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Revue égyptologique — 10.1902

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Nr. 1-4
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Loret, Victor: Les enseignes militaires des tribus et les symboles hiéroglyphiques des divinités
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https://doi.org/10.11588/diglit.11581#0108
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100

Victor Loret.

également de banderolles, et l'on sait que le signe ^ précéda, comme désignation de l'ouest,

le signe 9 qui semble n'être qu'une forme simplifiée du premier. De sorte que les deux
' 4 S;

signes géographiques et jf, dans lesquels on s'est plu parfois à rechercher des choses
mystiques et transcendantes, sont tout simplement les étendards de deux tribus dont l'une
se tenait à l'est, et l'autre à l'ouest de telle ou telle partie du territoire égyptien. L'étendard
s'est du reste maintenu dans les armoiries du IIIe nome de la Basse-Égypte, le nome
maréotique, qui, en effet, se trouve être le plus occidental de tous les nomes égyptiens.

Il me reste à signaler, pour terminer, deux derniers signes qui ont pu appartenir à
des enseignes de tribus : le signe ^j1, qui nous est connu par le nom d'un canal de Thèbes,
0 QQ f ^^zZZZ, ' (Pap. Anast. IV, 15/6) ou plus simplement «»« ' (ibid., 6/11),

et le signe <J^J_ qui est, — et c'est le seul qui soit dans ce cas, — représenté, sous la
forme j^j,1 à l'extrémité d'un étendard d'époque thébaine.2

Des nombreux faits que je viens d'énumérer, on peut tirer deux conclusions importantes:

1° Diodore et Plutarque ont été dans le vrai en donnant, comme une des origines pos-
sibles de la déification des animaux, les motifs que j'ai cités au début de cet article. Il est
en effet absolument exact que plusieurs des animaux vénérés par les Égyptiens ont servi
d'enseignes aux plus anciennes tribus guerrières.

2° Le rapport étroit, — nous pouvons même dire l'identité, — qui existe entre les
enseignes militaires et les symboles divins de ces tribus peut nous amener à nous poser,
au sujet de l'origine de certaines divinités, la question de savoir si ce ne sont pas précisé-
ment les enseignes, symboles de la tribu, qui ont pu dans quelques cas donner naissance
à l'idée religieuse, ou du moins à l'expression matérielle de cette idée.

J'avoue que la question me paraît assez malaisée à élucider. Jusqu'à nouvel ordre, il
est difficile d'affirmer que c'est l'enseigne qui a précédé le dieu, ou que c'est le dieu qui

1 G. Wilkinson, The marinera and customs of Oie ancient Egyptians, édit. 1878, t. I, p. 192, fig. 18 et
p. 195, flg. 20, n° 7.

2 On n'a pas assez remarqué, en étudiant le le rôle important que joue l'étendard '■ ^ , soit
comme déterminatif presque constant du mot dans les plus anciens textes, soit comme accessoire toujours
figuré dans les représentations du ka. La bannière du roi ^ , par exemple, est posée, entre les deux

bras du j_j, au sommet d'une enseigne (J. de Morgan, Orig. de l'Egypte, II, 241); il en est de même pour

la bannière de ^ | (F. Pétrie, Royal tombs, II, pl. VIII, 10), où le groupe ,J^L sert même de déter-
minatif au nom. Quand le Ica royal est représenté sous la forme d'un personnage portant sur sa tête la

bannière pharaonique, le signe |_j s'interpose entre la bannière et la tête, et les deux banderolles de la

bannière sont comme ajoutées à la coiffure (N. L'Hôte, Lettres, p. 6). Il est certain que l'enseigne v ^ a
quelque raison d'être dans ces diverses circonstances et qu'il faut, pour se rendre un compte exact de ce
qu'est le ka, pouvoir en expliquer la présence. Le rapport intime qui existe entre le ka et le nom {ka est
toujours rendu en démotique par <==-> et est quelquefois, en hiéroglyphes, déterminé par C X); d'autre
part, l'idée de lointaine et commune origine, de famille ou de tribu qui s'attache au signe v ^ , tels sont
les motifs qui peuvent nous permettre de nous demander si le ka n'est pas, d'une part, comme le suppo-
sait Brugsch {Dict., Suppl, 1230), le caractère personnel de l'individu, moral ou physique, qui le distingue
de ses ascendants ou de ses descendants, et d'autre part, comme l'a pensé Leférure (Sphinx, I, 108), la
force génératrice qui fait la perpétuité de la famille. Cette notion du ka serait assez idéaliste et l'on pour
rait objecter que le ka est souvent représenté matériellement sous la forme d'un personnage. A quoi l'on
pourrait répondre que les fermes et les domaines des riches bourgeois d'Ancien Empire sont souvent per-
sonnifiés sous la forme d'hommes et de femmes, ce qui ne les empêche pas d'être des fermes et des do-
maines, et non des individus.
 
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