matin, je me réveille un peu battu de 1 oiseau, mais, bah.
n’y paraîtra plus. , . . .. „ caDitale; c’est
Abdul-Hamid tient absolument a ce que .le.vis . _.out tous les
le a tour du propriétaire », je n’y échapperai p ■ ,, a; au_
mômes, il faut qu’ils me fassent voir leurs monuments. J en
tant à leur service chez moi. , , onnnvpux parce
Ici, ce sont les mosquées qui abondent; cest hôtes’offre très
qu’il faul retirer ses bottes et aller Pos ons S^t^nOs bottes;
aimablement à m’aider; je visite donc Onme promène partout,
1 islamisme est une religion de va-nu-pieds. On m p
puis on m’autorise à enfiler mes bottes et a harem,
Autres curiosités de la ville; je préférerais retourner au
mais Abdul-Hamid fait la sourde oreille. Je n ins 1c
26 octobre. — C’est fini; il faut partir. Ma ra‘des"î-aditions mvs-
Je suis le Messie qui vient renouer la chain reprendre ma
tiques. Il s’agit d’être sérieux. D°" V^lfs’imoatiente. Au moment
route vers Jérusalem. Du reste, M. Cook s impatiente / ^
du départ, Abdul-Hamid me comble de cad®^- >’ mais dont la
objets dont la valeur marchande est à peu prés nulle, mais u
valeur historique est sans rivale :
Un cheveu de la barbe du Prophète ;
Une pierre de la grande mosquée de La Me i ,
Un os du cheval de Mahomet ;
Le tourne-broche de Ponce-Pilate;
Une paire de babouches;
Urv?euxentghii;ô hors d’usage qui lui vient de son oncle
Du nougat;
Douze cachets du Hammam ;
Un sabre de garde national;
La croix de l’Osmanié. , , ;i «.f, fait cadeau
Enfin, au moment où je vais m embarq » ^ dit .
d’un petit port sur la côte. Je le remercie vivement. Il me
— Etes-vous content de votre séjour a la
— On ne peut plus content.
— Vous ne vous êtes pas ennuyé?
— Pas un instant.
— Alors, vous reviendrez? . .ans être invité!
— N’ayez pas peur! La prochaine lois je vi énorme. J’em-
Cette promesse n’a pas paru lui faire un plaisir énorr
brasse le sultan et je remonte sur mon navire. En
Le soir même, je débarque à Kailla. Atten
27 octobre. — La réception à Kailla a été des P1^sv®j,ture; nous
n’y a pas grand monde dans ces pays- Je 0 j belle étoile, celle
partons pour Césara. Le soir nous couchons
qui guida les Rois mages. , , . vnva<*e me semble
Chose curieuse, plus j’avance, plus le but de ce voyaDe
vasnip
28 octobre. — De Césara a Jaila. i’aperçois des signe
monde pour nous voir passer. Ce sou , c J soirée draina-
de démoralisation dans ma troupe, J org une conférence,
tique; on joue des charades en Pleil? ’ Lirait-il réussi plus vite
non sans quelque succès; sujet : Le Messie a
s'il avait eu l’armée pour lui ?
29 octobre. — De Jaffa à Latrun.Nous aPP'.°cî‘°2r<r cependant, je
à cheval. Je préfère cela. Le paysage ne y , ° ptte'région ; je ras-
songe à tout ce qui s’est passé d important dan de l’Histoire
semble des souvenirs confus. Je suis daI\s,cler,nH..iauoi les Juifs ne
sainte; cela manque de confort; je compren P ‘vaut rien. Seu-
sont pas pressés de restaurer Jérusalem. Le p J
lement, quand on est souverain, il faut avoir vu la Terre sacrée,
berceau de nos banquiers.
Demain, j’entrerai à Sion. M. Cook m’assure que tout est préparé
pour me recevoir; il a présidé lui-même aux préparatifs. Je lui
remets une marche militaire que j’ai composée en chemin; c’est
très original; j’en ai trouvé les thèmes principaux entre Kaïlfa et
Jaffa; je désire que cette marche soit exécutée par la musique, lors
de mon entrée dans la Ville.
