Revue des beaux-arts de France: Periodica (Nr. 7-9.1943/1944)

LE SOULIER DE SATIN ”
Satin est une sorte d’aboutissement. Tête T or, Partage
de Midi, FAnnonce faite à Marie, Christophe Colomb,
œuvres si différentes les unes des autres, se rattachent
néanmoins toutes au Soulier de Satin. Toutes y adhèrent
à leur manière.
Se jeter à corps et à cœur perdu dans Le Soulier
de Satin, c’était donc plonger d’un seul coup dans
l’œuvre entière de Paul Claudel. C’était là, la première
tentation.
2° Du même coup, par sa forme, Le Soulier de
Satin posait beaucoup plus de problèmes que les autres
œuvres et ces problèmes coïncidaient précisément avec
ceux que je me pose constamment sur la forme de
notre art.
En dehors de toute considération de fond. Le
Soulier de Satin, par sa forme d’expression même, repré-
sentait pour moi une espèce de manifeste de théâtre,
un premier acheminement véritable vers ce que nous
appelons entre « militants de théâtre » le théâtre complet,
dont la place dans la gamme des genres pourrait se
dernières années et l’opéra. C’était là, la deuxième ten-
tation.
3° Par ailleurs la grandeur du sujet, la qua-
lité du verbe, la présence, assez exceptionnelle pour
une œuvre française, de l’humour (côté shakespearien
de Paul Claudel) et quantité d’autres affinités plus per-
sonnelles, toutes ces raisons m’avaient en définitive
imposé Le Soulier de Satin.
*
* *
Jusqu’à ces dernières années j’avais surtout étu-
dié la partie plastique de notre art. J’avais beaucoup
travaillé l’expression corporelle, autrement dit l’art du
geste. J’avais eu déjà l’occasion, dans des spectacles
antérieurs, de développer cette expression corporelle,
cet art du geste, et aussi la joie de constater son impor-
tance et son extrême force dramatique. L’élément aqua-
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(Photo Debretagne.)
Costume du ]/7«-Ro/ de Naples.
Maquette de Lucien Coutaud.


(Photo Debretagne.)


Costume de Doua Prduhè^e.
Maquette de Lucien Coutaud.