8
LE RIRE
N° 53
LA PLUXE ET LE BEAU TEMPS
On nous demande des explications sur le fonctionnement du
fameux Bureau de la Température de l'Observatoire, l'un des rares
endroits de Paris où la conversation ne risque jamais d'être banale,
les employés y évitant soigneusement de parler de la pluie et du
beau temps..
On est admis à concourir pour l'emploi de commis-rédacteur
quand on est bachelier, quand on parle—au choix — deux langues
vivantes, et quand on souffre — également au choix — de cors
aux pieds ou de rhumatismes, ces deux incommodités constituant
un élément précieux pour l'appréciation du temps qu'il fera.
Il faut en outre avoir une vue excellente, afin d'apercevoir le
drapeau de la Tour Eiffel, qui indique la direction du vent.
Si le temps est brumeux, on détermine la direction du vent, à
l'aide du doigt mouillé. On utilise dans ce cas deux magnifiques
appareils, qui ont coûté cinquante mille francs chacun à l'Observa-
toire; l'électro-mouilleur de doigts et le salivogène à air comprimé,
destiné à la production de la salive artificielle.
Le Bureau de la Température comprend encore deux subdivi-
sions : le Sous-Bureau de l'éducation des grenouilles, qu'on habitue
à monter sur une petite échelle les jours de beau temps, et le
Sous-Bureau du café sucré. On sait que, dans une tasse de café
sucré, de petites bulles jaunes se forment au centre ou à la péri-
phérie, selon qu'il fait beau ou mauvais temps.. La consultation du
café sucré a lieu tous les jours de midi et demi à trois heures,
dans des endroits publics avoisinant l'Observatoire. — \\on bon monsieur, si'ouplait.,.
^ n ■ j. ■ , , , , ~ ^Iais comment donc, mon brave!
Enfin un inspecteur et trois sous-inspecteurs sont charges de la
surveillance des baromètres, instruments capricieux, et dont on
a beaucoup de mal à obtenir un travail d'ensemble.
On recueille, à la fin de chaque journée, les appréciations des
différents éléments : cors aux pieds, rhumatismes, drapeau de la
Tour Eiffel, grenouilles, café sucré, et baromètres. On prend
l'avis de la majorité. Parfois il y a unanimité, et l'on s'en réjouit
à l'Observatoire, car, dans ce cas, on a cinq chances sur dix
d'indiquer exactement le temps qu'il fera.
Tristan Bernard.
— Hé! hé! Pas mauvaises ces lignes-là... Vivrez longtemps... Petites infir-
mités sans gravité... Ah !.... Méfiez-vous du Mont-de-Vénus... Deviendrez riche,
très riche....! C'est quarante sous que vous me devez.
Au Concert Lamoureux
L'ouvreuse du Cirque d'Été veut bien me communiquer, sous le
scel du secret, le programme du concert que M. Lamoureux con-
duira dimanche prochain :
L'éventreur. — Ouverture impromptu.
Bruits de coulissés. — Badinage pour trombones.
Allons, vite, au bloc ! — Marche pour violon.
La pomme d'Adam. — Méditation pour serpent.
Le pédicure de Londres. — Passe-pied pour cor anglais.
L'abandonnée. — Lamento (sans accompagnement, bien entendu).
La dernière pincée. — Transcription de Weber, pour harpe.
Le mat de cocagne. — Élévation pour hautbois.
Ja^1^^ M. Colonne crèvera de jalousie en apprenant que son concurrent
exécutera les morceaux précités, — que, pour le dire en passant,
— Le Rire peut fournir, à des prix qui défient toute concurrence,
— C'est égal, ma fille, vous pouvez vous vanter d'avoir profité à mon grâce à des sacrifices auprès duquel celui d'Abraham fut peu de
service. Avant, vous aviez de la mauvaise graisse. A présent, vous êtes chose.
tout nerfs. Willy.
