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Le rire: journal humoristique — 1.1894-1895 (Nr. 1-52)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25062#0056

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LE RIRE

N° 5

De Celais à Douvres

Il a toujours été très difficile aux cyclistes d’aller
de Paris à Londres sans prendre le linteau.

Au nord de la France se trouve une ville appelée
Calais, célèbre jadis parce que le bourgeois y mar-
chait en chemise et pieds nus (probablement pour
<i épater l’artiste »).

Or, au lieu de communiquer directement par terre, ainsi que le commanderait la simple logique, avec la ville de Douvres,
Calais en est séparé par une grande flaque d’eau salée. Quand on veut se rendre de Paris à Londres, il faut descendre du chemin
de fer à Calais, monter sur un bateau, descendre du bateau à Douvres, et prendre un autre chemin de fer. O la fôôôrme !

Pour remédier à cet inconvénient, on proposa de construire un
tunnel sous-marin; ce projet parut assez peu pratique. On songea égale-
ment à édifier un superbe pont. Mais à ce moment surgirent toutes
-- sortes de difficultés diplo-
matiques. Comme tout
pont un peu notoire, ce
pont devait être muni d’un
aveugle. Y mettrait-on un
aveugle anglais ou un
aveugle français?

Pendant
des années,
tous les gens
qui s’occu-
pent de gran-
des inven -

lions, des bottiers, des dentistes, des marchands de gau-
fres, avaient usé leurs veilles à chercher une solution
acceptable. C’est alors qu’un modeste ingénieur en chef
des ponts et chaussées sortit des rangs et indiqua cette solu-
tion.

11 s’agissait d’abord de jeter entre Calais et Douvres cent

mille ton -
h’ neaux d’hui-
le sur les
agues mugissantes. On
hoisirait de préférence
e l’huile bromurée, pour
ipaiser la nervosité des
is sur la mer désormais
plate on établirait un che-
min flottant, formé de
plaques de liège, unies entre
elles par des crampons d’alu-
minium. Les plaques s’ouvri-
’aient au milieu du détroit au
moyen de charnières à ressort,
afin de laisser passer les navi-
res de commerce qui, pour aller du Havre à Anvers, préfére-
raient ne pas contourner l’Ecosse et ne pas suivre la route
pourtant si enivrante qui va d’Irlande aux lies Feroë.

Ces navires, bien entendu, seraient pourvus d’un grelot aver-
tisseur qui annoncerait de loin leur approche.

Tristan Bernard.

c=çl

— C’est vraiment une bète extraordinaire; on lui fait faire tout ce qu’en veut.
Il ne lui manque que la parole!
 
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