M. Cook l’essaie aussitôt sur son accordéon de voyage ; il trouve
que cela rappelle d’une manière frappante la manière des grands
compositeurs, le Wagner de Parsijal, le Mendelssohn du Songe,
le Gounodde Faust, le Meyerbeer du Prophète, et même le Strauss
du Beau Danube. Cet Anglais a le goût bon, ma foi!
Je me réveille durant cette nuit; je vais au bord d’un puits : je n’y
rencontre pas de Samaritaine. C’est dommage. Je rentre donc sous
la tente et je jette les premiers traits dune grande composition:
cela représente Lohengrin allant recevoir le baiser de Mahomet;
je puis dire que j’ai jamais rien dessiné de mieux.
Je ne mets pas ma fierté à être un homme universel; mais je
trouve qu’un souverain doit être adroit do ses mains. Louis XVI
n’était que serrurier et c’est ce qui l’a perdu. Moi, j’ombrasse tout!
C’est égal, il est bien dommage qu’il ne se soit pas trouvé de Sa-
maritaine. M. Cook aurait dû prévoir cela!
30 octobre, minuit. — Je rentre, brisé de fatigue!
Quelle inoubliable journée !
Nous arrivons en vue de Jérusalem vers trois heures; aussitôt, je
lâche mon cheval et je commande un âne; je veux faire mon entrée
comme Lui !
J’aurais pu me mettre en tunique blanche; mais mon voyage au-
rait perdu toute signification ; c’est le casque en tête que je péné-
trerai dans la Cité de Juda!
En effet, le cortège s’organise : moi d’abord, tout seul en tète,
puis la musique, puis M. Cook, puis ma suite, puis les touristes.
Sur notre parcours, on agite de grandes palmes et on jette des
fleurs. D’abord le bourriquot refuse d’avancer; cet animal n’a pas
conscience du rôle qu’il joue; il s’efforce de se soustraire à l’honneur
de me porter. Heureusement que je suis bon cavalier; quand nous
atteignons la porte de Jaffa, la musique éclate et l’animal, effrayé,
prend le mors aux dents; j’ai failli rater mon entrée.
Ce que mon amour-propre de metteur en scène a souffert durant
les quelques minutes de galop de cet âne, nul ne le saura! J’arrive
à maîtriser l’âne qui finit par s’habituer aux coups de grosse caisse.
J’écoute ma musique; vraiment, ce n’est pas mal; c’est de la mu
sique avec de la mélodie, et non de leur satanée musique moderne,
savante et ennuyeuse. On marche là-dessus; l’âne lui-même mar-
quait le pas.
La cérémonie était si imposante qu’un enfant, émerveillé, s’écria
tout haut : « Quel bonheur, voilà un cirque! » Ce naïf témoignage
d’admiration m’alla droit au cœur.
Nous avancions lentement, bannières déployées, sous le soleil.
J’avais très chaud. Les exclamations ne cessaient pas ; évidemment,
à part les touristes de l’Agence, il n’y avait pas beaucoup d’assis-
tants; Jérusalem n’est pas une ville très populeuse. Bien qu’il s’y
rencontre peu d’israélites, l’antisémitisme y est pour ainsi dire
inconnu. La haute société de la ville me reçut avec enthousiasme.
Au milieu de la cérémonie, je mets pied à terre parce que l’âne
annonce l’intention de se rouler par terre; et comme je sens qu’au-
cune considération politique ou religieuse ne l’en empêcherait, je
préfère descendre.
Je me rends au Sépulcre; c’est l’itinéraire classique. On s’exagère
beaucoup l’importance de ces endroits-là. Un souverain qui va voir
un tombeau, cela produit néanmoins une grande impression. Je
rentre, musique en tète, à la maison que l’on m’a retenue; le soir,
illuminations.
