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https://doi.org/10.11588/diglit.25062#0590
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John Bull. — A oh very well! Maintenant que les Français
VOYEZ DONC CE REGARD 1
« M. Félix Faure est toujours le même. Peut-
être a-t-il un peu blanchi et s’est-il un peu
épaissi, mais il est toujours mis avec correction.
On a un peu blagué ses guêtres blanches, il
n’en avait pas; il a toujours l’allure dégagée et
engageante, le visage souriant.
« Et cependant ce n’est plus le même homme.
« Oui, il a quoique chose de changé, et ce
quelque chose, c'est l’œil, le regard. 11 ne pose
plus son regard sur son interlocuteur ou ses
interlocuteurs, il le porte par delà, perdu dans
le vague, cherchant des horizons, enveloppant
des ensembles. Ce regard m’a rappelé celui de
Napoléon III et de Boulanger. Serait-ce le regard
de la,fonction? » (M. Arthur Meyer).
Telle est la question (that is the question, comme dit lord Rose-
bery) que s’est posée le directeur du Gaulois à la dernière fête or-
anisée à la Galerie des Machines pour envoyer du chocolat et des
confitures aux morts'de Madagascar.
Le sens politique de notre éminent confrère ne l’a point trompé.
C’est bien le Regard de la Fonction ; c’est Le Regard, comme on
dit, tout court, dans les hautes sphères politiques.
11 n’v avait que M. Le y gués et M. Hanotaux qui fussent déposi-
taires de ce secret d’État. Mais puisqu’il vient d’être pénétré par
M. Arthur Meyer, autant aller jusqu’au bout et faire tout savoir.
Le Regard à servi en effet à Napoléon III. Mais comme l’empe-
reur en avait un peu abusé, il fallut le réparer après le 4 Septem-
bre. Heureusement il n’avait pas été emporté à Chislehurst, et il
fut retrouvé en assez bon état dans les ruines des Tuileries.
Si Gambetta ne fut pas Président de la République, ce fut uni-
quement parce qu’il était, comme on sait, légèrement borgne, et
que le Regard étant forcément double, ne put s’adapter à sa physio-
nomie.
. M. Wilson s’en servit abusivement pendant la Troisième Prési-
sidence, par économie. 11 le prêta même à Mme Limouzin pour des
ont conquis Madagascar, nous allons pouvoir y coloniser.
■ usages purement privés, et d’un ordre tel que nous ne pouvons
insister là-dessus. Lorsqu’il donna sa démission, M. Grévy ne
voulut pas le rendre ; il fallut presque le lui reprendre de force,
comme le grand collier de la Légion d’Honneur.
Lors de son passage au ministère de la guerre, le général Bou-
langer parvint à en faire faire, par surprise, une copie sculptée par
M. Marquet de Yasselot et peinte par M. Debat-Ponsan. Malgré
l’immense talent déployé par ces deux immenses artistes, ce
n’était pas ça tout à fait. Mais M. Arthur Meyer a pu y être
trompé avec bien d’autres.
A présent, le Regard est en d’excellentes mains, si l’on peut
parler ainsi. Avec ou sans guêtres, il est très bien porté par
M. Félix dans les grandes solennités.
. Félix dans les granaes suiemiuco.
11 y a un Conservateur du Regard, grassement payé il est vrai,
mais la fonction est délicate. Tous les matins, il doit visiter si le
Regard fonctionne à souhait, s’il cherche bien les horizons (ni
trop loin ni trop près, à peu près la distance de Paris au Havre),
s’il embrasse convenablement les ensembles, et seulement sur le
front. De temps en temps il doit le revernir, et en graisser le mé-
canisme.
Toutefois, le Regard commence à laisser à désirer. Les progrès
de la science permettraient depuis longtemps de doter l’Exécutif
d’un système beaucoup plus perfectionné, si la routine bien connue
de nos bureaux ne s’y était jusqu’ici opposée.
A l’occasion de l’Exposition de 1900, ou, au plus tard, lors de
l’inauguration de l’Opéra-Comique, on pourra voir fonctionner le
nouveau Regard avec application de lumière électrique.
Brillant, à longue portée, et
... Fixe comme un œil de chien.
mais, à part ça, très bien, très bien, comme dans la chanson de
Xanroff, il sera visible même la nuit, et remplacera avantageuse-
ment, du moins M. Leygues l’espère, l’œil de Dieu qui commence
probablement à être un peu vieillot. Jonh Falstaff.
