AU THÉAT(RE
Snob vient d'être représenté à la Renaissance avec beaucoup de
faveur.
11 n'y a pas de mot à la mode plus souvent prononcé que celui de
Snob, et il y en a peu dont ceux qui le prononcent connaissent
moins le sens. On cherche partout une définition. 11 n'y avait pas à
aller très loin pour la trouver : on n'avait qu'à prendre, à ouvrir
Chez les Snobs, de notre ami et collaborateur Pierre Veber, de qui,
soit dit en passant, l'Odéon vient de jouer avec beaucoup de succès
un charmant acte, Dix ans après.
Voici ce qu'on aurait trouvé : « Les Snobs sont ceux qui, en tout et
pour tout portent la dernière <« dernière mode » ; ce sontaussi les gens
qui veulent tout comprendre ou, chose bien différente, paraître tout
comprendre ; ce sont encore les « chercheurs d'inédit » peut-être, à
moins qu'ils ne soient les suiveurs d'inédit. Ce sont ceux qui n'es-
timent que le rare et le précieux, et tombent ainsi dans l'extrava-
gant ; ce sont les badauds qui se laissent égarer par une réclame
bien machinée; ce sont aussi les crédules qui se prennent à toute
affectation d'étrangeté et de cosmopolitisme. Mais ce n'est pas encore
cela et ii y a de tout cela. »
En effet il y a autre chose encore : le Snob est aussi celui qui, par
mode et par ce qu'il croit le bon ton, fait passer des sentiments arti-
ficiels avant ses propres et naturels sentiments. Tel est le cas du
Snob que M. Gustave Guiches a mis en scène dans sa spirituelle
comédie, et qui, homme d'esprit, écrivain de talent, très brave
homme au fond, trompe par snobisme une femme bonne, simple et
charmante, avec une duchesse académique.
Ce Snob, il est vrai, fait une bonne petite cure de nature et revient
à sa gentille femme après que celle-ci a failli, seulement failli, merci
mon Dieu, lui rendre la pareille.
La pièce est mise en scène de façon délicieuse : il y a entre autres
un certain concert mondain, qui est la plus naturelle et la plus gaie
des parodies.
Mais l'interprétation ! De tout premier ordre. Quel excellent et
parfait acteur que ce Guitry! C'est la vie même dont il sait donner
l'illusion avec une finesse et une désinvolture uniques.
LE MAT DE COCAGNE DU MARIAGE
OU LE PRINCIPAL INCONVÉNIENT
{Barcelona Comica.)
Et Granier? Granier, mais c'est, comme nous avons eu déjà l'hon-
neur de vous le dire lors d'Amants, une grande comédienne, une
des premières de ce temps. Après avoir été naguère la gaieté en-
diablée, la grâce et la fantaisie capiteuse, c'est la bonne grâce en
personne, la sensibilité vraie, émouvante sans effort, touebante sans
grimace. Tout ce qu'elle fait a des airs de déjà vécu, tout ce qu'elle
dit des accents de profondément ressenti.
Aussi formulerons-nous nettement ce que nous disions par allusion
dans notre dernier article : c'est à la Comédie-Française qu'est la
place de cette artiste, et c'est là qu'elle remportera des succès égaux
à tous ses succès passés quoique d'un autre genre. .Vous verrez
qu'un de ces jours, le Rire, ce petit journal pas sérieux — et c'est
son devoir — aura été sérieux en cette circonstance-ci, et sera
tout fier d'avoir le premier demandé, — ou prédit, — la Comédie-
Française pour Jeanne Granier. M. R.
— Je ne sais pas ce que j'ai mangé, docteur, mais ça ne passe pas.
— Vous avez mangé une pièce du pape I Dessin de G. De
Snob vient d'être représenté à la Renaissance avec beaucoup de
faveur.
11 n'y a pas de mot à la mode plus souvent prononcé que celui de
Snob, et il y en a peu dont ceux qui le prononcent connaissent
moins le sens. On cherche partout une définition. 11 n'y avait pas à
aller très loin pour la trouver : on n'avait qu'à prendre, à ouvrir
Chez les Snobs, de notre ami et collaborateur Pierre Veber, de qui,
soit dit en passant, l'Odéon vient de jouer avec beaucoup de succès
un charmant acte, Dix ans après.
Voici ce qu'on aurait trouvé : « Les Snobs sont ceux qui, en tout et
pour tout portent la dernière <« dernière mode » ; ce sontaussi les gens
qui veulent tout comprendre ou, chose bien différente, paraître tout
comprendre ; ce sont encore les « chercheurs d'inédit » peut-être, à
moins qu'ils ne soient les suiveurs d'inédit. Ce sont ceux qui n'es-
timent que le rare et le précieux, et tombent ainsi dans l'extrava-
gant ; ce sont les badauds qui se laissent égarer par une réclame
bien machinée; ce sont aussi les crédules qui se prennent à toute
affectation d'étrangeté et de cosmopolitisme. Mais ce n'est pas encore
cela et ii y a de tout cela. »
En effet il y a autre chose encore : le Snob est aussi celui qui, par
mode et par ce qu'il croit le bon ton, fait passer des sentiments arti-
ficiels avant ses propres et naturels sentiments. Tel est le cas du
Snob que M. Gustave Guiches a mis en scène dans sa spirituelle
comédie, et qui, homme d'esprit, écrivain de talent, très brave
homme au fond, trompe par snobisme une femme bonne, simple et
charmante, avec une duchesse académique.
Ce Snob, il est vrai, fait une bonne petite cure de nature et revient
à sa gentille femme après que celle-ci a failli, seulement failli, merci
mon Dieu, lui rendre la pareille.
La pièce est mise en scène de façon délicieuse : il y a entre autres
un certain concert mondain, qui est la plus naturelle et la plus gaie
des parodies.
Mais l'interprétation ! De tout premier ordre. Quel excellent et
parfait acteur que ce Guitry! C'est la vie même dont il sait donner
l'illusion avec une finesse et une désinvolture uniques.
LE MAT DE COCAGNE DU MARIAGE
OU LE PRINCIPAL INCONVÉNIENT
{Barcelona Comica.)
Et Granier? Granier, mais c'est, comme nous avons eu déjà l'hon-
neur de vous le dire lors d'Amants, une grande comédienne, une
des premières de ce temps. Après avoir été naguère la gaieté en-
diablée, la grâce et la fantaisie capiteuse, c'est la bonne grâce en
personne, la sensibilité vraie, émouvante sans effort, touebante sans
grimace. Tout ce qu'elle fait a des airs de déjà vécu, tout ce qu'elle
dit des accents de profondément ressenti.
Aussi formulerons-nous nettement ce que nous disions par allusion
dans notre dernier article : c'est à la Comédie-Française qu'est la
place de cette artiste, et c'est là qu'elle remportera des succès égaux
à tous ses succès passés quoique d'un autre genre. .Vous verrez
qu'un de ces jours, le Rire, ce petit journal pas sérieux — et c'est
son devoir — aura été sérieux en cette circonstance-ci, et sera
tout fier d'avoir le premier demandé, — ou prédit, — la Comédie-
Française pour Jeanne Granier. M. R.
— Je ne sais pas ce que j'ai mangé, docteur, mais ça ne passe pas.
— Vous avez mangé une pièce du pape I Dessin de G. De
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Kommentar
Signatur
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)