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Revue égyptologique — 8.1898

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Revillout, Eugène: Leçon d'ouverture du 7 décembre 1896
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https://doi.org/10.11588/diglit.11580#0025

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Leçon d'ouverture, etc.

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LEÇON D'OUVERTURE DU 7 DÉCEMBRE 1896.

Messieurs,

Rien n'a été plus fréquemment cité que le papyrus Sallier r±° 1, et, cependant, on peut
dire qu'on ne l'a pas compris du tout. Si quelque chose est fait pour dégoûter des Égyp-
tiens et de leur «style épistolaire», ce sont bien les extraits que, dans l'ouvrage por-
tant ce titre, M. Maspero a donnés de notre papyrus, après Goodwin et tant d'autres. On
croirait vraiment que quand les Égyptiens écrivaient des lettres, ils prenaient la plume sans
savoir au juste ce qu'ils voulaient dire ou, plutôt, sans avoir rien à dire à leur correspondant,
mais simplement pour débiter des mots comme on enfile des perles, sans aucun but, sans
aucune suite dans les idées — si ce n'est de temps en temps quand il s'agissait de développer
quelque lieu commun de rhétorique. Et cependant, prenez telle ou telle phrase, tel et tel
développement, ils ont été passablement bien compris. Mais on ne s'est jamais préoccupé de
l'ensemble — d'après l'idée préconçue que les Égyptiens, même les anciens en général, bref,
tous ceux qui ont précédé notre siècle de lumière, étaient de petits sauvages qui n'avaient
aucune idée nette.

Ce n'est pas là le résultat auquel je suis arrivé dans mes études. J'ai toujours admiré
— et vous avez pu admirer avec moi — combien — ainsi que l'avaient dit d'ailleurs les
Grecs et les Hébreux — les sages qui habitaient la vallée du Nil avaient l'esprit précis
et philosophique. C'est cet esprit précis et philosophique qui en a fait, pour l'état des per-
sonnes et l'état des biens, les grands juristes que vous savez — comme dans le domaine
de la morale les plus grands des moralistes anciens — ceux dont la doctrine était la plus
pure, la plus relevée et la plus haute.

Il semble à première vue qu'on n'a pas à défendre d'imbécillité les maîtres de Platon
et de Pythagore, ceux dont les prophètes portent jusqu'aux nues la sagesse, et que comparer à
Behanzin ce Eamsès-Sesostris dont toute l'antiquité nous a célébré les exploits et les grandes
réformes économiques (confirmées par les documents contemporains), celui que Pentaour a
chanté avec tant de poésie et d'enthousiasme, c'est quelque peu téméraire.

Mais à notre époque on doit s'attendre à toutes les témérités, à toutes les audaces, et
on admire d'autant plus que ce qu'on nous dit paraît plus étrange et plus contraire aux
idées reçues.

Pour en revenir au style épistolaire — puisqu'on ne veut voir en toutes choses que
questions de style et que prétexte à belles phrases — je dirai que le style épistolaire égyptien
était moins bizarre et plus conforme au bon sens de tous les temps qu'on ne se l'est imaginé.
Dans les très nombreuses lettres que j'ai traduites, certes, il ne faut pas toujours admirer
l'éloquence. Il y a bien des degrés dans la valeur littéraire de ceux qui les ont écrites, mais
il y a toujours du bon sens, de la suite, un but spécial qui fait écrire telle lettre et telle
partie de telle lettre. Et quand il s'agit d'un de ces lettrés connus dont on publiait quelque
jour la correspondance à de nombreux exemplaires, comme celle de Mme de Sévigné et de

tant d'autres écrivains plus ou moins contemporains, il ne faut pas croire que les qualités de

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