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Luca délia Robbia

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de l’enfant ne paraît pas digne de Luca. D’une façon générale, du reste, l’exécution de

cette œuvre paraît trop inférieure pour qu’on puisse la classer dans l’œuvre de Luca,

surtout à une époque avancée de sa vie.
J’appelle, au surplus, l’attention sur quelques caractères qui me paraissent faits
pour rendre suspecte l’attribution à Luca. C’est, tout d’abord, le fait que la Vierge est
assise sur des nuages. La Vierge, il est vrai, n’est pas accroupie comme la Madone Drury
Fortnum; mais des nuages lui servent de siège et de marchepied. A mon sens, l’auteur
de cette Madone a copié une forme que Luca avait employée dans les Apôtres de la Cha-
pelle Lazzi ; mais je persiste à penser que Luca n’a pas employé cette forme pour ses
Madones.
On remarquera aussi que la Madone Frescobaldi a les pieds nus. C’est là un signe
d’époque tardive, et nous ne trouvons aucun exemple de cette forme ni chez Luca, ni
même chez Andrea. Dans l’évolution du motif de la Madone, nous voyons, au xine et au
xive siècle, les draperies très longues, semblables à un manteau royal, recouvrir complè-
tement les pieds de la Vierge. Plus tard les pieds se dessinent, ils apparaissent, dépassant
légèrement la robe; mais toujours la Vierge a des chaussures. Une Vierge ne doit avoir
les pieds nus que lorsqu’elle est représentée dans le motif de Y Ascension ou du Couronne-
ment. Un des premiers exemples de Madone avec les pieds nus se voit dans la Madone
de Bologne de Jacopo délia Quercia, mais cette forme ne se généralise qu’à la fin du siè-

cle, dans les œuvres de Mino da Fiesole, de Benedetto
da Majano ou de Giovanni délia Robbia. Les Apôtres
de la Chapelle Lazzi ont les pieds nus, et l’auteur de la
Madone Frescobaldi, en empruntant à ces Apôtres le
style des draperies de sa Madone, les nuages qui lui
servent de siège et de marchepied, a copié de même
la forme des pieds nus. Le pied nu de la Madone Fre-
scobaldi, trop volumineux, d’une forme peu féminine,
est une copie des pieds des Apôtres Lazzi. Je signa-
lerai enfin un détail tout à fait secondaire, mais non né-
gligeable. L’enfant Jésus tient dans sa main un doigt
de sa mère; or c’est une forme qui n’existe pas chez
Luca et que nous ne voyons apparaître chez Andrea
que dans les Madones de la fin de sa vie. Je serais donc
porté à croire que la Madone Frescobaldi n’est pas une
œuvre de Luca lui-même, mais une imitation, dans la-


Madone du Mtisée de Berlin
(N.° 116b du Catalogue)

quelle on a réuni les caractères d’œuvres appartenant à diverses époques de sa vie. J’ajoute
toutefois que j’ai longtemps hésité avant de prendre un parti sur cette question; car je
dois reconnaître que, parmi toutes les Madones d’authenticité incertaine, c’est celle qui
rappelle le plus le style des Madones de Luca. (Cette Madone est aujourd’hui au Musée
de Berlin).
 
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