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MAURtfE DUlÆ&J
John Bull. — A oh very well! Maintenant que les Français
VOYEZ DONC CE REGARD 1
« M. Félix Faure est toujours le même. Peut-
être a-t-il un peu blanchi et s’est-il un peu
épaissi, mais il est toujours mis avec correction.
On a un peu blagué ses guêtres blanches, il
n’en avait pas; il a toujours l’allure dégagée et
engageante, le visage souriant.
« Et cependant ce n’est plus le même homme.
« Oui, il a quoique chose de changé, et ce
quelque chose, c'est l’œil, le regard. 11 ne pose
plus son regard sur son interlocuteur ou ses
interlocuteurs, il le porte par delà, perdu dans
le vague, cherchant des horizons, enveloppant
des ensembles. Ce regard m’a rappelé celui de
Napoléon III et de Boulanger. Serait-ce le regard
de la,fonction? » (M. Arthur Meyer).
Telle est la question (that is the question, comme dit lord Rose-
bery) que s’est posée le directeur du Gaulois à la dernière fête or-
anisée à la Galerie des Machines pour envoyer du chocolat et des
confitures aux morts'de Madagascar.
Le sens politique de notre éminent confrère ne l’a point trompé.
C’est bien le Regard de la Fonction ; c’est Le Regard, comme on
dit, tout court, dans les hautes sphères politiques.
11 n’v avait que M. Le y gués et M. Hanotaux qui fussent déposi-
taires de ce secret d’État. Mais puisqu’il vient d’être pénétré par
M. Arthur Meyer, autant aller jusqu’au bout et faire tout savoir.
Le Regard à servi en effet à Napoléon III. Mais comme l’empe-
reur en avait un peu abusé, il fallut le réparer après le 4 Septem-
bre. Heureusement il n’avait pas été emporté à Chislehurst, et il
fut retrouvé en assez bon état dans les ruines des Tuileries.
Si Gambetta ne fut pas Président de la République, ce fut uni-
quement parce qu’il était, comme on sait, légèrement borgne, et
que le Regard étant forcément double, ne put s’adapter à sa physio-
nomie.
. M. Wilson s’en servit abusivement pendant la Troisième Prési-
sidence, par économie. 11 le prêta même à Mme Limouzin pour des
ont conquis Madagascar, nous allons pouvoir y coloniser.
■ usages purement privés, et d’un ordre tel que nous ne pouvons
insister là-dessus. Lorsqu’il donna sa démission, M. Grévy ne
voulut pas le rendre ; il fallut presque le lui reprendre de force,
comme le grand collier de la Légion d’Honneur.
Lors de son passage au ministère de la guerre, le général Bou-
langer parvint à en faire faire, par surprise, une copie sculptée par
M. Marquet de Yasselot et peinte par M. Debat-Ponsan. Malgré
l’immense talent déployé par ces deux immenses artistes, ce
n’était pas ça tout à fait. Mais M. Arthur Meyer a pu y être
trompé avec bien d’autres.
A présent, le Regard est en d’excellentes mains, si l’on peut
parler ainsi. Avec ou sans guêtres, il est très bien porté par
M. Félix dans les grandes solennités.
. Félix dans les granaes suiemiuco.
11 y a un Conservateur du Regard, grassement payé il est vrai,
mais la fonction est délicate. Tous les matins, il doit visiter si le
Regard fonctionne à souhait, s’il cherche bien les horizons (ni
trop loin ni trop près, à peu près la distance de Paris au Havre),
s’il embrasse convenablement les ensembles, et seulement sur le
front. De temps en temps il doit le revernir, et en graisser le mé-
canisme.
Toutefois, le Regard commence à laisser à désirer. Les progrès
de la science permettraient depuis longtemps de doter l’Exécutif
d’un système beaucoup plus perfectionné, si la routine bien connue
de nos bureaux ne s’y était jusqu’ici opposée.
A l’occasion de l’Exposition de 1900, ou, au plus tard, lors de
l’inauguration de l’Opéra-Comique, on pourra voir fonctionner le
nouveau Regard avec application de lumière électrique.
Brillant, à longue portée, et
... Fixe comme un œil de chien.
mais, à part ça, très bien, très bien, comme dans la chanson de
Xanroff, il sera visible même la nuit, et remplacera avantageuse-
ment, du moins M. Leygues l’espère, l’œil de Dieu qui commence
probablement à être un peu vieillot. Jonh Falstaff.
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