Le rire: journal humoristique (4.1897-1898 (Nr. 157-208))

LES PETITS TROUS PAS CHEllS professeur; on vous embauche tout de suite et vous avez alors toute comi^.era,

oour faire vos premiers tours de roue. Les personnes que l'on vous co je
comme élèves ne feront peut-être pas beaucoup de progrès, mais, en P fie
temps, vous arriverez, vous, à un beau résultat et, lorsque vous serez s rte''
votre force, rien ne vous empêchera, en donnant votre démission, d'emp
une jolie machine.

C'est ce que j'ai fait I Vous savez, comme dit le proverbe, il n'y a que les
teux qui ne gagnent rien. _ ucl

Maintenant que vous avez une bicyclette et le moyen de vous en servi'1)
bon temps vous allez goûter !

D'abord, si vous êtes un peu adroit, vous allez vous goberger à l'œil &H**Ljge*
les restaurants de banlieue. C'estsi simple ! Vous arrivez à Yiroflay ; vous & .,
un établissement chic et vous vous installez à la terrasse... entendez-you^'^-ir
la terrasse... et votre bicyclette à portée de votre main. Vous vous faites s
un déjeuner plantureux. Le garçon, qui vous voit bien mis et qui a long ,|«,
examiné l'élégance de votre machine, vous sert plein de respect. Le cale Y &c
vous dites au garçon d'aller vous chercher l'addition et, tandis qu'il confère
'a caissière, vous sortez avec votre bicyclette, et, prrtt... Le tour est joue. -c

Pendant tout l'été, Tannée dernière, je n'ai pas déjeuné autrement-
compte bien recommencer cette année, ayant eu soin de laisser pousse
barbe. ' _ te,r

Mais bien manger ne suffit pas ; vous êtes tendre et vous avez besoin ^e.^eS-
dresse. Ah ! mon ami, grâce à la bicyclette, à vous les femmes les plus sU.api»'
Avant de partir, le matin, vous achetez cinquante centimes de clous de *Qyp
sier, vous les semez en route et, caché derrière un bouquet d'arbres, ?..
attendez. Voici une jolie cycliste qui arrive ; elle pédale, confiante, quand £ go
son pneu est crevé par les clous que vous avez semés. Elle se désole, car e te,
voit obligée de rentrer, par un si joli temps. Vlan ! vous sortez de votre caç ^ut
en un rien de temps vous réparez le pneumatique, car vous avez ce qu 1 ^jus
dans votre sacoche, et la dame, pleine de reconnaissance, se donne à
quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent. 0{i

Mais qu'est-ce que cela, je vous prie? Ah ! mon ami, grâce à la bicyclette'
n'atteindrez-vous pas ? Quo non ascendant ! .jj^;

Tenez!... vous avez remarqué à Clamart ;une villa très gen:
habitée par un monsieur chic, sa femme et sa fille. Vous avez Y^
vos renseignements : le monsieur est millionnaire et sa fil1^ 'fy.
unique. Vous songez qu'il'serait temps peut-être de faire u£iijoP"
Pourquoi n'épouseriez-vous pas la fille unique du monsieur 1111
naire? Mais comment? Jfi

Ah ! naïf ami, la bicyclette, la divine bicyclette va vous en f°u
le moyen.. _
Vous attendez le moment propice où la famille millionnaire :

CONSEILS AUX CYCLISTES ■ / y le frais dans son jardin, s'amusant à voir passer les bicycl^,,,

vous arrivez, rapide, etj devant la grille, grâce à une man# *e
savante, vous ramassez une pelle et feignez de vous casser une P
ou un bras.

La famille s'émeut, accourt, vous relève et vous soigne chez ,ei,

Le besoin se faisait vivement sentir d'un [ V Comme il serait dangereux de vous transporteraParis, vous 5 1 ?d«

guide pour le eveliste. Qu'on me pardonne \ V fTh huit lours' et S1' dans hmtjours, vousn avez pas eu le teU.0,r

de ne pas l'avoir écrit déjà ! Tout vient à \ X 40 compromettre a fille unique du monsieur Jn'n\e

point àPq^ui saitTtte^ndre."^" " \ naire c'est que vous n'êtes qu'une

încliG-ne de mes conseils

Je ne m'attarderai pas à parler de la bicyclette, V ^ ^

cet instrument de progrès. Son origine se perd \. Je pourrais continuer longtemps, je

dans la nuit de la fable. Je ne surprendrai personne f,GS quelques conseils vous sufnroi ,

en disant que les anciens la connaissaient : il suffit, en * . jN. 1 espère. ^ . t^e:

efl'et, de jeter un simple coup d'œil sur l'image de la For- nr \ C'1' mes amis ! faites de la bicyd ^

tune, pour se convaincre que la roue qu'on Jui attribuait comme j c'est le bonheur, vous dis-je? -ng el

moyen de locomotion n'est autre qu'une bicyclette primitive et rudimen- A m'en, moi qui la connais dans les c0l-t;0ii

taire : l'embryon du vélocipède, si je puis m'exprimer ainsi. J qui, grâce à elle, suis arrivé à la poS1. ^

Mais que d'étapes pour passer de ce modèle à celui dont on se sert aujour- / prépondérante que j'occupe aujourd'hui--

d'hui ! / Rodolphe BringER-

La place me manque pour la suivre dans toutes ses transformations; peut-être
y reviendrai-je quelque jour, pour le quart d'heure je n'insiste pas.

La bicyclette actuelle est un instrument élégant, commode, composé de deux
roues, qui, comme les canards, s'en vont l'une devant, l'autre derrière; ces roues
sont reliées entre elles par une armature en fer appelée cadre, et sont mises
en mouvement par deux espèces de manivelles que l'on actionne à l'aide des
pieds, ce qui leur a fait donner le nom de pédales. On dirige la bicyclette grâce
à une tige recourbée nommée guidon, quipermet de tourner la roue de devant à
droite ou à gauche, au choix du cycliste. Comme on le voit, c'est simple... mais
bien compris.

Ce moyen de locomotion a, sur le cheval, l'avantage de ne pas manger; il est
moins encombrant qu'une voiture et, en général, on le préfère au chemin de
fer, parce qu'il permet de partir et d'arriver quand on veut.

Malheureusement il coûte fort cher. Mais,-si l'on est un tant soit peu débrouil-
lard, il est facile de se procurer une bicyclette à des prix très modérés.

11 existe, par exemple, avenue de la Grande-Armée, des loueurs qui, moyen-
nant 2 fr. 50 l'heure, confient une monture au premier venu. Si vous avez la

Erécaution de donner une fausse adresse, vous n avez qu'à ne pas rapporter la
icyclette et, avec un pot de couleur, vous la rendrez si méconnaissable que
nul expert ne la reconnaîtrait. Ce moyen de s'approprier une bécane est, comme
on le voit, à la portée de toutes les intelligences.

Un autre moyen consiste tout simplement à cueillir les bicyclettes qui atten- ^^^y- ckj2^-a^r-v

dent leurs propriétaires au bord du trottoir. Mais c'est plus dangereux et, pour
ma part, je préfère le premier moyen qui réussit toujours^

Mais;' pour ce genre d'opération, il faut connaître les écueils de la pédale. Cet v «

appentissage n'est pas des plus commodes et il coûte fort cher aussi. Mais on ~ Cest ?a <ïue Bourguignolle appelle un trour

peut toujours s'arranger. Je vous recommande le moyen suivant : vous allez J1 faut rudement monter pour descendre dans ce

dans un manège, un quelconque Palais du Cycle, vous vous faites passer pour trou-là. - Dessin de g. dblaw.