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https://doi.org/10.11588/diglit.25062#0037
8
LE RIRE
L’ALBUM DU JUIF-ERRANT
Dessin de Georges Delaw
N° 3
LE VAGABOND
Tout le monde savait bien qu’il finirait par les gendarmes. Pourtant s’il avait voulu, il aurait pu gagner largement sa vie, car il avait en main bien
des atouts. Il avait même reçu une certaine éducation. — Mais que voulez-vous? Quand on est entré dans la mauvaise voie, c est le diable pour
retrouver le droit chemin. Il va réfléchir à cela dans la prison de la sous-préfecture en attendant que le juge décide de son sort.
gens qui se précipitaient au téléphone, vo-
ciférer identiquement: « Allô! Allô!
Il prit à part un de ses collègue et lui
demanda confidentiellement qui était ce
M. Allô, que tout le monde apostrophait à
chaque instant.
On s’est fort égayé aussi, l’an dernier, du
carnet de dépenses d’un autre député. Ce
carnet fut trouvé dans les couloirs et comme
l’indiscrétion est le premier devoir des in-
formateurs parlementaires, il fut épluché
ligne par ligne.
Or, à des intervalles réguliers, revenaient
ces mots : Victoire, 3 fr. 50
Pendant les entractes des séances on pre-
nait un malin plaisir à faire causer le dé-
puté, et amener le nom de Victoire comme
par hasard dans la conversation.
— Mais enfin, messieurs, dit un jour le
pauvre homme impatienté, que diable me
voulez-vous avec ce nom de Victoire. Est-ce
que c’est pour moi que vous répétez ainsi le
nom de ma femme?
On étouffa des rires mais la mention du
carnet devenait difficilement explicable.
Enfin tout s’expliqua, grâce à un ques-
tionneur audacieux. La très honorable
femme de ce très honorable député venait
fréquemment le retrouver pendant ses tour
nées électorales, et, en homme d’ordre, 11
inscrivait chaque fois la dépense supplé-
mentaire pour la chambre d’hôtel.
Ah ! l’on s’amuse dans les couloirs de la
Chambre, on s’amuse, on s’amuse !
ün Huissier honoraire.
A défaut de réflexions à se tordre, ou de
critiques profondes sur les diverses reprises
qui ont marqué sans grand éclat la dernière
semaine théâtrale, nous croyons plus inté-
ressant de révéler, à propos de la reprise
de Monsieur Alphonse à l’Odéon, un fait
peu connu de la vie de M. Alexandre Dumas.
L’illustre auteur a écrit lui-même dans
une de ses préfaces, l’histoire des motifs
qui l’amenèrent à choisir, pour son sympa-
thique héros, le prénom d’Alphonse de pré-
férence à tous ceux que lui fournit le calen-
drier, édition des boulevards extérieurs.
« Ce prénom d’Alphonse n’était, écrit-il,
associé dans l’esprit du public qu’aux noms
les plus respectés et les plus célèbres. Al-
phonse de Lamartine. Alphonse Karr, Al-
phonse Daudet, Alphonse de Neuville,
Alphonse de Rothschild, n’évoquent que le
souvenir du génie, du talent, de la gloire,
de la probité, du travail. ».
C’est pourquoi il s’empressa de nommer
Alphonse l’aimable et pratique gentleman
LE RIRE publiera prochainement un numéro sur le Salon du Cycle.
LE RIRE publiera prochainement un numéro des Cafés-Concerts.
LE RIRE
L’ALBUM DU JUIF-ERRANT
Dessin de Georges Delaw
N° 3
LE VAGABOND
Tout le monde savait bien qu’il finirait par les gendarmes. Pourtant s’il avait voulu, il aurait pu gagner largement sa vie, car il avait en main bien
des atouts. Il avait même reçu une certaine éducation. — Mais que voulez-vous? Quand on est entré dans la mauvaise voie, c est le diable pour
retrouver le droit chemin. Il va réfléchir à cela dans la prison de la sous-préfecture en attendant que le juge décide de son sort.
gens qui se précipitaient au téléphone, vo-
ciférer identiquement: « Allô! Allô!
Il prit à part un de ses collègue et lui
demanda confidentiellement qui était ce
M. Allô, que tout le monde apostrophait à
chaque instant.
On s’est fort égayé aussi, l’an dernier, du
carnet de dépenses d’un autre député. Ce
carnet fut trouvé dans les couloirs et comme
l’indiscrétion est le premier devoir des in-
formateurs parlementaires, il fut épluché
ligne par ligne.
Or, à des intervalles réguliers, revenaient
ces mots : Victoire, 3 fr. 50
Pendant les entractes des séances on pre-
nait un malin plaisir à faire causer le dé-
puté, et amener le nom de Victoire comme
par hasard dans la conversation.
— Mais enfin, messieurs, dit un jour le
pauvre homme impatienté, que diable me
voulez-vous avec ce nom de Victoire. Est-ce
que c’est pour moi que vous répétez ainsi le
nom de ma femme?
On étouffa des rires mais la mention du
carnet devenait difficilement explicable.
Enfin tout s’expliqua, grâce à un ques-
tionneur audacieux. La très honorable
femme de ce très honorable député venait
fréquemment le retrouver pendant ses tour
nées électorales, et, en homme d’ordre, 11
inscrivait chaque fois la dépense supplé-
mentaire pour la chambre d’hôtel.
Ah ! l’on s’amuse dans les couloirs de la
Chambre, on s’amuse, on s’amuse !
ün Huissier honoraire.
A défaut de réflexions à se tordre, ou de
critiques profondes sur les diverses reprises
qui ont marqué sans grand éclat la dernière
semaine théâtrale, nous croyons plus inté-
ressant de révéler, à propos de la reprise
de Monsieur Alphonse à l’Odéon, un fait
peu connu de la vie de M. Alexandre Dumas.
L’illustre auteur a écrit lui-même dans
une de ses préfaces, l’histoire des motifs
qui l’amenèrent à choisir, pour son sympa-
thique héros, le prénom d’Alphonse de pré-
férence à tous ceux que lui fournit le calen-
drier, édition des boulevards extérieurs.
« Ce prénom d’Alphonse n’était, écrit-il,
associé dans l’esprit du public qu’aux noms
les plus respectés et les plus célèbres. Al-
phonse de Lamartine. Alphonse Karr, Al-
phonse Daudet, Alphonse de Neuville,
Alphonse de Rothschild, n’évoquent que le
souvenir du génie, du talent, de la gloire,
de la probité, du travail. ».
C’est pourquoi il s’empressa de nommer
Alphonse l’aimable et pratique gentleman
LE RIRE publiera prochainement un numéro sur le Salon du Cycle.
LE RIRE publiera prochainement un numéro des Cafés-Concerts.