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Le rire: journal humoristique — 2.1895-1896 (Nr. 53-104)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16951#0391

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2

LE

RIRE

LE LOCATAIRE

L'origine des repas, a dit quelqu'un, remonte à la plus haute an-
tiquité.
Il faut nous en féliciter.

Je demanderai la permission de me congratuler particulière-
ment à ce sujet; l'histoire que je vais avoir l'honneur de conter se
passe dans un restaurant. Il saute aux yeux (mettez la main sur les
vôtres, pour les protéger) que les restaurants né'serviraient pas à
grand'chose, si l'on n'y prenait des repas.

On serait obligé d'utiliser toutes ces salles en y donnant des
conférences sur Ibsen.

J'aime mieux ne pas y penser.

Mais, en attendant que les Duval boivent ce bouillon, revenons
à notre histoire par le chemin le pins court, en évitant les rues
encombrées.
Il était assis au fond d'un restaurant modeste.
Je vous vois venir. Vous allez me demander de quel droit j'at-
tribue la modestie à ce restaurant. Un restaurant n'est pas une
jeune fille. C'est entendu. Mon Dieu! qu'il est insupportable d'être
interrompu ainsi hors de tous propos.

La façon dont il mangeait son fromage à la crème me prit le
cœur. Il est impossible de rêver des mouvements plus ingénieux.
Il pétrissait dans son assiette à filets dorés la masse suave et
molle; puis, soudain, la lançait dans sa bouche, d'un geste, comme
les maçons le plâtre frais.

M. DURAND FAIT

« Monsieur, fis-je, vous construisez sans doute. Est-ce une pa-
gode japonaise, ou la petite maison aux volets verts? »

Il me répondit : « Je regrette vivement que chacun ne puisse
bâtir sa maison au-dedans do lui. Les lois sont mal faites. Depuis
cinq semaines je cherche un logement. Je n'ai pu trouver ce que
je voulais. J'avais donné congé du dernier parce que les cheminées
fumaient et que la concierge prisait. D'ailleurs nous étions dans
les meilleurs termes. Je lui en dois trois. »

Il continua sans effort apparent: « Savez-vous ce que j'ai été obligé
de faire ? — Vous savez l'usage. On visite des appartements. —
Dans celui-ci la chambre est trop petite ou le vestibule dans celui-là
revêt une forme géométrique qui ne nous plaît pas. — Une pièce
isolée vous plaît. Le reste est absurde. — Voici ce que j'ai fait,
monsieur : j'ai dispersé mon appartement. » — Sur mon insis-
tance :

« Oui, j'ai pris chaque pièce isolée où je l'ai trouvée. Rue Le-
gendre, ma bonne fortune m'a l'ait avoir un vestibule merveilleux
au fond d'un couloir. Les privés sont aux Batignolles, tout près de
là. La salle à manger se trouve au troisième étage de la maison
neuve qui fait le coin de la rue Drouot et de la rue Mouffetard.
Avec les facilité de transport qu'on a maintenant dans Paris, c'est
un jeu pour moi de me transporter d'un bout à l'autre de l'appar-
tement. »

— Et la cuisine, fis-je, la cuisine? L'avez-vous trouvée qui vous
convienne dans le même immeuble que la salle à manger?

— Oh ! pour la cuisine, répondit-il, je n'ai rien pu avoir de con-
venable dans Paris même. Celle que j'ai louée est dans un village,
à une heure à peine de Mantes, en chemin de fer.

— Ce doit être bien incommode, fis-je simplement.

Gabriel de Lautrec.

SA DIGESTION

Dessin de B. Radier.
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