— Dites donc, monsieur, c'est pas par là qu'on joue! Dessin do A. Faivre.
PETITS POÈMES AMORPHES
LE RÉVERBÈRE
— Réverbère, monsieur, — charmant métier la nuit,
Mais, tout le jour, comme on s'ennuie!...
De l'aube jusqu'au crépuscule,
Au coin des squares, dans les rues, ou le long des quais,
Rester plantés, raides comme des piquets,
Factionnaires ridicules,
Croyez-vous que cela soit gai?
La nuit, au moins, nous avons l'air de quelque chose,
On s'occupe de nous, on nous cause :
Des gens, peut-être pas très comme il faut,
Mais qui sont bons garçons quand même,
Viennent, et nous tirent leur chapeau,
Manifestant pour nous une affection extrême ;
Et ils nous pressent dans leurs bras,
Ils nous tutoient, ils nous traitent en joyeux drilles,
Et ils nous racontent tout bas
Les histoires de leur famille ;
Puis ils nous prennent à témoin
Des caprices de la fortune,
Cependant que, clans notre coin,
Nous faisons la pige à lune...
Vraiment, la nuit, nous nous créons
De bien charmantes relations !...
Mais quel retour mélancolique, le mat: :,
Après que l'on nous a éteints!...
Et, près de nous, ce sont les arbres,
Qui, de leur feuillage, nous narguent,
Et qui, l'hiver, de nous s© gaussent
Parce que nous n'avons pas d'écorce ; —
Marronniers aux thyrses fleuris,
Platanes larges,
Où les oiseaux viennent faire leur nid :
Les oiseaux ne chantent pas dans les réverbères, mais
[dans les arbres.
Nous n'avons pas d'oiseaux, nous n'avons pas de branches
Pas d'ombrage touffu, où l'on mette des l>ancs,
Les bancs discrets où les amants
Viennent s'asseoir, en se serrant,
Les beaux dimanches...
A part le modeste employé
Qui, deux fois par semaine, vient nous débarbouiller^
Personne ne s'occupe de nous, et chacun passe,
Sans nul souci du pauvre bec de gaz.
Vraiment, monsieur, à parler franc,
C'est à dégoûter d'être honnête ;
Rouge, vert, ou jaune safran,
On nous regarderait peut-être,
Si, au lieu d'être le discret mille quarante-sept,
Nous étions le Trois ou le Sept.'...
Que voulez-vous, cela irrite,
Et, ma foi, lorsque nous trouvons le temps trop long,
Ce nous est une distraction
De nous payer une petite fuite,
Pour embêter l'Administration.
Franc-Nohain.
— Mon pauv' petit chien, comme t'es fatigué... repose-toi!...
Dessin do II. P.auiguet.
PETITS POÈMES AMORPHES
LE RÉVERBÈRE
— Réverbère, monsieur, — charmant métier la nuit,
Mais, tout le jour, comme on s'ennuie!...
De l'aube jusqu'au crépuscule,
Au coin des squares, dans les rues, ou le long des quais,
Rester plantés, raides comme des piquets,
Factionnaires ridicules,
Croyez-vous que cela soit gai?
La nuit, au moins, nous avons l'air de quelque chose,
On s'occupe de nous, on nous cause :
Des gens, peut-être pas très comme il faut,
Mais qui sont bons garçons quand même,
Viennent, et nous tirent leur chapeau,
Manifestant pour nous une affection extrême ;
Et ils nous pressent dans leurs bras,
Ils nous tutoient, ils nous traitent en joyeux drilles,
Et ils nous racontent tout bas
Les histoires de leur famille ;
Puis ils nous prennent à témoin
Des caprices de la fortune,
Cependant que, clans notre coin,
Nous faisons la pige à lune...
Vraiment, la nuit, nous nous créons
De bien charmantes relations !...
Mais quel retour mélancolique, le mat: :,
Après que l'on nous a éteints!...
Et, près de nous, ce sont les arbres,
Qui, de leur feuillage, nous narguent,
Et qui, l'hiver, de nous s© gaussent
Parce que nous n'avons pas d'écorce ; —
Marronniers aux thyrses fleuris,
Platanes larges,
Où les oiseaux viennent faire leur nid :
Les oiseaux ne chantent pas dans les réverbères, mais
[dans les arbres.
Nous n'avons pas d'oiseaux, nous n'avons pas de branches
Pas d'ombrage touffu, où l'on mette des l>ancs,
Les bancs discrets où les amants
Viennent s'asseoir, en se serrant,
Les beaux dimanches...
A part le modeste employé
Qui, deux fois par semaine, vient nous débarbouiller^
Personne ne s'occupe de nous, et chacun passe,
Sans nul souci du pauvre bec de gaz.
Vraiment, monsieur, à parler franc,
C'est à dégoûter d'être honnête ;
Rouge, vert, ou jaune safran,
On nous regarderait peut-être,
Si, au lieu d'être le discret mille quarante-sept,
Nous étions le Trois ou le Sept.'...
Que voulez-vous, cela irrite,
Et, ma foi, lorsque nous trouvons le temps trop long,
Ce nous est une distraction
De nous payer une petite fuite,
Pour embêter l'Administration.
Franc-Nohain.
— Mon pauv' petit chien, comme t'es fatigué... repose-toi!...
Dessin do II. P.auiguet.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)