Les voilà bien, les exploiteurs !
Oui, poursuivit le Costot, en frappant sur le zinc un énorme coup
de poing qui fit trembler le Zanzibar sur sa base, oui, y-a pas a
raconter des boniments à la mie de pain, les bourgeois s'payent
not1 blair et en grand encore, aussi vrai que les gonces ed' qua-
rante-huit ont cïiopé la Bastille pour y retasser une colonne à
hauteur. Mais c' qui m' fait ressauter, c'est moi, 1' Costot, de m'
faire empiler par ces michetons-là. — Vrai, on peut pourtant pas
dire que j' soye un mauvais garçon, on n' sort el lingue que si l'aut'
est d'attaque et quand les flics radinent on s' cavale pour pas les
déranger, faut bien qu' tout h monde vive pas vrai? Mais y a des
choses qui font tourner les sangs et qui font sortir les caractères.
Qu'un patron m' dise : « Mon vieux lias, on va sortir et puis on va
voir dehors lequel qui va bouffer 1' blair à l'autre. »— J'en suis.
« Me v'ià, que j'y dirai, on n'est pas 1' Costot pour la peau; faites
chauffer la colle, un coup de tète ou de savate et j'rentrerais dedans
comme les rayons Iskes aux gabelous. Mais c1 qui m' dégoûte,
c'est les blagues en dessous, les trucs de calotins, là ous qu'on su
sent chauffé en douce sans pouvoir ressauter, les coups à la manque,
quoi, les ceuss ousqu'on n' sait pas après qui rebiffer, là ousque les
patrons vous empilent sans 1' trac pour leurs abattis, ça alors bon
Dieu j'vois rouge. — Vlà t-y pas que l'aut' jour, en payant une
tournée à cause qu'on avait le pognon d'la quinzaine, qu'est-ce que
f bistro m' dit en m' refilant une pièce de deux ronds que j'y
donnais : « Pas bon ça, vieux, c'est un macaroni. » J'r'garde, y avait pas
à reniquer, un veau d'Emmanuel, d'l'Italia, une saloperie de pièce,
quoi, que 1' patron m'avait refilée à la paye. — Vous pensez si j'
l'avais a la bonne après c' tour de vache. — Tout à coup, j'ai une
idée à hauteur. — V-z allez voir qui qui sera empilé, que j' dis aux
copains. — J'cavale à un de ces distributeurs aromatiques qu' les
patrons collent dans les rues pour chauffer la galette aux gosses.
— Tu vas voir, qu' j'y dis, ta pièce française ed dix centimes dans
l'ouverture, et aie donc l'Emmanuel, vas-y mon vieux macaroni. —
L' truc marche comme un veau et y radine une tablette ed cho-
colat. — Vous pensez si j'étais à la redresse en bouffant mon cacao.
— J' me bidonnais comme un cachalot... Ben, vous m fi croirez si
vous voulez, dix minutes après j'étais forcé, moi 1' Costot, d'rentrer
dans un chalet d' nécessité d' patrons et d'y r'coller deux ronds
~ français, c'te fois; qu'j'étais malade à n' plus tenir sur les arpions.
C'te sacrée mécanique infernale m'avait collé du chocolat purgatif
rapport à mon Emmanuel... Ben, j' vous 1' demande, quoiqu' vous
voulez qu' l'ouvrier fasse contre des coups à la manque comme
. *" . ceux-là?
— Qu'est-ce que va dire ta mère si jamais . lie sait, ça ! yy DE Pawlowski.
— Ah... j'en sais bien d'autres sur son compte. Dessin de Poulbot
LES CONTES DE EEES MODERNISÉS (suite).
'I V" '
'/l'f'l-l'0- ,
I >l I
LA BELLE AU BOIS-DORMANT
Dsssin de Puppet.
Oui, poursuivit le Costot, en frappant sur le zinc un énorme coup
de poing qui fit trembler le Zanzibar sur sa base, oui, y-a pas a
raconter des boniments à la mie de pain, les bourgeois s'payent
not1 blair et en grand encore, aussi vrai que les gonces ed' qua-
rante-huit ont cïiopé la Bastille pour y retasser une colonne à
hauteur. Mais c' qui m' fait ressauter, c'est moi, 1' Costot, de m'
faire empiler par ces michetons-là. — Vrai, on peut pourtant pas
dire que j' soye un mauvais garçon, on n' sort el lingue que si l'aut'
est d'attaque et quand les flics radinent on s' cavale pour pas les
déranger, faut bien qu' tout h monde vive pas vrai? Mais y a des
choses qui font tourner les sangs et qui font sortir les caractères.
Qu'un patron m' dise : « Mon vieux lias, on va sortir et puis on va
voir dehors lequel qui va bouffer 1' blair à l'autre. »— J'en suis.
« Me v'ià, que j'y dirai, on n'est pas 1' Costot pour la peau; faites
chauffer la colle, un coup de tète ou de savate et j'rentrerais dedans
comme les rayons Iskes aux gabelous. Mais c1 qui m' dégoûte,
c'est les blagues en dessous, les trucs de calotins, là ous qu'on su
sent chauffé en douce sans pouvoir ressauter, les coups à la manque,
quoi, les ceuss ousqu'on n' sait pas après qui rebiffer, là ousque les
patrons vous empilent sans 1' trac pour leurs abattis, ça alors bon
Dieu j'vois rouge. — Vlà t-y pas que l'aut' jour, en payant une
tournée à cause qu'on avait le pognon d'la quinzaine, qu'est-ce que
f bistro m' dit en m' refilant une pièce de deux ronds que j'y
donnais : « Pas bon ça, vieux, c'est un macaroni. » J'r'garde, y avait pas
à reniquer, un veau d'Emmanuel, d'l'Italia, une saloperie de pièce,
quoi, que 1' patron m'avait refilée à la paye. — Vous pensez si j'
l'avais a la bonne après c' tour de vache. — Tout à coup, j'ai une
idée à hauteur. — V-z allez voir qui qui sera empilé, que j' dis aux
copains. — J'cavale à un de ces distributeurs aromatiques qu' les
patrons collent dans les rues pour chauffer la galette aux gosses.
— Tu vas voir, qu' j'y dis, ta pièce française ed dix centimes dans
l'ouverture, et aie donc l'Emmanuel, vas-y mon vieux macaroni. —
L' truc marche comme un veau et y radine une tablette ed cho-
colat. — Vous pensez si j'étais à la redresse en bouffant mon cacao.
— J' me bidonnais comme un cachalot... Ben, vous m fi croirez si
vous voulez, dix minutes après j'étais forcé, moi 1' Costot, d'rentrer
dans un chalet d' nécessité d' patrons et d'y r'coller deux ronds
~ français, c'te fois; qu'j'étais malade à n' plus tenir sur les arpions.
C'te sacrée mécanique infernale m'avait collé du chocolat purgatif
rapport à mon Emmanuel... Ben, j' vous 1' demande, quoiqu' vous
voulez qu' l'ouvrier fasse contre des coups à la manque comme
. *" . ceux-là?
— Qu'est-ce que va dire ta mère si jamais . lie sait, ça ! yy DE Pawlowski.
— Ah... j'en sais bien d'autres sur son compte. Dessin de Poulbot
LES CONTES DE EEES MODERNISÉS (suite).
'I V" '
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LA BELLE AU BOIS-DORMANT
Dsssin de Puppet.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 160 (27 Novembre 1897), S. 4
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg