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Revue égyptologique — 13.1911

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Nr. 4
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Revillout, Eugène: Essai sur la vocalisation hébrai͏̈que, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11502#0148
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138

Eugène Revillout.

Cette vocalisation, dont la grammaire arabe dépend presque en entier,1 n'est pas la
même, je le répète, qu'ont acceptée les langues-sœurs; chacune des races sémitiques a com-
pris autrement l'usage des voyelles, leur nombre, leur nature, leurs rapports mutuels et leur
influence sur les consonnes ou réciproquement.

De toutes les langues ainsi constituées, l'hébreu est de beaucoup la plus riche en
voyelles, et chaque voyelle y possède des propriétés qui lui sont personnelles, pour ainsi
dire. Il ne s'agit plus, comme en arabe, de trois voyelles également brèves, qui deviennent
également longues quand elles sont munies de leurs lettres de prolongation. Non, toutes les
nuances entre la brévissime et la longue la plus accentuée sont représentées en hébreu par
une voyelle différente; des lettres de prolongation, moitié voyelles, moitié consonnes, forment
le passage de cette série à celle des consonnes également nuancées; enfin une troisième
série, celle d'accents toniques très variés, qui changent ou soutiennent les voyelles, forme
le complément du système. Il en résulte une euphonie spéciale et une grammaire spéciale.
Car ainsi que l'arabe littéraire, l'hébreu littéraire est basé sur son euphonie.

Mais l'euphonie hébraïque est bien loin d'être aussi connue que l'euphonie arabe. Aucun
Sylvestre de Sacy n'en a fait l'objet de ses études.

Et cependant, pour être animée d'un autre souffle, elle n'en est pas moins une con-
ception remarquable et puissante; pour offrir plus de variété, elle n'en forme pas un en-
semble moins cohérent ou moins complet.

Quand on en saisit les grands traits, on est surpris de voir combien peu est aban-
donné au hazard et à l'arbitraire dans un système de vocalisation si riche en nuances et
par cela même si compliqué, et, en même temps, on se convainc que là seulement est le
nœud de toute la grammaire hébraïque, y compris les formes verbales.

Une conviction profonde, basée sur des recherches qui nous ont pris beaucoup de temps,
nous détermine à exprimer modestement sur ce sujet une opinion contraire à celle d'un
homme supérieur, M. Eenan, de l'Institut.

Avec le charme de son style inimitable, l'éminent académicien a soutenu sur l'origine
des grammaires sémitiques une doctrine qui peut se résumer ainsi : chacune des formes
grammaticales répond à un besoin de la pensée humaine, et de même que l'esprit humain
était complet dans toutes ses facultés au moment de sa création, de même la langue sémi-
tique, d'abord unique,2 était complète dans toutes ses formes au moment où elle a paru.

1 Xous visions surtout l'arabe littéraire. L'arabe vulgaire, dont les divers dialectes sont en usage
maintenant, tout en ayant pris pour base les règles euphoniques de l'arabe littéraire, n'a pas les voyelles
finales, formant les déclinaisons et les modes, et est à comparer à ce point de vue aux autres langues
sémitiques — les cunéiformes mis à part. (Note surajoutée.)

2 Du moins c'est l'opinion à laquelle M. Renan semble se rattacher dans son dernier article (Revue
de linguistique 1869). Antérieurement il semblait disposé à admettre dans le principe une végétation con-
fuse de dialectes individuels dont le fond commun était imposé par les caractères physiques et psycho-
logiques de la race.

«Au commencement, dit-il (Histoire des langues sémitiques, p. 32), il y avait autant de dialectes,
que de familles, de confréries, je dirais presque d'individus. Chaque groupe formait son langage sur un
fond imposé, il est vrai, mais en suivant son instinct et en subissant les influences que le climat, le genre
de vie, les aliments exerçaient sur les organes de la parole et les opérations de l'intelligence. On parlait
par besoin social et par besoin psychologique, sans se préoccuper de la conformité du langage que l'on
parlait avec un type autorisé et général.»
 
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