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Le rire: journal humoristique — 1.1894-1895 (Nr. 1-52)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25062#0019

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LE RIRE

LA YXE RXSXX3LE

Au moment où paraîtra ce numéro du
Rire une touchante manifestation, qui est
en même temps un important événement
de politique européenne s’accomplira.

Pour, cette fois, faisant exception à notre
titre et à nos devoirs de rieurs, nous l’enre-
gistrerons avec toute la gravité qui convient.

MJ'ie Liane de Pougy sera là-bas...

C’est le Matin qui l’a annoncé officielle-
ment en tête des échos dans son numéro
du 6 novembre, en ces termes auxquels
nous nous ferions scrupule de changer un
iota : « Mlle Liane de Pougy est partie, hier,
pour Saint-Pétersbourg, où elle se propose,
a-t-elle dit, d’assister aux obsèques du tsar
Alexandre III. »

Certes nous nous garderions bien, dans
une circonstance aussi solennelle, de ris-
quer la moindre plaisanterie qui put choquer
les patriotiques sympathies de nos lecteurs.
Mlle Liane de Pougy a rempli un devoir, et
cela avec autant de simplicité que d’à
propos.

Maintenant que nous n’avons plus M. Ma-
rais et que nous ne connaissons pas de
comédien digne d’endosser à cette occasion
l’uniforme de Michel Strogoff, il n’y avait
guère que Mllc Liane de Pougy qui fût qua-
lifiée, à défaut de Mmes Sarah Bernhardt,
Yvette Guilbert et Anna Judic empêchées,
pour représenter à Saint-Pétersbourg, en
longs voiles de deuil, l’art dramatique fran-
çais.

Mlle Duclerc aurait été trop frétillante,
Mme Renée de Presles et Mme Bob Walter
incarnent un art trop léger, et, quant au sexe
fort, M. Paulus a été trop compromis dans
différentes aventures politiques.

Il est de plus incontestable que MUe Liane
de Pougy sera infiniment plus décorative et

plus agréable à regarder à elle seule que les
douze députés que M. Jules Jaluzot proposait
de faire envoyer au nom du Gouvernement.

Surtout si parmi ces envoyés le sort avait
désigné M. le Dr Michou, M. Goblet,
M. Jules Guesde et le sympathique mais
peu svelte M. Georges Berry. Nous ne par-
lons pas de M. Jaluzot lui-même qui est
certainement une des plus belles barbes
françaises.

Mlle Liane de Pougy a sauvé la situation
avec un tact qui la désigne désormais pour
les plus délicates missions diplomatiques.

Il ne lui reste plus qu’à étudier, si cela
n’est déjà fait, quelques-unes des principales
langues étrangères.

Quant à sa dextérité dans les occasions
épineuses, elle ne peut faire aucun doute.

Lorsqu’il se présentera entre les puis-
sances quelque difficulté, MUe de Pougy
l’escamotera.

De toute façon elle est assurée de trouver,
quand elle reviendra en France, ce que l’on
dit que M. Casimir-Perier a tant de peine à
obtenir: la popularité.

On finira par faire croire que le Président
de la République n’est pas populaire. Je
vous demande un peu ce qu’on en sait.

Le Figaro a consacré toute une partie de
son « courrier » à étudier les. moyens de

N° 2

remédier a cette sorte d’anémie politique.
Les réponses et les consultations ont afflué.

Les uns ont conseillé au Président de
taire de la bicyclette. Mais il commençait
ses études de pédale au moment où on est
venu le prier de prendre la direction du
char de l’Etat, d’un mécanisme beaucoup
plus compliqué.

Essayez donc de mener les deux machines
de front!

M. Tristan Bernard lui suggère l’idée
assez pratique, de prendre souvent l’om-
nibus pour avoir l’occasion de céder sa
place à de vieilles dames. J’ai parfois cédé
ma place à quelques vieilles dames, et de
préférence à des jeunes, et je ne me suis
pas aperçu que cela m’ait rendu populaire,
mais je puis affirmer que cela donne des
rhumes de cerveau.

Que M. Casimir-Perier se console. Il
rencontrera la popularité au moment où il
s’y attendra le moins. MUe Liane de Pougy
pourrait d’ailleurs avoir avec lui, à ce sujet,
quelques utiles conférences.

Il peut s’en rapporter aux conseils d’une
personne qui a su renouveler, à propos des
obsèques du tsar, un épisode célèbre de
celles de Victor Hugo et devenir en un
tour de main l’élégante Béni-bouffe-toujours
de l’alliance franco-russe.

John Falstaff.

Dans un de ses pro-
chains numéros LE
RIRE fera une Petite
promenade

AU PARLEMENT.

R croquera, avec le
concours de ses colla-
borateurs Gyp, Jean
Veber, Léandre, Jos-
sot, quelques silhouet-
tes d’hommes ch État,
de tribuns, depuis
VExécutif jusqu’au
Législatif.
 
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