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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — 2.1895-1896 (Nr. 53-104)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16951#0355

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— Un macchabée de 25 francs! Oh, la la... J'ai pus de ces veines-là.

NATURE DOUBLE

Mon ami Antoine est ce qu'on appelle vulgairement un vieux
Parisien.

Il est né dans les environs de Dijon.

11 n'est pas parvenu du jour au lendemain à cette situation en
viable. Il a commencé par être un campagnard endurci.

Au fond, il l'est resté. C'est pourquoi il habite près du boulevard
Barbés.

Il y a deux hommes en lui.

Quand il n'était qu'un campagnard bourguignon, il rêvait de
vieillir à Paris, en faisant de la ferronnerie d'art, où il excelle. A
Paris, il attend tristement le jour où il pourra retourner s'endurcir
aux champs, dans une petite maison aux volets verts, pour peindre
le paysage, où il est de première force.

Le campagnard qui sommeille toute la semaine au fond de ce
vieux Parisien s'éveille le dimanche, dès la première heure,^qui
est midi.

Ce jour-là, mon ami Antoine part dans la banlieue. Il va manger
sur l'herbe.

A cet effet, il emporte du pâté de foie, ce qui est bien campa-
gnard, et de l'herbe, ce qui est bien parisien.

Son ceil.de paysagiste — le droit —et peut-être aussi son œil de
ferronnier — l'autre, je veux dire le gauche — lui apprirent com-
bien le gazon est rare aux environs de Paris.

Alors...

Il cultive dans des caisses, sur ses fenêtres, de l'herbe, rien que
de l'herbe.

Le dimanche, avec une petite faux artistement forgée par lui-
même, il en coupe une poignée ou deux et va l'étaler sur un pré
de la banlieue parisienne, afin de préserver son derrière du con-
tact d'une poussière fine mais désagréable...

Pour caractériser cette double nature, je pourrais multiplier les
exemples.

Mon ami Antoine raffole de la salade, en vrai campagnard. Mais
il aime surtout manger de la barbe-de-capucin, moins parce qu'il a

— Surtout ne dites pas aux autres bonnes de la maison que vous êtes
notre cousine.

lu Voltaire, ce qui serait déjà très parisien, que parce qu'on la fait
blanchir à l'ombre...

Il y a deux hommes en lui, disais-je plus haut, peut-être trois,
comme dans la plupart de ses contemporains, et peut-être ne faut-il
pas chercher ailleurs les causes de la dépopulation dans notre
malheureux pays.

Jean Goudezki.

— Et alors, sous le prétexte que t'es ma fille, tu viendrais à mes tables
chaque fois que t'as pas l'rond ! Demande donc à ta mère si elle s'est
jamais permis çà !
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