— Combien les violettes?
— Vingt-cinq centimes.
— Oh : la peau!
— Avec la peau, c'est plus cher.
Dessin de E. Lempereuh.
NOUVEAUX CABARETS ARTISTIQUES
Je ne sais plus au juste quel chroniqueur sévère, Henry Bauer je
crois, déplorait l'autre jour la mort du Chat Noir et la création d'in-
nombrables souris-caboulots chantant depuis qu'il n'est plus. Il faut
reconnaître que, pour la plupart, ces établissements artistiques n'ont
pas donné tout ce qu'on attendait d'eux, la qualité des consomma-
tions ne s'y étant pas sensiblement améliorée. Mais ce serait être
injuste pour l'Art et peu au courant des nouveautés parisiennes que
de ne pas reconnaître par contre, le haut mérite artistique des
innovations d'Art qui vont être prochainement tentées. Jusqu'à
présent une certaine timidité, excusable pour de premiers débuts, a
retenu l'élan artistique des directeurs de cabarets.
Les clients n'ont jamais été atteints que par des paroles. C'était un
plaisir toujours artistique et charmant que de s'entendre dire en
entrant, ce mot vieux comme Cambronne, auquel de jeunes auteurs
n'ont fait que donner un R nouveau, ou de se voir comparé à ces
mammifères doux et gras, auxquels nous devons les jambons de
Pâques, et, parait-il, un obscur instinct qui sommeille en nous. Mais,
tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se lasse, les clients se fati-
guent de toujours entendre les mêmes épithètes familières, ils com-
mencent à savoir à quoi s'en tenir sur l'accueil plein d'esprit que
leur réservent les cabaretiers, il leur faut du nouveau, c'est ce qu'ont
— J'ai eu tort de négliger la peinture étant jeune. C'est un art bien
intéressant.
si bien compris les directeurs des nouveaux cabarets artistiques,
dont la devise sera « l'Art pour lards » et « Pas de paroles mais des
actes I » — Tout d'abord, dès le mois prochain sera fondée « La
Boîte à ordures. » Les chansons seront remplacées par des onoma-
topées bizarres, telles que « Laïtrou, laïtrou, rikiki, peau de
lapin, etc. Une pantomime expressive permettra de donner à ces
paroles un sens adapté au goût (artistique) de chacun. Mais les
vraies innovations (d'Art), seront présentées dans deux cabarets
(artistiques) qui feront fureur : UÉgout et ['Hôtel meublé.
Le premier sera un long souterrain rempli d'immondices. Il sera
de bon goût d'y venir en habit et en toilette de bal, pour s'y faire
couvrir de détritus de toutes sortes par les employés de la maison
habillés en égoutiers. Cela demandera une certaine force de carac-
tère, que tout Parisien digne de ce nom, aura à cœur de montrer.
Quant à VHôtel meublé, il présentera une tentative d'art encore
plus raffinée. Cet établissement sera réservé aux familles. Chaque
chansonnier aura une chambre particulière, et ne se fera entendre
qu'à une personne à la fois, de manière à produire un effet intime-
ment artistique. Seuls, les maris accompagnant leurs femmes, seront
tenus de rester dans la salle commune, où on leur fera entendre
quelques chants de circonstance. L'art on le voit est loin d'avoir dit
son dernier mot, que les chroniqueurs se rassurent, le vieil esprit
gaulois n'est pas mort, et l'originalité de ses innovations saura bien
faire taire sous peu les méchantes langues.
W. de Pawlowski.
— Vingt-cinq centimes.
— Oh : la peau!
— Avec la peau, c'est plus cher.
Dessin de E. Lempereuh.
NOUVEAUX CABARETS ARTISTIQUES
Je ne sais plus au juste quel chroniqueur sévère, Henry Bauer je
crois, déplorait l'autre jour la mort du Chat Noir et la création d'in-
nombrables souris-caboulots chantant depuis qu'il n'est plus. Il faut
reconnaître que, pour la plupart, ces établissements artistiques n'ont
pas donné tout ce qu'on attendait d'eux, la qualité des consomma-
tions ne s'y étant pas sensiblement améliorée. Mais ce serait être
injuste pour l'Art et peu au courant des nouveautés parisiennes que
de ne pas reconnaître par contre, le haut mérite artistique des
innovations d'Art qui vont être prochainement tentées. Jusqu'à
présent une certaine timidité, excusable pour de premiers débuts, a
retenu l'élan artistique des directeurs de cabarets.
Les clients n'ont jamais été atteints que par des paroles. C'était un
plaisir toujours artistique et charmant que de s'entendre dire en
entrant, ce mot vieux comme Cambronne, auquel de jeunes auteurs
n'ont fait que donner un R nouveau, ou de se voir comparé à ces
mammifères doux et gras, auxquels nous devons les jambons de
Pâques, et, parait-il, un obscur instinct qui sommeille en nous. Mais,
tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se lasse, les clients se fati-
guent de toujours entendre les mêmes épithètes familières, ils com-
mencent à savoir à quoi s'en tenir sur l'accueil plein d'esprit que
leur réservent les cabaretiers, il leur faut du nouveau, c'est ce qu'ont
— J'ai eu tort de négliger la peinture étant jeune. C'est un art bien
intéressant.
si bien compris les directeurs des nouveaux cabarets artistiques,
dont la devise sera « l'Art pour lards » et « Pas de paroles mais des
actes I » — Tout d'abord, dès le mois prochain sera fondée « La
Boîte à ordures. » Les chansons seront remplacées par des onoma-
topées bizarres, telles que « Laïtrou, laïtrou, rikiki, peau de
lapin, etc. Une pantomime expressive permettra de donner à ces
paroles un sens adapté au goût (artistique) de chacun. Mais les
vraies innovations (d'Art), seront présentées dans deux cabarets
(artistiques) qui feront fureur : UÉgout et ['Hôtel meublé.
Le premier sera un long souterrain rempli d'immondices. Il sera
de bon goût d'y venir en habit et en toilette de bal, pour s'y faire
couvrir de détritus de toutes sortes par les employés de la maison
habillés en égoutiers. Cela demandera une certaine force de carac-
tère, que tout Parisien digne de ce nom, aura à cœur de montrer.
Quant à VHôtel meublé, il présentera une tentative d'art encore
plus raffinée. Cet établissement sera réservé aux familles. Chaque
chansonnier aura une chambre particulière, et ne se fera entendre
qu'à une personne à la fois, de manière à produire un effet intime-
ment artistique. Seuls, les maris accompagnant leurs femmes, seront
tenus de rester dans la salle commune, où on leur fera entendre
quelques chants de circonstance. L'art on le voit est loin d'avoir dit
son dernier mot, que les chroniqueurs se rassurent, le vieil esprit
gaulois n'est pas mort, et l'originalité de ses innovations saura bien
faire taire sous peu les méchantes langues.
W. de Pawlowski.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)