ÉPAVES
Dessin ae Pupeti.
NOTES POUR UN XiOMÀN
... Ses goûts étaient des plus simples. Trois francs de rente lui
eussent suffi à condition de les toucher vingt fois par jour.
... Elle était complètement désœuvrée et ne se servait de ses dix
doigts que pour se plaindre de son sort.
... Ses longues courses et ses privations l'avaient affaibli ; mais la
pensée qu'il s'agissait de sa maîtresse lui donnait du cœur au ventre
et des ailes aux jambes.
... Gaston serra le poignet de la jeune fille :
— Vous ne l'épouserez pas ! s'écria-t-il.
— Je l'épouserai !
Alors il tira un revolver de sa poche et, menaçant, il ajouta :
— Si vous faites cela, malheureuse, je me tue à vos pieds et je
vous tue ensuite !
... Quand il fut seul dans son lit, il souffla la bougie pour ne pas
voir sa situation embarrassée.
... Je vous serre la main par téléphone en attendant quejepuisse
le faire de vive voix.
... Après tant d'années passées en exil il n'aspirait plus qu'à
mourir entre les bras de sa patrie.
... La princesse air.va dans une magnifique voiture automobile
attelée de deux superbes alezans.
... Ah! ingrat! dit-il, tu mords la main qui te lèche!...
... L'homme était tout nu.
Il avait la peau d'un noir d'ébène, les cheveux crépus, le nez
écrasé, les lèvres épaisses et sensuelles.
C'était un nègre...
... Mon père n'était qu'un pauvre officier sans fortune, mais jelui
dois le respect car c'est lui qui m'a donné le jour.
... Je ne serais qu'un fils marâtre si je trahissais le drapeau qui
m'a nourri de son ombre. *
... C'était un grand monarque assis de bonne heure sur un trône
très lourd à porter.
... Son jour de réception était le soir.
... Il était tellement avare qu'à son lit de mort, malgré les sup-
plications de ses amis, il refusait de rendre le dernier soupir.
... Il aimait beaucoup les lectures historiques, et comme il était
très impressionnable, il s'exaltait ou s'attristait suivant qu'il arri-
vait aux plus beaux jours ou aux plus mauvaises pages de notre
histoire. La barbarie des siècles d'ignorance le navrait; Charle-
magne l'étonnait; la Renaissance lui causait un certain plaisir,
bien qu'il déplorât la légèreté de François Ier. Il aimait assez les
faits et gestes de Henri IV et blâmait l'orgueil de Louis XIV.
Louis XV lui donnait de l'inquiétude pour l'avenir et il saluait avec
une respectueuse tristesse la mémoire de l'infortuné Louis XVI.
Les guerres de la Révolution lui suggéraient un enthousiasme in-
descriptiBle et, quand il arrivait à celles de l'Empire, il se préci-
pitait sur les gens qui l'entouraient, les frappant à coups de canne
au cri de : « Vive l'Empereur! » La monarchie constitutionnelle ne
lui inspirait que du dédain et, lorsqu'il arrivait aux temps modernes,
il prenait son chapeau et s'en allait dîner.
... En apercevant la belle amazone, crânement campée sur sa
selle, le comte alla vers elle et très galamment la salua :
— Madame, dit-il, vous montez à cheval comme un Centaure.
... — Qui donc' oserait suspecter ma probi té bien connue de tous
ceux qui m'ont approché de près ou de loin?
Lord Cheminot.
Dessin ae Pupeti.
NOTES POUR UN XiOMÀN
... Ses goûts étaient des plus simples. Trois francs de rente lui
eussent suffi à condition de les toucher vingt fois par jour.
... Elle était complètement désœuvrée et ne se servait de ses dix
doigts que pour se plaindre de son sort.
... Ses longues courses et ses privations l'avaient affaibli ; mais la
pensée qu'il s'agissait de sa maîtresse lui donnait du cœur au ventre
et des ailes aux jambes.
... Gaston serra le poignet de la jeune fille :
— Vous ne l'épouserez pas ! s'écria-t-il.
— Je l'épouserai !
Alors il tira un revolver de sa poche et, menaçant, il ajouta :
— Si vous faites cela, malheureuse, je me tue à vos pieds et je
vous tue ensuite !
... Quand il fut seul dans son lit, il souffla la bougie pour ne pas
voir sa situation embarrassée.
... Je vous serre la main par téléphone en attendant quejepuisse
le faire de vive voix.
... Après tant d'années passées en exil il n'aspirait plus qu'à
mourir entre les bras de sa patrie.
... La princesse air.va dans une magnifique voiture automobile
attelée de deux superbes alezans.
... Ah! ingrat! dit-il, tu mords la main qui te lèche!...
... L'homme était tout nu.
Il avait la peau d'un noir d'ébène, les cheveux crépus, le nez
écrasé, les lèvres épaisses et sensuelles.
C'était un nègre...
... Mon père n'était qu'un pauvre officier sans fortune, mais jelui
dois le respect car c'est lui qui m'a donné le jour.
... Je ne serais qu'un fils marâtre si je trahissais le drapeau qui
m'a nourri de son ombre. *
... C'était un grand monarque assis de bonne heure sur un trône
très lourd à porter.
... Son jour de réception était le soir.
... Il était tellement avare qu'à son lit de mort, malgré les sup-
plications de ses amis, il refusait de rendre le dernier soupir.
... Il aimait beaucoup les lectures historiques, et comme il était
très impressionnable, il s'exaltait ou s'attristait suivant qu'il arri-
vait aux plus beaux jours ou aux plus mauvaises pages de notre
histoire. La barbarie des siècles d'ignorance le navrait; Charle-
magne l'étonnait; la Renaissance lui causait un certain plaisir,
bien qu'il déplorât la légèreté de François Ier. Il aimait assez les
faits et gestes de Henri IV et blâmait l'orgueil de Louis XIV.
Louis XV lui donnait de l'inquiétude pour l'avenir et il saluait avec
une respectueuse tristesse la mémoire de l'infortuné Louis XVI.
Les guerres de la Révolution lui suggéraient un enthousiasme in-
descriptiBle et, quand il arrivait à celles de l'Empire, il se préci-
pitait sur les gens qui l'entouraient, les frappant à coups de canne
au cri de : « Vive l'Empereur! » La monarchie constitutionnelle ne
lui inspirait que du dédain et, lorsqu'il arrivait aux temps modernes,
il prenait son chapeau et s'en allait dîner.
... En apercevant la belle amazone, crânement campée sur sa
selle, le comte alla vers elle et très galamment la salua :
— Madame, dit-il, vous montez à cheval comme un Centaure.
... — Qui donc' oserait suspecter ma probi té bien connue de tous
ceux qui m'ont approché de près ou de loin?
Lord Cheminot.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Épaves
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 159 (20 Novembre 1897), S. 2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg