Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique (5.1898-1899 (Nr. 209-260))

r- -m

THEATRE DE LA RENAISSANCE

ou

M ED EE

TERRIBLE HISTOIRE D’UN . LAPIN

I. — Médée, une pau’ p’tit’ femme bien gentille ayant eu
un béguin pour Jason, un beau militaire, et l’ajant épousé
après avoir simplement eslrangouillé ses frères et son père
qui refusaient leur consentement, eut avec lui deux enfants
et s’apprêtait à goûter un bonheur sans mélange...

II. — lorsque le beau militaire voulut ajouter à sa col-
lection une troisième toison d’or, celle de Créuse, une
jeune princesse dont le papa avait beaucoup de galette.
Alors Médée s’écria: « Ça ne se passera pas comme ça ! »
'Et elle alla faire une scène devant la maison du beau-père.
En avant le vitriol et les harmonies savantes de M. d’indy !

III. — Seulement, le beau-père disposant de la force
année et des ilics de l’endroit, Médée lit semblant de la
trouver bien bonne, ce qui parut tout naturel au beau-papa.
Quant à Jason, qui connaissait sa particulière, il avait de
la méfiance...

IV. — Aussi, comme il avait lu le Nouveau Jeu, il pro-
posa à Médée de jouer avec lui les Bobette et, comme Paul
Costard, il accepta d’aller passer avec elle la première
nuit de ses noces. (C’est notre Oncle qui a trouvé ce rap-
prochement-là, ne lui en chipons pas le mérite.)

V. — Or, c’était du chiqué, comme nous disons en grec.
Médée, ayant croqué le marmot pendant une partie de cette
nuit de noces, se dit pendant qu’elle y était: « Un marmot
de plus ou de moins, ça ne tire pas à conséquence. » Et elle
égorgea ceux de Jason après avoir vitriolé sa jeune épouse.
Les petits Jasons n’iront pas à Saint-Cyr. Vive l’armée!

VI. —■•Moralité : Ne posez jamais do lapins aux jeunes

personne- qui ont leur diplôme de chimie. Autre mora-
lité: Il faut en avoir, une santé, pour prendre ainsi à la
blague des vers aussi admirables que ceux do Catulle
Mendès, ainsi que la voix et la toison, également d’or, de
la Grande Saran. M. R.

ILS SONT EN ROUTE !

Ils sont en route, les Vebers' ! Ils suivent
pas à pas l'empereur d’Allemagne dans son
vogage en Palestine. Et bientôt paraîtra le
numéro spécial du RIRE consacré à l’au-
guste pèlerin.

AU THEATRE

Au théâtre Antoine, nous avons eu Judith
Renaudin, série de vignettes, de M. Pierre
Loti. Agréable et moral spectacle, où les
mères protestantes pourront mener les filles
catholiques. Ça n’empêche pas qu’Antoine a
été rudement vénérable en curé tolérant, et

M™ Marie Laurent, admirable artiste, émou-
vante aux larmes dans deux rôles très diffé-
rents d’accent. M. R.

Gros, très gros succès au Théâtres des « Capu-
cines », l’exquise bonbonnière du boulevard, avec
deux pièces nouvelles : La Vrilla et Le seul Ban-
dit du Village. Rien détonnant : la première est
signée Maurice Donnay, le plus parisien des au-
teurs, la seconde, Tristan Bernard, le fantaisiste
le plus abracadabrant. Il faut avoir vu ces deux
pièces qui, avec Une lecture, d’Adrien Vély, et
Silceric, d’Alphonse Allais, font un spectacle
charmant.

Le nouveau spectacle des « Mathurins » Ludus
pro patria, joué par Marguerite Deval et For-
dyce a eu le plus vif succès; les chansons nou-
velles de Jean Bataille, Bonnaud, Balta, la. Marche

à l’Étoile, dite par Fragerolle, complètent une
soirée délicieuse et expliquent l’affluence du public

élégant dans la coquette salle de la rue des Ma-
thurins.