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Le rire: journal humoristique — 3.1896-1897 (Nr. 105-156)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16952#0628

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LE BIBERON DU CONGO

T>essln de A. Faivrk.

UNE BONNE FARCE

Quand j'eus passé mon doctorat en droit, grand-père me prit sur
ses genoux et, ayant extrait du fond de sa poche un sucre d'orge à
la groseille moucheté de tabac, il me l'introduisit entre les lèvres
en disant :

— "Voyons, gamin, maman m'a dit que tu avais été bien sage.
Est-ce vrai ? Oui. Tu as passé ton examen. Te voilà un homme, à
présent. Je vais te raconter une belle histoire. Tu veux bien? Oui.

Je ne répondis rien. L'habitude était prise à la maison de ne
jamais répondre à grand-père, qui s'irritait de ne pas entendre; il
n'écoutait d'ailleurs pas et préférait faire les questions et les ré-
ponses.

— Te voilà un homme, reprit-il, un grand nonomme, en âge de
raisonner et de faire des bêtises. Méfie-toi. Je vais te raconter une
histoire, mais pas un conte de fées, ça n'est plus de ton âge, te
voilà un homme; non, une histoire vraie, tu veux bien? Oui. Oh !
tu vas voir, une histoire impayable !... quand j'y pense... im-
payable !...

Grand-père se mit à rire, — c'est-à-dire que sa physionomie prit
subitement l'expression d'une douleur concentrée.

— Figure-toi, gamin, que je me promenais un jour dans la rue...
J'eus peu de peine à me figurer ce très admissible événement, et

la simplicité du préambule me fit bien augurer de la suite du récit.

— Tout à coup j'aperçois, marchant devant moi, une petite de-
moiselle qui ne me parut pas d'abord trop dégoûtante. Je la dépasse
pour jeter un coup d'œil. Ah ! mon garçon ! la misérable ! Deux
grands yeux de vache! Un menton en galoche! et une trogne!...
une trogne !... N'empêche que je lui lance une œillade. Parce qu'il
m'était venu une idée... impayable!... et je me dis : « Attends un
peu ! n que je me dis... une idée... impayable! ,

Grand-père se reprit à rire, d'un rire lointain, coupé de petits
cris étouffés- qui venaient mourir au bord de ses lèvres. Son ventre
grêle était tout secoué de frissons. Sans doute mon poids l'incom-
modait et empêchait ses vieilles jambes de trembloter à leur aise,
car, soudain, il me prit dans ses bras et me déposa parterre: — après
quoi il continua son histoire.

— Voilà ma donzelle qui rougit, qui rougit ; je l'aborde : elle se
met à ouvrir des yeux d'une lieue et s'arrête toute penaude, et elle
me regarde, elle me regarde, comme un chien qu'on va battre. Je
nie dis : « Ça marche! Elle croit pour sûr m'avoir enjôlé avec son
sale museau ! » Ma foi ! je lui prends le bras et je l'emmène au res-
taurant. Elle ne disait rien, elle me regardait toujours. Pendant le
diner je fais l'empressé et elle commence à rire un peu. Sans doute
elle se disait : « J'ai pincé mon homme. » Ah ! mon garçon, elle en
pleurait! Je commençais à m'amuser beaucoup... Je joue comme ça
mon rôle pendant plusieurs jours. Enfin je lui propose de venir
passer un mois à la campagne. Crois-tu ? Pour le coup elle se dit :
« Je le tiens! » Et nous partons... Je ne pouvais pas me retenir de
rire... si bien quelle finissait, la carogne ! par s'en apercevoir.

Grand-père fut pris d'une si violente quinte de rire que je craignis
un moment de le voir trépasser. Enfin sa figure, enfuie derrière le
grillage ouvragé de ses rides, reparut peu à peu et il reprit :

— Je fis tant et si bien que ma conquête... non, c'est trop drôle...
finit par me croire bel et bien épris, et c'est à peine si elle poussa
un cri de surprise quand un beau matin je lui offris de l'épouser.
Par exemple j'avais de la peine à garder mon sérieux. Jamais je
n'aurais pu croire que la farce réussirait à ce point-là. Et figure-toi
une femme folle de joie : elle chantait, elle pleurait, elle me cares-
sait. L'idée ne lui venait pas que je me moquais d'elle, avec sa tête
de pipe. J'en étais malade de rire... Enfin le grand jour arrive, nous
partons en voyage de noce : toujours rien ; les années passent, pas
la plus légère défiance. Il faut dire que je ne lâchais pas mon per-
sonnage : toujours aux petits soins et jouant à l'amoureux comme
si la guenon m'avait pour de vrai fait perdre la tête. Ainsi jamais je
ne l'ai, trompée, je m'en serais bien gardé, tu penses ; elle n'aurait
eu qu'à avoir des soupçons : la farce était éventée. Et nous avons
vécu comme ça soixante,,ans, ta grand'mère et moi, puisqu'elle est
morte voilà huit mois à peine, tu t'en souviens... Et pas un jour de
sa vie elle ne s'est douté que tout ça c'était pour rire. Même, avant
de mourir, elle me disait: « Pauvre mimi, ce qui me fait delà
peine, ce n'est pas de ni-en aller: c'est de penser que tu vas rester
tout seul. Comme tu vas être malheureux! Promets-moi de ne pas
trop pleurer et de te faire une raison. » Et c'est elle qui pleurait, la
vieille folle ! Non., c'est impayable \..: impayable l

Alfred Athys.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le biberon du Congo
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Faivre, Abel
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift
Stillen
Flasche
Muttermilch
Säuglingsnahrung
Busen
Kongo <Volk>
Demokratische Republik Kongo
Kolonialismus

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le rire, 3.1896-1897, No. 155 (23 octobre 1897), S. 2
 
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