PORTRAIT D’ARTISTE
le cantique des créatures et ces hymnes d’amour et de foi que sont les Fioretti. Sa peinture
religieuse n’est pas une composition mathématique comme celle des Bénédictins de Beuron
ou de son ami Dom Verkade,
elle est une peinture qui sait
parler au cœur. Ses bleus
céruléens, ses mauves atten-
dris, ses verts sans aigreur,
ses rouges sans brutalité an-
noncent aux yeux les émo-
tions de l’âme.
Denis professait avec
Poussin que l’objet de l’art
est la délectation. Il est dans
la peinture une chaste vo-
beaux mouvements, les belles
couleurs nous la peuvent
procurer. Pour nous Nausi-
caa joue sur la grève, pour
nous danseuses et musiciens
s’unissent aux frises du
théâtre des Champs-Elysées;
pour notre plaisir s’ordon-
nent les cyprès de Monte
Oliveto, se mirent dans le lac
les îles Borromées, se dressent
les tours de Sienne ou la
flèche de la Clarté. Si dési-
reux qu’il ait été d’inclure en
ses tableaux pensée et senti-
ment, Maurice Denis n’ou-
blie pas que la peinture est
avant tout peinture. Il n’igno-
rait rien des techniques pas-
sées, il était curieux de tous les procédés. Combien de fois en son atelier ou dans les
musées n’avons-nous pas longuement parlé de tous les moyens employés par les peintres
anciens ! Je me souviens des exclamations qu’il poussait devant les fresques de la Sixtine,
lorsque, profitant d’un échafaudage, nous pûmes voir de près toutes les touches de Mi-
lupté : les belles formes, les
(Photo Vizzavona.)
Maurice Denis. — Fresque du chœur de l’église du Saint-Esprit.
7°
le cantique des créatures et ces hymnes d’amour et de foi que sont les Fioretti. Sa peinture
religieuse n’est pas une composition mathématique comme celle des Bénédictins de Beuron
ou de son ami Dom Verkade,
elle est une peinture qui sait
parler au cœur. Ses bleus
céruléens, ses mauves atten-
dris, ses verts sans aigreur,
ses rouges sans brutalité an-
noncent aux yeux les émo-
tions de l’âme.
Denis professait avec
Poussin que l’objet de l’art
est la délectation. Il est dans
la peinture une chaste vo-
beaux mouvements, les belles
couleurs nous la peuvent
procurer. Pour nous Nausi-
caa joue sur la grève, pour
nous danseuses et musiciens
s’unissent aux frises du
théâtre des Champs-Elysées;
pour notre plaisir s’ordon-
nent les cyprès de Monte
Oliveto, se mirent dans le lac
les îles Borromées, se dressent
les tours de Sienne ou la
flèche de la Clarté. Si dési-
reux qu’il ait été d’inclure en
ses tableaux pensée et senti-
ment, Maurice Denis n’ou-
blie pas que la peinture est
avant tout peinture. Il n’igno-
rait rien des techniques pas-
sées, il était curieux de tous les procédés. Combien de fois en son atelier ou dans les
musées n’avons-nous pas longuement parlé de tous les moyens employés par les peintres
anciens ! Je me souviens des exclamations qu’il poussait devant les fresques de la Sixtine,
lorsque, profitant d’un échafaudage, nous pûmes voir de près toutes les touches de Mi-
lupté : les belles formes, les
(Photo Vizzavona.)
Maurice Denis. — Fresque du chœur de l’église du Saint-Esprit.
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