature, malheureuse-
litd’abord :«Kano»,puisilman-
auraient donné le nom de l’ar-
ractères qui disent : 76 ans. Ce
exécutée par son auteur à l’âge
représente un vase rituel chinois
ment identifiable lorsque les
tront de consulter les réper-
vent au Japon.
formé nous l’attribuerons, à
deuxième moitié du xvxe siècle.

Peinture monochrome à l’encre.
École Kano (Japon, xvre siècle).

Georges SALLES,
Conservateur du Musée Guimet.

Z2.
 
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