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https://doi.org/10.11588/diglit.16951#0608
Les Horreurs de la. "Vie
i
LE COIFFEUR
cho.
théâtre de Montmartre un drame intitulé Lazare le Pâtre,
drame dans lequel un personnage contrefait le muet pendant
cinq grands actes palpitants d'intérêt.
Pourquoi ne ferai-je pas de môme ?
ongtemps le coiffeur s'était payé ma J'entrai dans un café, je demandai un bock et de quoi
I^tête. J'en avais assez. Je lui exprimai écrire> Puis JQ confectionnai une pancarte ainsi conçue : Je
le dégoût que j'avais de sa personne SfUS sourd et muet. Cheveux et barbe. Schampoing. Et je me
et de ses discours, et je sortis dans précipitai chez un coiffeur inconnu.
la rue en sifflant un air de pê- L'homme de l'art me présenta une chaise et comme je
lui tendais ma pancarte, sa figure eut un éclair de joie.
_ Qh | m'écriai-je trouver ^ Pr^ un cravon e' griffonna quelques mots au bas de ma
un coiffeur qui ne parle prose.
pas, être rasé par lui Plein «"épouvante, je lus: « Sourd et muet! Quelle chance,
et mourir après! mot auss^ •' Nous allons donc pouvoir causer. »
Je n'avais pas
plutôt prononcé ces
paroles qu'une idée
pétilla, crépita et
lança sa flamme
claire. J'avais
vu jouer au
II
LE CONCIERGE
ou de rage, je me précipitai chez mon concierge et je
W lui criai :
— Monsieur, c'est intolérable, votre maison est une boîte,
votre propriétaire est un vandale. Ma patience aura un
terme. Je ne puis rester dans une baraque où l'eau des toi-
tures suinte des plafonds et inonde les tapis des parquets, où
des gaz méphitiques s'échappent sournoise-
ment des water-closets pour envahir les
appartements, où...
Le concierge ne me laissa pas ache-
ver. Illuminé d'un triomphal sourire,
il me prit la main et me conduisit
vers un écriteau où luisaient en
indubitables lettres ces mots
révélateurs :
Eau et gaz
à tous
les étages.
Le lache
Anonyme.
Il
L'AMATEUR DE MOLLETS Dessin de M. Radiguet.
i
LE COIFFEUR
cho.
théâtre de Montmartre un drame intitulé Lazare le Pâtre,
drame dans lequel un personnage contrefait le muet pendant
cinq grands actes palpitants d'intérêt.
Pourquoi ne ferai-je pas de môme ?
ongtemps le coiffeur s'était payé ma J'entrai dans un café, je demandai un bock et de quoi
I^tête. J'en avais assez. Je lui exprimai écrire> Puis JQ confectionnai une pancarte ainsi conçue : Je
le dégoût que j'avais de sa personne SfUS sourd et muet. Cheveux et barbe. Schampoing. Et je me
et de ses discours, et je sortis dans précipitai chez un coiffeur inconnu.
la rue en sifflant un air de pê- L'homme de l'art me présenta une chaise et comme je
lui tendais ma pancarte, sa figure eut un éclair de joie.
_ Qh | m'écriai-je trouver ^ Pr^ un cravon e' griffonna quelques mots au bas de ma
un coiffeur qui ne parle prose.
pas, être rasé par lui Plein «"épouvante, je lus: « Sourd et muet! Quelle chance,
et mourir après! mot auss^ •' Nous allons donc pouvoir causer. »
Je n'avais pas
plutôt prononcé ces
paroles qu'une idée
pétilla, crépita et
lança sa flamme
claire. J'avais
vu jouer au
II
LE CONCIERGE
ou de rage, je me précipitai chez mon concierge et je
W lui criai :
— Monsieur, c'est intolérable, votre maison est une boîte,
votre propriétaire est un vandale. Ma patience aura un
terme. Je ne puis rester dans une baraque où l'eau des toi-
tures suinte des plafonds et inonde les tapis des parquets, où
des gaz méphitiques s'échappent sournoise-
ment des water-closets pour envahir les
appartements, où...
Le concierge ne me laissa pas ache-
ver. Illuminé d'un triomphal sourire,
il me prit la main et me conduisit
vers un écriteau où luisaient en
indubitables lettres ces mots
révélateurs :
Eau et gaz
à tous
les étages.
Le lache
Anonyme.
Il
L'AMATEUR DE MOLLETS Dessin de M. Radiguet.