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Le rire: journal humoristique — 1.1894-1895 (Nr. 1-52)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25062#0577

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MALGACHIS

— C’est tout Ce même curieux!, ChaqueJJfois que je veux te lire de mes vers, tu t’endors!

LES VOCATIONS

Et toi, Henri, qu’est-ce que tu veux être ?
Tambour-major, papa.

Elle a donc pris fin, cette madagasca-
rade, organisée, dirait-on, par des chienlits
criminels, une des plus monstrueuses fu-
misteries par où se soit affirmée la nullité
homicide des bourreaucrates dont l’ami
Henry Baüer a courageusement dénoncé
les louches manœuvres, en gars qui ne
craint pas de mettre le feu aux bougres ?

Ceux qui ont préparé cette fantastique
« expédition » (digne de ce nom par la rapi-
dité avec laquelle nos soldats ont été «expé-
diés») ne dépareraient certes pas une expo-
sition d’ostréiculture administrative, et les
cabinets luxueux où ces penseurs bivalves
sécrètent leurs combinaisons, m’apparais-
sent comme de véritables suc-kursaals
d’Ostende.

Aux régiments disparus là-bas, l’Admi-
nistration, avec son imbécillité proverbiale,
eut soin d’appliquer les principes de la Sa-
gesse des Rations. Crevant de faim, nos
pauvres troubades n’ont eu à se mettre sous
la dent que des morceaux de voiture Lefè-
vre — réédition du miracle de ja multipli-
cation des sapins — cependant qu’ils gar-
daient l’espoir pour la soif. Dites, oh ! dites
pourquoi, avec les ossements de ceux .qui
ont lâché la colonne, n’en dresserait-on pas
une à la gloire des bureaux ?

A coup sûr, la conscience d’une telle be-
sogne tuerait le sommeil d’un simple meur-
trier qu’elle obséderait de vengeresses han-
tises. (En voulez-vous des cauchemars?)
Mais ces drôles ont un rond-de-cuir à la
place du cœur et continuerait à travailler
pour l’exportation, sans remords. Déjà,
leurs administratives bedaines s’arrondis-
sent pour l’étalage des décorations futures,
primes à l’assassinat, destinées à rehausser
la ventripotence criminelle de ces Panses
macabres.

C’est si peu de choses, des soldats Fran-
çais! Ceux qui sont allés jalonner de leurs
cadavres la route de Majunga, n’étaient, pas
des fonctionnaires; ils ignoraient les pal-
mes académiques; c’étaient les aînés de
quelques pauvres familles où le premier gas
se fait sans qu’on y pense. Ils sont partis
sans savoir que leur mort devait sauver
une coterie compromise, et que, servant la
France moins que les intérêts financiers de
tels youpins véreux, on les employait à ti-
rer les Barons du feu...

L’annonce de la prise de Tananarive va
permettre à nos bureautins, faiseurs de pa-
triotisme à domicile, de s’attribuer les mé-
rites de la victoire. Triomphateurs à grand
fracas, ils pousseront des cris d’allégresse
comme s’ils avaient sauvé la Patrie, et exul-
teront de toutes les joies du Capitole. Puis
ils combleront de félicitations les survivants,
s’il en reste.

Et après? Eh bien! après, on utilisera
sans délai ce nouveau débouché qui s’ouvre
devant les fils à papa et les ratés de la di-
plomatie. Madagascar va devenir une pé-
pinière de hauts et puissants crétins, et
tout sera pour le mieux dans la meilleure
des colonies. Quand le Haut va, tout va.

Willy.
 
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