S .A. PETITE NOTE
LE DIRECTEUR DU JOURNAL
L'ALLUMETTE SOCIALE
pour éclairer les masses
Vive le phosphate de chaux,
C'est la richesse de l'agriculture !
avait dit au célèbre Barbapic : « Mon cher, le tirage de mon ca-
nard dégringole, et bientôt le peuple vase plonger dans l'obscurité.
Voulez-vous ins-
pecter les provin-
ces séparant Per-
pignan de Calais?
Vous aurez deux
cents francs par
mois et vos frais
payés. Si vous m'en
croyez, prenez un
vendeur, pour
crier le journal
dans les petites lo-
calités en ajoutant
d'une voix vibran-
te : (i Vive le phos-
phate de chaux,
c'est la richesse de
l'agriculture ! «
lit Barbapic par-
tit, flanqué d'un
camelot qu'il pécha
>rôs d'un verre
d'absintho.
Deux mois plus
tard, il faisait son
entrée triomphale
dans le cabinet di-
rectorial de l'Allu-
mette sociale pour
éclairer les mas-
aes.
— Voici ma pe-
La cuisine des restaurants m'a pour longtemps détraqué l'estomac.
tite note, dit-il; pas de majoration, je ne suis pas de ces inspec-
teurs...
— Je vous crois.
— Pas de frais, vous entendez. Mais j'ai dû payer une paire de
bottines à mon vendeur; ce pauvre garçon avait de telles chaus-
sures...
— Vous avez bien fait.
— Merci. Voici ma petite note :
« Bottines, 25 francs. Étant trop grandes, semelles de liège .
30 centimes. Malgré les semelles, ampoules formées à Bordeaux;
frais pour la crevaison des ampoules : 1 franc. Remplacement des
chaussettes usées par suite de la grandeur des bottines: 75 centimes.
Il pleut à Lyon; décollement des talons et leur remplacement: 2 fr.
A cause de la longueur des bottines, entorse attrapée à Châteauroux
(quinze jours au lit), avec soins et pourboire : 80 francs. A Orléans,
de terribles cors le font boiter; extirpation et pommade pour les
cors à venir: G fr. 25. Dilatation du cuir par des pluies torrentielles
telle qu'un bicycliste enragé butte sur le bout des bottines de 25 fr.
et tombe ; réparation de la machine : 36 francs. A Versailles... »
Le directeur de l'Allumette sociale pour éclairer les masses, lé-
gèrement ahuri, interrompt le trop célèbre Barbapic :
— De vos détails, je m'en moque comme du sein de ma première
nourrice! Le total, s'il vous plaît?
— Quinze cents francs et vingt centimes.
— Quinze cents?...
— Parfaitement. Me prenez-vous pour un estampeur? Eh bien! si
j'avais su, je m'en serais acheté une aussi, de paire de bottines!
— J'avoue, Barbapic, que vous ne m'en comptez qu'une; vous
,r „ , passerez à la caisse lorsque je vous aurai pavé la seconde.
— Vous comprenez, l'on n'est pas du Midi pour i j r j
rien... Nous adorons tout ce qui est à l'huile. g s brandimbourg.
Dessin de IUdiguet.
LE DIRECTEUR DU JOURNAL
L'ALLUMETTE SOCIALE
pour éclairer les masses
Vive le phosphate de chaux,
C'est la richesse de l'agriculture !
avait dit au célèbre Barbapic : « Mon cher, le tirage de mon ca-
nard dégringole, et bientôt le peuple vase plonger dans l'obscurité.
Voulez-vous ins-
pecter les provin-
ces séparant Per-
pignan de Calais?
Vous aurez deux
cents francs par
mois et vos frais
payés. Si vous m'en
croyez, prenez un
vendeur, pour
crier le journal
dans les petites lo-
calités en ajoutant
d'une voix vibran-
te : (i Vive le phos-
phate de chaux,
c'est la richesse de
l'agriculture ! «
lit Barbapic par-
tit, flanqué d'un
camelot qu'il pécha
>rôs d'un verre
d'absintho.
Deux mois plus
tard, il faisait son
entrée triomphale
dans le cabinet di-
rectorial de l'Allu-
mette sociale pour
éclairer les mas-
aes.
— Voici ma pe-
La cuisine des restaurants m'a pour longtemps détraqué l'estomac.
tite note, dit-il; pas de majoration, je ne suis pas de ces inspec-
teurs...
— Je vous crois.
— Pas de frais, vous entendez. Mais j'ai dû payer une paire de
bottines à mon vendeur; ce pauvre garçon avait de telles chaus-
sures...
— Vous avez bien fait.
— Merci. Voici ma petite note :
« Bottines, 25 francs. Étant trop grandes, semelles de liège .
30 centimes. Malgré les semelles, ampoules formées à Bordeaux;
frais pour la crevaison des ampoules : 1 franc. Remplacement des
chaussettes usées par suite de la grandeur des bottines: 75 centimes.
Il pleut à Lyon; décollement des talons et leur remplacement: 2 fr.
A cause de la longueur des bottines, entorse attrapée à Châteauroux
(quinze jours au lit), avec soins et pourboire : 80 francs. A Orléans,
de terribles cors le font boiter; extirpation et pommade pour les
cors à venir: G fr. 25. Dilatation du cuir par des pluies torrentielles
telle qu'un bicycliste enragé butte sur le bout des bottines de 25 fr.
et tombe ; réparation de la machine : 36 francs. A Versailles... »
Le directeur de l'Allumette sociale pour éclairer les masses, lé-
gèrement ahuri, interrompt le trop célèbre Barbapic :
— De vos détails, je m'en moque comme du sein de ma première
nourrice! Le total, s'il vous plaît?
— Quinze cents francs et vingt centimes.
— Quinze cents?...
— Parfaitement. Me prenez-vous pour un estampeur? Eh bien! si
j'avais su, je m'en serais acheté une aussi, de paire de bottines!
— J'avoue, Barbapic, que vous ne m'en comptez qu'une; vous
,r „ , passerez à la caisse lorsque je vous aurai pavé la seconde.
— Vous comprenez, l'on n'est pas du Midi pour i j r j
rien... Nous adorons tout ce qui est à l'huile. g s brandimbourg.
Dessin de IUdiguet.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)