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Ce moyen rentre dans ie genre de celui qu'ont
employé les Perses et les Byzantins et est parfaite-
ment logique. Il évite, en effet, d'exposer directe-
ment à l'air, au soleil ou à la gelée, de grandes
surfaces de ciment, disgracieuses de tonalité et
susceptibles, par leur étendue, de fendillements,
surtout à la chaleur.

Le ciment complètement recouvert de céramique
ne se présente donc plus que sous forme de,joints
d'un ou deux millimètres.

Pour les toitures, l'emploi de la terrasse est évi-
demment le plus économique et le plus rationnel,
mais que decombinaisons intéressantes et très déco-
ratives ne trouverait-on pas avec des toitures ram-
pantes, recouvertes de céramique, offrant les avan-
tages de la conservation du ciment et d'une riche —
quoique économique — décoration polychrome !

On a tenté cela à l'Exposition de 1889, en faisant
des coupoles de fer, céramique et verre. L'innova-
tion était intéressante, pourquoi n'a-t-on pas con-
tinué dans cotte voie ?

On a fait le reproche à certaines constructions
modernes en ciment armé d'avoir l'apparence de
constructions orientales. Gela peut paraître assez
juste au premier abord pour ceux qui ne jugent
que sur l'apparence, bien que le système soit com-
plètement différent. J'estime même que l'emploi
sous nos climats de terrasses et de toitures ou
voûtes extradossées en ciment armé est plus ration-
nel qu'en Orient, où pendant l'été les terrasses en
chaux se fendillent et nécessitent un entretien
constant. Aussi les coupoles orientales sont-elles
presque toujours protégées par une incrustation de
céramique, ajoutant encore à l'effet décoratif que la
nature des matériaux employés ne pourrait fournir.

Le ciment armé offre évidemment sur le sys-
tème d'agglomérés oriental l'avantage d'une homo-
généité absolue, donnant sous une faible épaisseur
le moyen-de franchir de plus grandes portées et
plus économiquement. On peut donc dire que la
décoration du ciment armé réside presque entière-
ment dans l'emploi de la céramique, que celle-ci
soit appliquée dessus ou qu'elle constitue par des
briques décorées le système de structure lui-même.

Si tous les architectes contemporains vraiment
conscients des programmes qu'on leur impose,
sachant ne prendre dans l'étude de l'histoire de
l'art que les principes, que la philosophie :des styles,
sans s'amuser à copier, recopier, plagier des
formes de colonnes rondes, plates ou carrées, se
rendaient compte de tout ce que les matériaux nou-
veaux offrent de ressources pour combiner des
constructions absolument nouvelles .et très intéres-
santes, nul doute que de tous les efforts réunis ne
sorte un véritable style.

Le style, le vrai, nait du système de construction
et non d'une forme quelconque de décoration. C'est
l'entrecolonnement grec, c'est la coupole byzantine,
c'est la voûte gothique.

Au moyen âge tous les maîtres de l'œuvre cher-

chaient et travaillaient en commun pour trouver
l'idéal de la voûte et de la décoration que le système
de construction pourrait amener. C'est de leurs
efforts communs qu'est sortie après deux cents ans
d'études et de tâtonnements la croisée d'ogives qui
est ce que l'on a fait de mieux dans le monde
entier comme voûtes.

Ce sont elles qui, reposant sur des points d'appui
isolés soutenus par des contreforts, ont amené à
ces fenestrages énormes qui ne portent qu'eux-
mêmes et peuvent par conséquent être décorés,
sculptés, tourmentés sans nuire à la solidité. C'est
la voûte qui a fait la cathédrale telle que nous la
voyons et je mets au défi qui que ce soit de pré-
tendre que toute la décoration de cette si belle
époque, dans l'ensemble comme dans le détail, n'est
pas le résultat et l'affirmation du système de cons-
truction employé. Pour nous, contentons-nous de
comprendre ce système et d'en tirer des indications;
ne le copions pas bêtement dans ses formes seules
en faisant des voûtes en fer enduites et décorées...
ton pierre.

Si les Français du moyen âge ont couvert leurs
voûtes de toitures en ardoises c'est que la nature
'des moellons composant la voûte ne permettait pas
de laisser celle-ci exposée aux pluies et aux intem-
péries. Tout différent est le système que nous avons
à notre disposition et qui nous permet de faire
grand, nouveau et très décoratif.

Etudions tous dans ce but ce que nous pouvons
tirer du fer, dû ciment et de la céramique. C'est à
cette seule condition que notre vingtième siècle
créera un style véritable qui aura son mérite,
croyez-le bien, et produira ses chefs-d'œuvre, n'en
déplaise aux esprits craintifs et routiniers.

Pierre de Taille.
 
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