Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 1.1880

DOI Heft:
Nr. 2-3
DOI Artikel:
Revillout, Eugène: Premier extrait de la chronique de Paris: le roi Amasis et les mercenaires, selon les données d'Hérodote et les renseignements de la chronique
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10048#0098
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
80

Eugène Kevillout.

« Il agit. — Tu agis ! — Il vainct. — Tu vaincs ! — Car Dieu fera pour toi comme
» les choses que tu dis. — Tu donnes la victoire à ton cœur. — Mais il vaincra encore plus ! »

«Apis! Apis! Apis! — C'est-à-dire Ptah, Pra, Horsiesi! — Ce sont eux qui sont les
» maîtres de la puissance suprême! — Tu les oublies('?). — Tu comptes acquérir encore des
» biens. — Mais ce sont ces trois Apis répétés plus haut, — c'est-à-dire Ptah, Pra; Horsiesi, —
» qui ont endurci1 ton cœur. »

«Les navires des hommes de la montagne2 ont pris pied (établi pieds) en Égypte. —
» Les étrangers, qui habitent l'orient et l'occident du monde, ont pris pied en Égypte. — Ce
» sont les Medes, ceux-là ! »

1 Er-pef-aon-nhet. Abu ainsi déterminé signifie grand, grandir, et par extension endurcir. Quant à la
triple répétition du nom d'Apis, que notre document commente lui-même, elle est assez intéressante.
Apis était devenu à Memphis la grande manifestation de la divinité sous son triple aspect: 1° de divinité
primordiale, inaccessible et créatrice, (c'est le rôle de Ptah fort bien expliqué par M. de Bougé dans sa
description générale du Panthéon égyptien, p. 120 à 125 et 126 de sa Notice Sommaire du Musée Égyptien);
2° de divinité manifestée, (c'est le rôle du soleil on Ea dans le système égyptien; car il fusionne en lui-
même toutes les divinités en dehors de Ptah, comme le pressentait M. de Rouge, et comme l'a admirable-
ment démontré M. Pierret dans son récent travail sur la mythologie égyptienne); 3° enfin de divinité
incarnée et de symbole de la résurrection ou nouvelle incarnation de l'âme. Ce dernier rôle ou dernier
mystère de la religion égyptienne se condense dans le mythe osiriaque.

Osiris, «l'être bon», véritable Emmanuel égyptien, était le principe même de toutes les incarnations
divines, et symbolisait les éternelles renaissances. Son fils Hor-si-ese représentait ee dernier aspect. C'était
Osiris, renaissant. — Apis, qui, selon le témoignage formel de Plntarque était une incarnation d'Osiris (tout
aussi bien qu'il était, selon les textes hiéroglyphiques, la nouvelle vie de Ptah), Apis, dis-je, était donc un
nouvel Hor-si-ese en même temps que le défunt Osiris. De là les innombrables Sérapeum, où l'on conservait
à la fois un Apis vivant et quelqu'une des reliques d'Osiris, comme l'a très bien prouvé M. Brugsoii-rey, mon
illustre maître. On peut voir, entre autres détails curieux donnés par lui à ce sujet, ce qu'il dit dans le dernier
numéro de la Eevue Egyptologique (p. 33) à propos des lamentations que devaient faire les jumelles de la
maison d'Apis — c'est-à-dire — il nous l'explique fort bien — des Seràpea, — le 25 Choiak, qui est l'anniversaire

du jour d'enterrement d'Osiris. Les jumelles jfj^fj); ^ont " est ^ question sont les deux jumelles

Isis et Nephthys, qui ont pris un soin si pieux des funérailles de leur frère Osiris. Mais il faut remarquer
que les mêmes rites étaient observés lors des funérailles de l'Apis. Il fallait alors aussi deux sœurs
jumelles, comme pleureuses, et c'est à cette occasion qu'entrèrent dans le Sérapeum de Memphis les
jumelles, dont Ptolémée, fils de Glaucias, parle tant dans les papyrus grecs du Louvre. Cette scène du
deuil d'Apis est du reste représentée dans un charmant groupe en bronze, que possède le Musée du Louvre.
On y voit Isis ailée couvrir Apis, comme lors de l'incubation d'Osiris mort. Tout vient donc justifier
l'opinion de M. Brugscii identifiant les places d'Osiris avec les Serapées. L'on ne saurait y opposer l'opinion
(courrante maintenant) sur Apis qui ne deviendrait Osar-Apis qu'une fois mort, comme les défunts justifiés
deviennent d'autres Osiris. Car nous voyons dans les papyrus grecs et dans Strabon que le Séra-
peum était à Memphis le temple d'Apis vivant et se trouvait à une distance assez notable de la tombe
d'Apis, découverte par M. Mariette. D'ailleurs aucun des animaux sacrés morts ne devenaient par cela
d'autres Osiris. Nous avons, par exemple, au Louvre et à Turin, des cénotaphes et images funéraires d'ibis
sacrés, qui restent le symbole de Thot bien formellement exprimé, et n'ont jamais le nom initial d'Osiris
après leur mort. Il faut donc renoncer à l'idée d'Apis devenant Osiris après sa mort. Il l'était déjà pendant
sa vie, comme l'ont établi les anciens, et c'est pourquoi dans les stèles funéraires bilingues, relatives
à des hommes, le juge infernal, Osiris Xent Ament, fort bien représenté dans son rôle habituel, est appelé
en grec Sérapis. Sérapis était devenu pour les Grecs le nom vulgaire de l'Osiris égyptien, auxquel ils avaient
été dureste heureux d'assimiler une divinité syrienne à peu près homophone.

En voilà peut-être bien long pour une seule allusion de notre papyrus. Mais elle m'a semblé
importante. Notons que notre texte porte mot à mot : « Ont endurci son cœur les trois fois ste : Apis
(c'est-à-dire les trois dieux plus haut) ceux-ci : Apis-Ptah : Apis Pra : Apis Horsiesi. » J'ai dû simplifier un
peu cette formule. Car le r^ç expositif avant les énumérations est intraduisible en français.

- Ç^£| signifie en hiéroglyphes les étrangers. C'est dureste le même mot, transcrit on démotique,
ipie nous traduisons ainsi, un peu plus loin, dans le même verset.
 
Annotationen