Luca délia Robbia
2 I I
composées d’une ou de deux figures, et tout son désir
tendait à donner à ces figures la perfection de la forme.
D’un esprit très élevé, il cherchait les lignes les plus
pures, que, seules, il estimait capables de rendre la
fierté de sa pensée. A lui, plus qu’à tout autre, devait
convenir cette idée de représenter les douze apôtres,
de concevoir douze figures, voisines les unes des autres,
exprimant la même idée, la noblesse du sentiment reli-
gieux, et de les varier, soit par le sentiment exprimé,
soit simplement par quelques modifications dans les
draperies et les attitudes. Tantôt il exprime la fermeté
du caractère, comme dans le 5. André, tantôt l’énergie
6*. André Apôtre
de la lutte, comme dans le S. Jacques, ou l’étude et la concentration de la pensée, comme
dans le S. Jean, le S. Thomas et le S. Mathieu. Combien char-
5. Jacqztes Ap.ôtre
mante est la jeune figure de S. Simon et quel prodige que le
S. Mathias, si douloureusement absorbé dans ses pensées.
Jamais aucun artiste du passé n’a conçu une figure plus mo-
derne, dont l’âme inquiète et rêveuse soit plus près de la
nôtre. Il y a, dans l’art, des figures plus austères, il n’y en
a pas de plus simplement grandes. Par comparaison avec
les figures de la Résiirrection et de Y Ascension, datant
de 1443-1446, on remarquera, dans les draperies des Apô-
tres de la Chapelle Pazzi, un style plus savant et plus com-
pliqué, qui me paraît une preuve certaine que ces Apôtres
sont postérieurs à l’année 1450.
Si l’étude des Apôtres ne présente aucune difficulté, il
n’en est pas de même de
celle des Évangélistes. Une assez grande divergence de style
sépare ces deux séries; et, tandis que les Apôtres ont mani-
festement, et au plus haut degré, les caractères habituels de
l’art de Luca, les Evangélistes sont sensiblement différents
de tout ce que nous connaissons de lui. M. de Liphart a été
le premier à faire cette remarque, et, tout en reconnaissant
que ces terres cuites provenaient de l’atelier de Luca, il a
supposé qu’elles avaient été faites d’après des dessins de
Brunelleschi. La question est si délicate qu’elle embarrasse
les plus éminents experts. M. B ode, en particulier, après
avoir tout d’abord accepté l’opinion de M. de Liphart, est
revenu sur cette manière de voir, pour restituer à Luca les
xS'. Jean Apôtre
quatre Evangélistes, en les considérant comme une œuvre de
sa jeunesse. Mais la date
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composées d’une ou de deux figures, et tout son désir
tendait à donner à ces figures la perfection de la forme.
D’un esprit très élevé, il cherchait les lignes les plus
pures, que, seules, il estimait capables de rendre la
fierté de sa pensée. A lui, plus qu’à tout autre, devait
convenir cette idée de représenter les douze apôtres,
de concevoir douze figures, voisines les unes des autres,
exprimant la même idée, la noblesse du sentiment reli-
gieux, et de les varier, soit par le sentiment exprimé,
soit simplement par quelques modifications dans les
draperies et les attitudes. Tantôt il exprime la fermeté
du caractère, comme dans le 5. André, tantôt l’énergie
6*. André Apôtre
de la lutte, comme dans le S. Jacques, ou l’étude et la concentration de la pensée, comme
dans le S. Jean, le S. Thomas et le S. Mathieu. Combien char-
5. Jacqztes Ap.ôtre
mante est la jeune figure de S. Simon et quel prodige que le
S. Mathias, si douloureusement absorbé dans ses pensées.
Jamais aucun artiste du passé n’a conçu une figure plus mo-
derne, dont l’âme inquiète et rêveuse soit plus près de la
nôtre. Il y a, dans l’art, des figures plus austères, il n’y en
a pas de plus simplement grandes. Par comparaison avec
les figures de la Résiirrection et de Y Ascension, datant
de 1443-1446, on remarquera, dans les draperies des Apô-
tres de la Chapelle Pazzi, un style plus savant et plus com-
pliqué, qui me paraît une preuve certaine que ces Apôtres
sont postérieurs à l’année 1450.
Si l’étude des Apôtres ne présente aucune difficulté, il
n’en est pas de même de
celle des Évangélistes. Une assez grande divergence de style
sépare ces deux séries; et, tandis que les Apôtres ont mani-
festement, et au plus haut degré, les caractères habituels de
l’art de Luca, les Evangélistes sont sensiblement différents
de tout ce que nous connaissons de lui. M. de Liphart a été
le premier à faire cette remarque, et, tout en reconnaissant
que ces terres cuites provenaient de l’atelier de Luca, il a
supposé qu’elles avaient été faites d’après des dessins de
Brunelleschi. La question est si délicate qu’elle embarrasse
les plus éminents experts. M. B ode, en particulier, après
avoir tout d’abord accepté l’opinion de M. de Liphart, est
revenu sur cette manière de voir, pour restituer à Luca les
xS'. Jean Apôtre
quatre Evangélistes, en les considérant comme une œuvre de
sa jeunesse. Mais la date