— Chassez le naturel, il revient au galop. — Canaille, un Bonnat!
LES TROIS FONT LA PAIRE
de Le Petit fils.
Dernièrement, je reposais en Suisse._
J'entendis vanter certaine pommade inoffensive, faite des simples
de la montagne et triturée par une vieille femme chauve pour com-
battre l'alopécie.
Je m'en procurai immédiatement.
En ayant écrasé gros comme une noisette entre mes paumes,
quelle ne fut pas ma stupéfaction de m'apercevoir qu'il m'était
immédiatement poussé du poil plein les mains.
C'était d'un bon augure.
Je pris une spatule de bois, mais à peine l'avais-je introduite dans
la pommade qu'elle se couvrait de petites branches,, de feuilles, de
fleurs, de poires qui devinrent énormes, et je dois l'avouer, succu-
lentes.
Je répandis alors un peu de l'étonnante mixture sur le sol dallé
et, m'étant dressé sur les mains, j'y frottai mon crâne dénudé.
Une fois ma position normale retrouvée, je dus constater avec
mélancolie qu'il y avait de la mousse sur la pierre, mais que les trois
cheveux qui faisaient l'orgueil de mon front blême avaient complè- ~ En bien> Monsieur Durand, vous d'vez être heureux à votre usine?
tement disparu — J'crois bien! Y a pas plus malheureux qu'moi; faut que j'me lève tous
. j " . j • 4. • ' t„„ les matins à cinq heures pour surveiller mes ouvriers.
Je crus prudent de ne point insister. 1 r Dessin
LA MALICE DES CHOSES
n
Me promenant en compagnie d'un brave /1 ,\ s^^^Ê^'^^
paysan des environs de Genève, je rompis le f y T) ' \ ^1^^?
silence pour lui désigner du bout de ma A /0 <^%is^\
canne un magnifique champ de blé que le jj M -^Jj^ ^uÊS^ê
vent parcourait en moires ondoyantes. —. K J ) X ~^^J^^Ès£^3^k '^
— Père Grùnwald, m'exclamai-je enthou- ~Z- ^jggja». v.(\ H * ,
siaste, voilà un fameux champ de blé. W s^-,.,.....v . ;"'.^âjSB -^x^\ ^
Mais le père Grùnwald continua de fumer JT^ - _^^^L &w
tranquillement sa longue pipe de porcelaine l '" 'SS^aw^tti À~
sans répondre.
Je le crus indifférent.
Mais quelques kilomètres plus loin, passant
devant de nouveaux épis frissonnants, plus
admirables encore que les premiers.
— Pas si fameux que celui-ci ! me répon-
dit-il enfin.
III
Avant de rentrer en France, j'échangeai
mes Suisses assises qui sont démonétisées
chez nous, contre des Suisses debout qui ont
cours.
Passé la frontière, ayant quelque acquisi-
tion à régler, j'offris une pièce de monnaie
oui me fut refusée, mêmement d'une seconde,
d'une troisième, toutes eurent le même
sort.
Je dus constater une chose épouvantable :
pendant le trajet les effigies de mes pièces,
fatiguées d'être debout, s'étaient assises. Je
subissais une perte sèche de 25,000 francs
et voilà comment ma femme n'aura pas
d'étrennes cette année.
Jean Prairial. l _ Le pot.au.feu crache. Dessin de puppett.
LES TROIS FONT LA PAIRE
de Le Petit fils.
Dernièrement, je reposais en Suisse._
J'entendis vanter certaine pommade inoffensive, faite des simples
de la montagne et triturée par une vieille femme chauve pour com-
battre l'alopécie.
Je m'en procurai immédiatement.
En ayant écrasé gros comme une noisette entre mes paumes,
quelle ne fut pas ma stupéfaction de m'apercevoir qu'il m'était
immédiatement poussé du poil plein les mains.
C'était d'un bon augure.
Je pris une spatule de bois, mais à peine l'avais-je introduite dans
la pommade qu'elle se couvrait de petites branches,, de feuilles, de
fleurs, de poires qui devinrent énormes, et je dois l'avouer, succu-
lentes.
Je répandis alors un peu de l'étonnante mixture sur le sol dallé
et, m'étant dressé sur les mains, j'y frottai mon crâne dénudé.
Une fois ma position normale retrouvée, je dus constater avec
mélancolie qu'il y avait de la mousse sur la pierre, mais que les trois
cheveux qui faisaient l'orgueil de mon front blême avaient complè- ~ En bien> Monsieur Durand, vous d'vez être heureux à votre usine?
tement disparu — J'crois bien! Y a pas plus malheureux qu'moi; faut que j'me lève tous
. j " . j • 4. • ' t„„ les matins à cinq heures pour surveiller mes ouvriers.
Je crus prudent de ne point insister. 1 r Dessin
LA MALICE DES CHOSES
n
Me promenant en compagnie d'un brave /1 ,\ s^^^Ê^'^^
paysan des environs de Genève, je rompis le f y T) ' \ ^1^^?
silence pour lui désigner du bout de ma A /0 <^%is^\
canne un magnifique champ de blé que le jj M -^Jj^ ^uÊS^ê
vent parcourait en moires ondoyantes. —. K J ) X ~^^J^^Ès£^3^k '^
— Père Grùnwald, m'exclamai-je enthou- ~Z- ^jggja». v.(\ H * ,
siaste, voilà un fameux champ de blé. W s^-,.,.....v . ;"'.^âjSB -^x^\ ^
Mais le père Grùnwald continua de fumer JT^ - _^^^L &w
tranquillement sa longue pipe de porcelaine l '" 'SS^aw^tti À~
sans répondre.
Je le crus indifférent.
Mais quelques kilomètres plus loin, passant
devant de nouveaux épis frissonnants, plus
admirables encore que les premiers.
— Pas si fameux que celui-ci ! me répon-
dit-il enfin.
III
Avant de rentrer en France, j'échangeai
mes Suisses assises qui sont démonétisées
chez nous, contre des Suisses debout qui ont
cours.
Passé la frontière, ayant quelque acquisi-
tion à régler, j'offris une pièce de monnaie
oui me fut refusée, mêmement d'une seconde,
d'une troisième, toutes eurent le même
sort.
Je dus constater une chose épouvantable :
pendant le trajet les effigies de mes pièces,
fatiguées d'être debout, s'étaient assises. Je
subissais une perte sèche de 25,000 francs
et voilà comment ma femme n'aura pas
d'étrennes cette année.
Jean Prairial. l _ Le pot.au.feu crache. Dessin de puppett.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 157 (6 Novembre 1897), S. 5
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg