— Bon dieu ! Si n' pleut pas, c'est rudement bien imité !
Préceptes du vieux Soldat
Conseils de (Piquemouche l'Ancien
à (Polochon le (Bleu
En arrivant au corps, lorsqu'on t'habille, évite les réflexions sur
la coupe et la couleur des vêtements. Il est de mauvais goût de
s'écrier : « N'auriez-vous pas une couleur plus sombre ? quelque
chose de plus solide pour l'hiver? » Outre que cela pourrait blesser
l'amour-propre des gens qui se vêtent ainsi, il faut montrer une
certaine discrétion lorsqu'on est habillé pour rien. Par contre, il
est bien vu de s'écrier en se déchaussant : « Vivent les Russes ! »
Quand on te demandera ton nom, il n'est pas poli de répondre :
« Je m'appelle pas, quand on me veut on vient me chercher. »
En arrivant, lorsqu'on t'enverra quérir le moule à veste, ne le
cherche que dans ton imagination, car c'est un être fictif. Il te sera
permis, de même, de manger la soupe qu'on t'enverra porter aux
silhouettes du champ de tir, car ce sont des êtres sobres et coura-
geux qui ne se nourrissent que de balles et de leurs peaux le reste
du temps.
C'est à la cantine que tu sentiras toute la supériorité de l'infan-
terie sur la cavalerie. Tandis que le cheval mord le cavalier, le fan-
tassin mord le cheval. Ne t'y étonne pas du prix exorbitant des
œufs, ils sont comptés comme poulets. N'affecte pas un air dégagé
et sautillant si, dans une revue de détail, il te manque une aiguille,
tu serais accusé de l'avoir vendue pour boire.
Si d'hasard on te punit de salle de police, ne réponds pas joyeuse-
ment: « Tiens, ça me va, d'aller ce soir au Casino, il paraît qu'on
joue « les soldats martyrs », ça m'intéresse ». — Si tu te plains, on
t'enverra nettoyer les murs des escaliers, c'est ce qu'on appelle
pousser des plinthes au pétrole.
Dans une revue, évite de te retourner pour voir si ton fusil est
bien sur ton épaule, en tâtant avec la main, tu l'y trouveras certai-
nement. — Quand, au service en campagne, on t'enverra faire une
patrouille, ne dis pas en revenant: « Mon lieutenant, je n'ai pas vu
un seul lapin », mais bien : « Pas un seul ennemi ». Aux manœu-
vres, quand depuis une heure tu essuies un feu terrible, ne dis pas:
« En temps de guerre, nous serions tous tués depuis longtemps. »
Ce n'est pas vrai, car en temps de guerre on ne t'aurait pas placé
là. — Lorsque ton colonel s'écriera : « Vous marchez comme des
escargots qui reviennent des fraises », ne prends pas la chose au
pied de la lettre, les escargots n'ayant pas de pattes.
Au tir, quand tu manques le but, ne regarde pas dans ton fusil
pour voir si la balle y est restée, elle est dans la butte de tir.
Ne t'indigne pas si tes camarades se sont servis de ta brosse à
dents, le tripoli n'est pas un poison.
Quand tu marches sur la route, ne t'obstine pas à vouloir éviter
les épines que tu crois y voir, mais à la première pause, déchausse-
toi et perce ton ampoule. En manœuvres, ne te retourne pas en
colère pour savoir ce qu'un mauvais plaisant t'a accroché dans le
dos, ce n'est que ton sac.
Quand tu pars, ne dis pas : « Plus jamais je ne ferai ce métier-là. »
Tu as encore tes vingt-huit jours.
G. de Pawlqwski.
Préceptes du vieux Soldat
Conseils de (Piquemouche l'Ancien
à (Polochon le (Bleu
En arrivant au corps, lorsqu'on t'habille, évite les réflexions sur
la coupe et la couleur des vêtements. Il est de mauvais goût de
s'écrier : « N'auriez-vous pas une couleur plus sombre ? quelque
chose de plus solide pour l'hiver? » Outre que cela pourrait blesser
l'amour-propre des gens qui se vêtent ainsi, il faut montrer une
certaine discrétion lorsqu'on est habillé pour rien. Par contre, il
est bien vu de s'écrier en se déchaussant : « Vivent les Russes ! »
Quand on te demandera ton nom, il n'est pas poli de répondre :
« Je m'appelle pas, quand on me veut on vient me chercher. »
En arrivant, lorsqu'on t'enverra quérir le moule à veste, ne le
cherche que dans ton imagination, car c'est un être fictif. Il te sera
permis, de même, de manger la soupe qu'on t'enverra porter aux
silhouettes du champ de tir, car ce sont des êtres sobres et coura-
geux qui ne se nourrissent que de balles et de leurs peaux le reste
du temps.
C'est à la cantine que tu sentiras toute la supériorité de l'infan-
terie sur la cavalerie. Tandis que le cheval mord le cavalier, le fan-
tassin mord le cheval. Ne t'y étonne pas du prix exorbitant des
œufs, ils sont comptés comme poulets. N'affecte pas un air dégagé
et sautillant si, dans une revue de détail, il te manque une aiguille,
tu serais accusé de l'avoir vendue pour boire.
Si d'hasard on te punit de salle de police, ne réponds pas joyeuse-
ment: « Tiens, ça me va, d'aller ce soir au Casino, il paraît qu'on
joue « les soldats martyrs », ça m'intéresse ». — Si tu te plains, on
t'enverra nettoyer les murs des escaliers, c'est ce qu'on appelle
pousser des plinthes au pétrole.
Dans une revue, évite de te retourner pour voir si ton fusil est
bien sur ton épaule, en tâtant avec la main, tu l'y trouveras certai-
nement. — Quand, au service en campagne, on t'enverra faire une
patrouille, ne dis pas en revenant: « Mon lieutenant, je n'ai pas vu
un seul lapin », mais bien : « Pas un seul ennemi ». Aux manœu-
vres, quand depuis une heure tu essuies un feu terrible, ne dis pas:
« En temps de guerre, nous serions tous tués depuis longtemps. »
Ce n'est pas vrai, car en temps de guerre on ne t'aurait pas placé
là. — Lorsque ton colonel s'écriera : « Vous marchez comme des
escargots qui reviennent des fraises », ne prends pas la chose au
pied de la lettre, les escargots n'ayant pas de pattes.
Au tir, quand tu manques le but, ne regarde pas dans ton fusil
pour voir si la balle y est restée, elle est dans la butte de tir.
Ne t'indigne pas si tes camarades se sont servis de ta brosse à
dents, le tripoli n'est pas un poison.
Quand tu marches sur la route, ne t'obstine pas à vouloir éviter
les épines que tu crois y voir, mais à la première pause, déchausse-
toi et perce ton ampoule. En manœuvres, ne te retourne pas en
colère pour savoir ce qu'un mauvais plaisant t'a accroché dans le
dos, ce n'est que ton sac.
Quand tu pars, ne dis pas : « Plus jamais je ne ferai ce métier-là. »
Tu as encore tes vingt-huit jours.
G. de Pawlqwski.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
- Bon dieu! Si n'pleut pas, c'est rudement bien imité!
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Kommentar
unidentifzierte Signatur
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 3.1896-1897, No. 116 (23 Janvier 1897), S. 2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg