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HISTOIRE DE L’ART.
veau. Les traditions cléricales ou féodales étant brisées,
l’homme libre seul conservait une valeur morale. De là le
portrait, dans lequel les peintres flamands excellèrent.
Sans l’Église catholique il n’y avait plus de légende dorée,
plus de papes qui commandassent des églises, des tableaux,
des statues ou des mausolées. Qu’allaient faire les archi-
tectes ou les peintres?
Eh bien'.les architectes construisirent des hôtels de ville,
des Bourses, des maisons opulentes, et les peintres, regar-
dant autour d’eux et trouvant la nature belle, se mirent à
faire du paysage.
C'était encore du portrait : car c’était le portrait de la
terre natale, de ce sol bien-aimé conquis sur les flots et sur
l'Espagnol, de ces vastes plaines monotones en apparence,
mais que le Batave aime aussi ardemment que le Suisse ses
montagnes, et qui furent, du reste, pour les paysagistes fla-
mands une mine inépuisable de poésie.
Enfin, non seulement la Hollande avait renoncé au catho-
licisme, mais elle avait aussi renoncé à la monarchie. Donc
plus de palais à décorer, plus de protections princières, plus
de ces faveurs dont les artistes sont parfois si friands. —
Qu’allaient-ils donc devenir?
Eh bien '. au lieu d’exécuter de grands tableaux, ils allaient
en faire de petits. Au lieu de peinture murale, ils adopte-
raient la peinture de chevalet, et sur ces toiles modestes ils
reproduiraient la vie de tous les jours, les joies bourgeoises
ou rustiques, les scènes d’intérieur, les petits drames de la
vie intime. Ils allaient créer le genre.
Ainsi, portrait (1), le paysage, le genre : voilà les trois
formes nouvelles de l’art que les peintres du Nord allaient
opposer aux tableaux d’autel et aux fresques religieuses du
(1) Ceci ne veut pas dire que les peintres de la Renaissance italienne n’aient
pas connu le portrait. Il suffirait de nommer Léonard de Vinci, Raphaël, Titien
et tant d’autres. Seulement les Hollandais en firent, pour ainsi dire, leur pein-
ture historique.
HISTOIRE DE L’ART.
veau. Les traditions cléricales ou féodales étant brisées,
l’homme libre seul conservait une valeur morale. De là le
portrait, dans lequel les peintres flamands excellèrent.
Sans l’Église catholique il n’y avait plus de légende dorée,
plus de papes qui commandassent des églises, des tableaux,
des statues ou des mausolées. Qu’allaient faire les archi-
tectes ou les peintres?
Eh bien'.les architectes construisirent des hôtels de ville,
des Bourses, des maisons opulentes, et les peintres, regar-
dant autour d’eux et trouvant la nature belle, se mirent à
faire du paysage.
C'était encore du portrait : car c’était le portrait de la
terre natale, de ce sol bien-aimé conquis sur les flots et sur
l'Espagnol, de ces vastes plaines monotones en apparence,
mais que le Batave aime aussi ardemment que le Suisse ses
montagnes, et qui furent, du reste, pour les paysagistes fla-
mands une mine inépuisable de poésie.
Enfin, non seulement la Hollande avait renoncé au catho-
licisme, mais elle avait aussi renoncé à la monarchie. Donc
plus de palais à décorer, plus de protections princières, plus
de ces faveurs dont les artistes sont parfois si friands. —
Qu’allaient-ils donc devenir?
Eh bien '. au lieu d’exécuter de grands tableaux, ils allaient
en faire de petits. Au lieu de peinture murale, ils adopte-
raient la peinture de chevalet, et sur ces toiles modestes ils
reproduiraient la vie de tous les jours, les joies bourgeoises
ou rustiques, les scènes d’intérieur, les petits drames de la
vie intime. Ils allaient créer le genre.
Ainsi, portrait (1), le paysage, le genre : voilà les trois
formes nouvelles de l’art que les peintres du Nord allaient
opposer aux tableaux d’autel et aux fresques religieuses du
(1) Ceci ne veut pas dire que les peintres de la Renaissance italienne n’aient
pas connu le portrait. Il suffirait de nommer Léonard de Vinci, Raphaël, Titien
et tant d’autres. Seulement les Hollandais en firent, pour ainsi dire, leur pein-
ture historique.