LE RIRE
N° 53
LA PLUXE ET LE BEAU TEMPS
On nous demande des explications sur le fonctionnement du
fameux Bureau de la Température de l'Observatoire, l'un des rares
endroits de Paris où la conversation ne risque jamais d'être banale,
les employés y évitant soigneusement de parler de la pluie et du
beau temps..
On est admis à concourir pour l'emploi de commis-rédacteur
quand on est bachelier, quand on parle—au choix — deux langues
vivantes, et quand on souffre — également au choix — de cors
aux pieds ou de rhumatismes, ces deux incommodités constituant
un élément précieux pour l'appréciation du temps qu'il fera.
Il faut en outre avoir une vue excellente, afin d'apercevoir le
drapeau de la Tour Eiffel, qui indique la direction du vent.
Si le temps est brumeux, on détermine la direction du vent, à
l'aide du doigt mouillé. On utilise dans ce cas deux magnifiques
appareils, qui ont coûté cinquante mille francs chacun à l'Observa-
toire; l'électro-mouilleur de doigts et le salivogène à air comprimé,
destiné à la production de la salive artificielle.
Le Bureau de la Température comprend encore deux subdivi-
sions : le Sous-Bureau de l'éducation des grenouilles, qu'on habitue
à monter sur une petite échelle les jours de beau temps, et le
Sous-Bureau du café sucré. On sait que, dans une tasse de café
sucré, de petites bulles jaunes se forment au centre ou à la péri-
phérie, selon qu'il fait beau ou mauvais temps.. La consultation du
café sucré a lieu tous les jours de midi et demi à trois heures,
dans des endroits publics avoisinant l'Observatoire. — \\on bon monsieur, si'ouplait.,.
^ n ■ j. ■ , , , , ~ ^Iais comment donc, mon brave!
Enfin un inspecteur et trois sous-inspecteurs sont charges de la
surveillance des baromètres, instruments capricieux, et dont on
a beaucoup de mal à obtenir un travail d'ensemble.
On recueille, à la fin de chaque journée, les appréciations des
différents éléments : cors aux pieds, rhumatismes, drapeau de la
Tour Eiffel, grenouilles, café sucré, et baromètres. On prend
l'avis de la majorité. Parfois il y a unanimité, et l'on s'en réjouit
à l'Observatoire, car, dans ce cas, on a cinq chances sur dix
d'indiquer exactement le temps qu'il fera.
Tristan Bernard.
— Hé! hé! Pas mauvaises ces lignes-là... Vivrez longtemps... Petites infir-
mités sans gravité... Ah !.... Méfiez-vous du Mont-de-Vénus... Deviendrez riche,
très riche....! C'est quarante sous que vous me devez.
Au Concert Lamoureux
L'ouvreuse du Cirque d'Été veut bien me communiquer, sous le
scel du secret, le programme du concert que M. Lamoureux con-
duira dimanche prochain :
L'éventreur. — Ouverture impromptu.
Bruits de coulissés. — Badinage pour trombones.
Allons, vite, au bloc ! — Marche pour violon.
La pomme d'Adam. — Méditation pour serpent.
Le pédicure de Londres. — Passe-pied pour cor anglais.
L'abandonnée. — Lamento (sans accompagnement, bien entendu).
La dernière pincée. — Transcription de Weber, pour harpe.
Le mat de cocagne. — Élévation pour hautbois.
Ja^1^^ M. Colonne crèvera de jalousie en apprenant que son concurrent
exécutera les morceaux précités, — que, pour le dire en passant,
— Le Rire peut fournir, à des prix qui défient toute concurrence,
— C'est égal, ma fille, vous pouvez vous vanter d'avoir profité à mon grâce à des sacrifices auprès duquel celui d'Abraham fut peu de
service. Avant, vous aviez de la mauvaise graisse. A présent, vous êtes chose.
tout nerfs. Willy.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1895
Entstehungsdatum (normiert)
1890 - 1900
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 2.1895-1896, No. 53 (9 Novembre 1895), S. 8
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg