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Chapitre III
Armoiries des Corps d’État et des principales familles de la ville. On n’oubliera pas d’ad-
mirer le joli escalier extérieur, dont la rampe se termine par un pilastre surmonté d’un petit
lion, et qui est clos, à mi-hauteur, par une porte d’un motif tout à fait original. « Comme
effet pittoresque, dit le Cicerone, surtout vu de la Cour, le Bargello n’a pas son égal. »
Dôme de Florence. — En écrivant l’histoire de la sculpture florentine, il nous est
impossible, étant parvenus devant un monument aussi important que la Cathédrale de Flo-
rence, de ne pas dire un mot du système architectural de l’école florentine au xiv siècle.
En admirant les richesses sculpturales qui font de cette église un véritable musée, nous
ne saurions fermer les yeux sur les formes de l’édifice qui les contient, et la connaissance
du but que se proposait l’architecte nous fera mieux comprendre la valeur des moyens
employés par les sculpteurs pour le décorer.
Nous avons l’habitude de dire que l’Italie a emprunté à la France le style go-
thique, mais qu’elle ne l’a pas compris et qu’elle n’a su en faire que d’incomplètes et dé-
fectueuses applications. La vérité, c’est que les architectes italiens ont connu et étudié
l’art gothique créé par les français, mais que ce style ne les a pas pleinement satisfaits;
et, tout en acceptant le principe fondamental de la croisée d’ogive, ils en ont déduit
d’autres conséquences, ils en ont trouvé d’autres applications et ils ont créé un art assez
différent de l’art français pour pouvoir être considéré comme constituant un style nou-
veau, le style gothique italien. Et je voudrais essayer de dire en quoi consiste réellement
le gothique italien.
L’art gothique s’était proposé deux problèmes à résoudre; couvrir par des voûtes
un vaste espace et élever ces voûtes aussi haut que possible dans les airs, b)
La découverte de la croisée d’ogive a été le point de départ de l’art gothique.
Tant que la croisée d’ogive n’est pas employée dans un édifice, nous restons dans le
système roman, c’est-à-dire dans le système des voûtes à portée continue. Nous donne-
rons donc le nom d’art gothique à tous les édifices italiens dans lesquels est employée
la voûte à croisée d’ogive.
Les architectes français après avoir inventé la croisée d’ogive, firent une seconde
découverte qui compléta la première et qui eut des conséquences non moins importan-
tes, ce fut l’arc-boutant. Croisée d’ogive et arc-boutant, telles sont les deux formes dont
l’emploi va constituer le gothique français et lui donner ses traits essentiels. Elles vont
permettre de construire des voûtes très légères, de les élever très haut, en les faisant
porter sur une série de piliers intérieurs, renforcés à l’extérieur par des arcs-boutants.
(i) Viollet-le-Duc, il est vrai, prétend que, dans l’architecture française, la grande hauteur des voûtes a été le résultat
d’une nécessité et non une recherche volontaire. Je ne puis ici discuter cette question. Je me contente de dire que, même s’il
est vrai qu’au début du xm siècle on ait donné une grande hauteur aux édifices, uniquement afin de pouvoir trouver une
place suffisante pour les fenêtres, on peut penser que les architectes n’ont pas tardé à voir dans cette hauteur un élément
esthétique de premier ordre et à la rechercher uniquement pour elle-même. Dire que, dans l’art gothique, la hauteur des
voûtes fut une nécessité subie, au lieu d’être une beauté recherchée, c’est certainement enlever à l’art gothique un de ses
plus beaux titres de gloire.
Chapitre III
Armoiries des Corps d’État et des principales familles de la ville. On n’oubliera pas d’ad-
mirer le joli escalier extérieur, dont la rampe se termine par un pilastre surmonté d’un petit
lion, et qui est clos, à mi-hauteur, par une porte d’un motif tout à fait original. « Comme
effet pittoresque, dit le Cicerone, surtout vu de la Cour, le Bargello n’a pas son égal. »
Dôme de Florence. — En écrivant l’histoire de la sculpture florentine, il nous est
impossible, étant parvenus devant un monument aussi important que la Cathédrale de Flo-
rence, de ne pas dire un mot du système architectural de l’école florentine au xiv siècle.
En admirant les richesses sculpturales qui font de cette église un véritable musée, nous
ne saurions fermer les yeux sur les formes de l’édifice qui les contient, et la connaissance
du but que se proposait l’architecte nous fera mieux comprendre la valeur des moyens
employés par les sculpteurs pour le décorer.
Nous avons l’habitude de dire que l’Italie a emprunté à la France le style go-
thique, mais qu’elle ne l’a pas compris et qu’elle n’a su en faire que d’incomplètes et dé-
fectueuses applications. La vérité, c’est que les architectes italiens ont connu et étudié
l’art gothique créé par les français, mais que ce style ne les a pas pleinement satisfaits;
et, tout en acceptant le principe fondamental de la croisée d’ogive, ils en ont déduit
d’autres conséquences, ils en ont trouvé d’autres applications et ils ont créé un art assez
différent de l’art français pour pouvoir être considéré comme constituant un style nou-
veau, le style gothique italien. Et je voudrais essayer de dire en quoi consiste réellement
le gothique italien.
L’art gothique s’était proposé deux problèmes à résoudre; couvrir par des voûtes
un vaste espace et élever ces voûtes aussi haut que possible dans les airs, b)
La découverte de la croisée d’ogive a été le point de départ de l’art gothique.
Tant que la croisée d’ogive n’est pas employée dans un édifice, nous restons dans le
système roman, c’est-à-dire dans le système des voûtes à portée continue. Nous donne-
rons donc le nom d’art gothique à tous les édifices italiens dans lesquels est employée
la voûte à croisée d’ogive.
Les architectes français après avoir inventé la croisée d’ogive, firent une seconde
découverte qui compléta la première et qui eut des conséquences non moins importan-
tes, ce fut l’arc-boutant. Croisée d’ogive et arc-boutant, telles sont les deux formes dont
l’emploi va constituer le gothique français et lui donner ses traits essentiels. Elles vont
permettre de construire des voûtes très légères, de les élever très haut, en les faisant
porter sur une série de piliers intérieurs, renforcés à l’extérieur par des arcs-boutants.
(i) Viollet-le-Duc, il est vrai, prétend que, dans l’architecture française, la grande hauteur des voûtes a été le résultat
d’une nécessité et non une recherche volontaire. Je ne puis ici discuter cette question. Je me contente de dire que, même s’il
est vrai qu’au début du xm siècle on ait donné une grande hauteur aux édifices, uniquement afin de pouvoir trouver une
place suffisante pour les fenêtres, on peut penser que les architectes n’ont pas tardé à voir dans cette hauteur un élément
esthétique de premier ordre et à la rechercher uniquement pour elle-même. Dire que, dans l’art gothique, la hauteur des
voûtes fut une nécessité subie, au lieu d’être une beauté recherchée, c’est certainement enlever à l’art gothique un de ses
plus beaux titres de gloire.