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Ridder, André H. [Bearb.]
Anthologie des écrivains flamands contemporains — Anvers [u.a.], 1926

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https://doi.org/10.11588/diglit.34324#0263
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— 261 —

sonnes distinguées. Cela ne veut pas dire qu'il se constituât
en Belgique une littérature française originale. Il était im-
possible qu'il y eût, dans ces circonstances, même en pays
wallon, un esprit créateur. Quant aux millions de Flamands,
descendants des bourgeois des XIII", XIV* et XV* siècles, tout
ce qu'on leur accordait, c'était une très pauvre école pri-
maire, un catéchisme et un livre de messe en flamand gros-
sier, et, le dimanche, un sermon dans un flamand encore plus
corrompu. Le beau monde des villes considérait comme de
bon ton de ne pas comprendre le parler des rustres et des
domestiques, et, s'il le comprenait, il avait honte de lui don-
ner accès. A cette époque il était impossible de trouver en
Belgique un seul livre qui fût écrit dans le pur hollandais,
dans la langue honnie de la Hollande calviniste. On regar-
dait comme immoral le théâtre et tout ce qui s'y rapportait...
Sous l'intolérant régime espagnol, les savants et les érudits
qui ne faisaient pas partie du clergé menaient une existence
incertaine. Van Helmont, ayant publié en 1617 ses expérien-
ces sur le magnétisme animal, fut contraint de rétracter ses
opinions 3 hérétiques*; ce n'est que deux ans après sa mort
que sa famille put obtenir sa réhabilitation. Ajoutons que,
de façon générale, Albert et Isabelle firent personnellement
tout ce qu'ils purent pour favoriser, dans les limites de l'or-
thodoxie, toutes les branches de la culture scientifique.
Le peuple de Flandre vivait donc sans air et sans lumière.
Il sut pourtant prouver que son génie était immortel, et
donner la mesure de ce qu'il pouvait dans la seule province
de l'art humain qui échappât à la censure et à l'Inquisition :
la peinture, art qui vaut non pas tant par la personnalité de
la pensée que par celle de l'expression. Nous ne pouvions
avoir un Ruysbroeck, nous eûmes un Rubens. Ce pays hu-
milié connut une gloire nouvelle, comme si la Providence
voulait montrer aux hommes que le peuple flamand méritait
un sort meilleur que l'inanition intellectuelle.
Dans la Flandre française, sous le règne de Louis XIV,
l'usage du flamand, comme celui de l'allemand en Alsace,
fut formellement interdit dans les actes officiels et légaux :
c Défendons à tous, avocats et procureurs, de se plus servir
de la langue flamande, soit pour les plaidoyers, soit pour les
écritures ou autres procédures et aux magistrats de nos villes
et châtellenies de le souffrir ni de prononcer leurs juge-
ments qu'en langue française à peine de nullité et de déso-
béissance. *
Des mesures analogues furent prises par la Maison d'Au-
 
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