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REVUE

COMIQUE

29 octobre 1871.

tisme ; elle faisait pénitence de la présence imposée de Re-
nan. Toutes les fois que le philosophe dînait au Palais-
Royal, elle se privait de dessert pendant trois jours. Le
prince le savait et il en riait beaucoup.
Je sais de lui des traits !...

Un soir, il jouait au piquet avec la dame, pour accompa-
gner, de la princesse, la baronne Barbier.

Au milieu de la partie, qui semblait tourner à son avan-
tage il dit à sa partenaire : Vous savez, baronne, que l'en-
jeu (<stde trois cents francs?

— Comment, Monseigneur?

— C'est comme je vous le dis.

Il gagne la partie. La baronne n'a pas les quinze louis
dans son porte-monnaie, il exige qu'elle lui remette en
nantissement une bague en diamants.

Mme Barbier passe la bague, convaincue que c'est une
plaisanterie.

Le lendemain, elle apprend par les aides de camp que le
prince tient la partie pour sérieuse, et, pour ravoir sa ba-
gue, elle est forcée do s'exécuter. Elle donne les quinze
louis...., que le prince accepte.

Du reste, très-économe; je dis (ieonome! Tous les soirs, il
réglait avec l'intendant Braneion les comptes de la journée,
et, chaque soir, il trouvait le moyen, tant il était ingénieux,
de réduire la dépense de la veille. Braneion disait: Il ne sci a
content que lorsque sa maison ne lui coûtera que vingt
francs par jour.

Les domestiques ne moisissaient pas au Palais-Royal ; oh
non!... Quelquefois, ces serviteurs galonnés prenaient les
intimes à part, et leur disaient à la dérobée, entre deux
portes : — Si monsieur trouvait parmi ses connaissances
quelqu'un qui eût besoin d'un valet de chambre...

Emile Angier a placé deux de ces infortunés.

Huitaine, secrétaire particulier du prince, était cepen-
dant augmenté chaque année, mais voici comment : A cha-
que premier janvier, le prince lui faisait avoir une nou-
velle décoration. Hubaino est devenu, après quinze ans de
service, une des plus belles brochettes de France.

On dit que l'Empereuresl riche: je n'en crois rien.

L'Empereur est né panier percé comme le cousin est né
thésauriseur. L'argent coule comme do l'eau a travers les
doigts de Napoléon III, Qu'il ait placé quelques millions à
l'étranger, c'est possible, mais c'est Plonplon qui est le ri-
chard de la famille.

Avant son mariage, il touchait 375,000 fr. par an et n'en
dépensait pas 50,000. Le pore Jérôme s'étant chargé de la
cuisine. Depuis 1858, où le prince épousa la fille de Victor-
Emmanuel, il a reçu jusqu'au mois de septembre 1870, un
million deux.cent cinquante mille francs par an, sur cette
somme,le million annuel a été mis de côté. Calculez:douze

ans : douze millions et les intérêts, sans compter les trois
cent mille francs déposés à la lin de chaque année, à la
caisse d'épargne pendant sept ans. Plonplon a donc du
pain sur la planche.

Parmi ces demoiselles, il avait la réputation d'un rat; du
reste, il posait en principe qu'un homme raisonnable ne
doit jamais dépasser, on fait de fredaines galantes, le billet
do cinq.

Raehel était la seule femme qui pouvait se flatter do lui
avoir fait franchir ce principe; et encore fut-elle obligée d'a-
voir recours à dos voies sournoises autant que judaïques.
Elle lui vendait ses bibelots.

Ils rompirent à propos d'un buste en marbre de Bonaparte
premier consul, qui valait bien le prix de cinq billots de
mille francs. Plonplon recula épouvanté. On ne le revit
plus chez Melpomène.

Une des scènes les plus tristes do la vie du prince Napo-
léon ce fut celle que lui fit Madame Plessy-Arnould
après leur rupture. Le prince donnait un diner à la maison
pompéienne de l'avenue Montaigne. Madame Plessy arrive
à l'improviste, entre comme un ouragan, et, devant les con-
vives, lui redemande son portrait.

— Et pourquoi voulez-vous ravoir votre portrait, ma
chère?

— Parce que vous le vendriez, Monseigneur.

Les convives piquèrent une tète dans leur assiette. Le
mot avait jeté un froid!

Comme homme politique, il se croyait ultra-libéral. — Si
je n'étais un Bonaparte, disait-il, je serais républicain.

En réalité, il était encore plus autoritaire que l'Empe-
reur, et celui-ci le savait bien.

— Si, à défaut de mon fils, disait-il. le prince Napoléon
me succédait, comme la France me regretterait!

L'opinion générale est que Plonplon manque de témé-
rité. C'est possible. On dit cependant qu'il a fait bonne con-
tenance à la bataille do l'Aima. En Italie, on l'envoya pro-
mener avec le 5e corps en Toscane, pendant qu'on bataillait
en Lombardie. Dans la guerre contre la Prusse, il n'eut pas
de commandement. On l'accuse d'avoir éperonné trop vive-
ment son cheval, le jour de Gravelotto, en le dirigeant au
triple galop vers Verdun ; mais tout cela repose sur des on-
dit de chroniqueur.

Le premier mot qu'il dit en arrivant à Chàlons fut celui-
ci : « Je ne sais si la France s'en tirera, quant aux Bona-
partes ils sont f...ichus. »

Ce jour-là, il était encore plus vif que de coutume dans
ses expressions à l'endroit de l'Empereur, son voisin de
baraque.
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