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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — 2.1895-1896 (Nr. 53-104)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16951#0025

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LA MAITRESSE

Par JULES RENARD

Illustrations de F. VALLOTTON

I

RÉTICENCES

MAURICE.

Comme je vous embrasserai !

BLANCHE^

Mon pauvre ami, ce qui nous arrive me désole, et je jure que je
ne m'y attendais pas. Je ne voyais en vous qu'un garçon bien élevé,
bon danseur, causeur agréable, mais sceptique. Je me disais :

— Il n'aimera jamais personne.

Sans penser à mal, je vous demandais de me reconduire et voici
que, tout à coup, vous m'aimez, vous souffrez et vous me faites
souffrir. Oh ! je m'en veux. J'ai été imprudente. Comment sortir
de là?

MAURICE.

Nous sommes à peine entrés. Pourquoi vous débattre ? C'est si
simple que vous m'aimiez et que je vous aime.

BLANCHE.

D'abord je n'ai pas dit que je vous aimais. Non, je ne l'ai pas dit.
J'ai seulement dit que vous me plaisiez autant qu'un autre.

MAURICE.

Vous vous reprenez vainement, trop tard. Moi je répète que je
vous aime, et vous aimerai autant que je pourrai, tout mon saoul,
et je vous défierai de rester froide. Comme vous devez être bonne
à embrasser !

BLANCHE.

Vous arrangez les eboses tout seul. Mais rien n'est convenu. Si,
pour ne point vous peiner, j'ai dit un mot de trop, je le regrette et
vous fais mes excuses.

MAURICE.

Je n'en veux pas. Je garde le mot de trop. Nevous défendez donc
plus. Ça froisse et on perd du temps.

BLANCHE.

Je lutte encore. J'ai mes raisons. Vous êtes tellement jeune!
plus jeune que moi. Quel âge avez-vous, au juste ?

MAURICE.

Un homme est toujours plus vieux qu'une femme.

BLANCHE.

Bon. Passons. Vous m'aimez maintenant. Je le crois. J'admets
que je vous aime. Ce sera sans doute un caprice pour vous, et
pour moi toute une affaire grave. Combien de temps ça durera-t-il?

MAURICE.

Vous désirez le savoir exactement, à une heure près.

BLANCHE.

Plaisantez. Je ne ris pas. Il s'agit peut-être de ma dernière pas-
sion. J'ai le droit de réfléchir.

MAURICE.

On dirait que vous parlez d'un embarquement. Chère belle
femme, je vous aimerai dix ans ou dix jours, sans tenir compte des
promesses. Certes, j'ai l'intention de vous aimer votre vie. Mais ça
dépend beaucoup de vous. Rendez-moi heureux, au plus vite, tout
de suite, et si vous me rendez bien, bien heureux, je me laisserai
retenir, et je prolongerai volontiers mon bonheur jusqu'à la mort.

BLANCHE.

Quel malheur I Vous m'effrayez et vous m'attirez. J'en pleurerais.

10, rue Saint-Joseph, 10

PARIS

Lesmanuscrits et dessins non
insérés ne sont pas rendus.

Qu'avais-je besoin de vous connaître ? J'étais tranquille. Me voilà
brisée.

MAURICE.

Voulez-vous vous asseoir un peu?

BLANCHE.

Croyez-vous qu'on puisse s'asseoir sans danger, sur un banc, à
une heure du matin ?

MAURICE.

Nous ne ferons pas de bruit.

II

LE NEZ DU GOUVERNEMENT

Pauline s'assied, inquiète et regarde autour d'elle. Personne.
A peine assis, ils se sentent gênés. Maurice n'ose pas « toucher »
déjà, en le faisant exprès. Les branches minces remuent dans l'air
doux. On distingue là-bas des monuments de Paris.

BLANCHE.

Oh ! ces deux ombres ! Allons-nous en. Si elles nous attaquaient.

MAURICE.

Ce sont deux sergents de ville.

BLANCHE.

Pourquoi s'approchent-elles ?

MAURICE.

Pour voir si nous nous endormons sur le banc.

BLANCHE.

On n'a donc pas le droit de dormir sur un banc?

MAURICE.

Non, ça fait du tort aux hôtels meublés et ça encourage l'assas-
sinat.

BLANCHE.

Marchons. Les deux ombres nous suivent-elles ? J'ai peur du
gouvernement.

MAURICE.

Quelle idée ? Vous connaissez le gouvernement?

BLANCHE.

Qui sait ? J'ai, comme tout le monde, des ennemis. L'un d'eux
peut être intime avec le préfet de police et me faire espionner.

MAURICE.

Vous dites cela sans rire. Vous n'êtes donc pas libre.

BLANCHE.

Si, de cœur, mais ne m'aliénez point le gouvernement.

MAURICE.

Entendu. Je comprends toutes les faiblesses. Où faut-il que je
vous ramène ?

BLANCHE.

A ma porte, s'il vous plaît.

MAURICE.

Encore un bout de promenade ?

Blanche veut bien; et ils tournent une fois de plus autour de
la maison où elle habite. La régularité de leur marche permet à
Maurice de « toucher » maintenant, sans qu'il y ait effronterie
de sa part. Ils vont au pas, la jambe droite de Blanche collée à la
jambe gauche de Maurice, au point qu'un instant elles font
frein, et qu'ils s'arrêtent, souriants, les yeux dans les yeux%
serrés, en effervescence, tout raides.

HZ-! _bU RIRE

JOURNAL HUMORISTIQUE ILLUSTRÉ PARAISSANT LE SAMEDI
M. Félix JUVEN, Directeur. — Partie trtittiqut : M. Artène ALEXANDRE
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Titel

Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Vallotton, Félix
Entstehungsdatum
um 1895
Entstehungsdatum (normiert)
1890 - 1900
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
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Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 2.1895-1896, No. 54 (16 Novembre 1895), S. 2

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