— Comment! t'as pas l'sou et il te faudrait une femme qui te fasse honneur tout en respectant ton honneur!
LA MONTAGNE A PA^ïS
Je n'est un secret pour personne que depuis fort longtemps le
ministère de la Marine projette « Paris port de mer ». Heureuse-
ment, quand on projette au ministère de la Marine, tout le monde
peut dormir tranquille.
Sans quoi, vous voyez d'ici la mer venant ouvrir une déloyale
concurrence à notre vieux bras de Seine, l'humilier chezjui et, qui
sait, peut-être le faire sortir de son caractère et de son lit pour s'y
substituer! Supposez un instant qu'on tire la mer par la Manche,
qu'arrivera-t-il? Vous vous en doutez un peu : l'Océan, puis la Médi-
terranée ne voudront plus vivre en province, il y aura des jalousies,
des compétitions; un beau jour ils débarqueront ici et seront sur le
pavé.
Toujours la fâcheuse centralisation, comme si toutes les places
n'étaient déjà pas suffisamment encombrées.
Ça ferait probablement augmenter le nombre des maquereaux
sans diminuer la morue; et puis après?...
Dessin de M. Radiguet.
Pour moi, je trouve que-la mer sent trop le goudron et d'ailleurs
le bassin de la place Saint-Georges ne vous suffit-il pas?
La mine au mineur, la mer à ses enfants et à ses côtes et n'en
parlons plus.
Parlons plutôt d'une idée qui m'est venue et qui vous semblera
sans doute, comme à moi-même, autrement géniale.
Des savants ayant récolté quelques litres d'air à 400 mètres d'al-
titude au-dessus du niveau de Paris, constatèrent avec un beau
calme scientifique que cet air était aussi pur que celui respiré par
les habitants (?) des plus hautes cimes montagneuses du glo"be.
Cette révélation me plongea la tête dans les mains pendant près
de vingt-quatre heures, après quoi je me trouvai résolu à mettre les
vieux Parisiens, mes frères(l), à même de profiter d'une atmosphère
si tonique et garantie par le laboratoire municipal.
Ça vaudra bien, pensai-je, les petits trous pas'chers où ils ne
peuvent même pas aller. Sans quitter leurs femmes, leurs affaires
ou leurs maîtresses, les phtisiques, les scrofuleux, les anémiques
(1) Quand je parle des vieux Parisiens, j'entends ceux qui comme moi sont
nés en Ardennes, à Oran ou à Carpentras : les autres ne m'intéressent pas.
LA MONTAGNE A PA^ïS
Je n'est un secret pour personne que depuis fort longtemps le
ministère de la Marine projette « Paris port de mer ». Heureuse-
ment, quand on projette au ministère de la Marine, tout le monde
peut dormir tranquille.
Sans quoi, vous voyez d'ici la mer venant ouvrir une déloyale
concurrence à notre vieux bras de Seine, l'humilier chezjui et, qui
sait, peut-être le faire sortir de son caractère et de son lit pour s'y
substituer! Supposez un instant qu'on tire la mer par la Manche,
qu'arrivera-t-il? Vous vous en doutez un peu : l'Océan, puis la Médi-
terranée ne voudront plus vivre en province, il y aura des jalousies,
des compétitions; un beau jour ils débarqueront ici et seront sur le
pavé.
Toujours la fâcheuse centralisation, comme si toutes les places
n'étaient déjà pas suffisamment encombrées.
Ça ferait probablement augmenter le nombre des maquereaux
sans diminuer la morue; et puis après?...
Dessin de M. Radiguet.
Pour moi, je trouve que-la mer sent trop le goudron et d'ailleurs
le bassin de la place Saint-Georges ne vous suffit-il pas?
La mine au mineur, la mer à ses enfants et à ses côtes et n'en
parlons plus.
Parlons plutôt d'une idée qui m'est venue et qui vous semblera
sans doute, comme à moi-même, autrement géniale.
Des savants ayant récolté quelques litres d'air à 400 mètres d'al-
titude au-dessus du niveau de Paris, constatèrent avec un beau
calme scientifique que cet air était aussi pur que celui respiré par
les habitants (?) des plus hautes cimes montagneuses du glo"be.
Cette révélation me plongea la tête dans les mains pendant près
de vingt-quatre heures, après quoi je me trouvai résolu à mettre les
vieux Parisiens, mes frères(l), à même de profiter d'une atmosphère
si tonique et garantie par le laboratoire municipal.
Ça vaudra bien, pensai-je, les petits trous pas'chers où ils ne
peuvent même pas aller. Sans quitter leurs femmes, leurs affaires
ou leurs maîtresses, les phtisiques, les scrofuleux, les anémiques
(1) Quand je parle des vieux Parisiens, j'entends ceux qui comme moi sont
nés en Ardennes, à Oran ou à Carpentras : les autres ne m'intéressent pas.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)