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n’y paraîtra plus. , . . .. „ caDitale; c’est
Abdul-Hamid tient absolument a ce que .le.vis . _.out tous les
le a tour du propriétaire », je n’y échapperai p ■ ,, a; au_
mômes, il faut qu’ils me fassent voir leurs monuments. J en
tant à leur service chez moi. , , onnnvpux parce
Ici, ce sont les mosquées qui abondent; cest hôtes’offre très
qu’il faul retirer ses bottes et aller Pos ons S^t^nOs bottes;
aimablement à m’aider; je visite donc Onme promène partout,
1 islamisme est une religion de va-nu-pieds. On m p
puis on m’autorise à enfiler mes bottes et a harem,
Autres curiosités de la ville; je préférerais retourner au
mais Abdul-Hamid fait la sourde oreille. Je n ins 1c
26 octobre. — C’est fini; il faut partir. Ma ra‘des"î-aditions mvs-
Je suis le Messie qui vient renouer la chain reprendre ma
tiques. Il s’agit d’être sérieux. D°" V^lfs’imoatiente. Au moment
route vers Jérusalem. Du reste, M. Cook s impatiente / ^
du départ, Abdul-Hamid me comble de cad®^- >’ mais dont la
objets dont la valeur marchande est à peu prés nulle, mais u
valeur historique est sans rivale :
Un cheveu de la barbe du Prophète ;
Une pierre de la grande mosquée de La Me i ,
Un os du cheval de Mahomet ;
Le tourne-broche de Ponce-Pilate;
Une paire de babouches;
Urv?euxentghii;ô hors d’usage qui lui vient de son oncle
Du nougat;
Douze cachets du Hammam ;
Un sabre de garde national;
La croix de l’Osmanié. , , ;i «.f, fait cadeau
Enfin, au moment où je vais m embarq » ^ dit .
d’un petit port sur la côte. Je le remercie vivement. Il me
— Etes-vous content de votre séjour a la
— On ne peut plus content.
— Vous ne vous êtes pas ennuyé?
— Pas un instant.
— Alors, vous reviendrez? . .ans être invité!
— N’ayez pas peur! La prochaine lois je vi énorme. J’em-
Cette promesse n’a pas paru lui faire un plaisir énorr
brasse le sultan et je remonte sur mon navire. En
Le soir même, je débarque à Kailla. Atten
27 octobre. — La réception à Kailla a été des P1^sv®j,ture; nous
n’y a pas grand monde dans ces pays- Je 0 j belle étoile, celle
partons pour Césara. Le soir nous couchons
qui guida les Rois mages. , , . vnva<*e me semble
Chose curieuse, plus j’avance, plus le but de ce voyaDe
vasnip
28 octobre. — De Césara a Jaila. i’aperçois des signe
monde pour nous voir passer. Ce sou , c J soirée draina-
de démoralisation dans ma troupe, J org une conférence,
tique; on joue des charades en Pleil? ’ Lirait-il réussi plus vite
non sans quelque succès; sujet : Le Messie a
s'il avait eu l’armée pour lui ?
29 octobre. — De Jaffa à Latrun.Nous aPP'.°cî‘°2r<r cependant, je
à cheval. Je préfère cela. Le paysage ne y , ° ptte'région ; je ras-
songe à tout ce qui s’est passé d important dan de l’Histoire
semble des souvenirs confus. Je suis daI\s,cler,nH..iauoi les Juifs ne
sainte; cela manque de confort; je compren P ‘vaut rien. Seu-
sont pas pressés de restaurer Jérusalem. Le p J
lement, quand on est souverain, il faut avoir vu la Terre sacrée,
berceau de nos banquiers.
Demain, j’entrerai à Sion. M. Cook m’assure que tout est préparé
pour me recevoir; il a présidé lui-même aux préparatifs. Je lui
remets une marche militaire que j’ai composée en chemin; c’est
très original; j’en ai trouvé les thèmes principaux entre Kaïlfa et
Jaffa; je désire que cette marche soit exécutée par la musique, lors
de mon entrée dans la Ville.
M. Cook l’essaie aussitôt sur son accordéon de voyage ; il trouve
que cela rappelle d’une manière frappante la manière des grands
compositeurs, le Wagner de Parsijal, le Mendelssohn du Songe,
le Gounodde Faust, le Meyerbeer du Prophète, et même le Strauss
du Beau Danube. Cet Anglais a le goût bon, ma foi!
Je me réveille durant cette nuit; je vais au bord d’un puits : je n’y
rencontre pas de Samaritaine. C’est dommage. Je rentre donc sous
la tente et je jette les premiers traits dune grande composition:
cela représente Lohengrin allant recevoir le baiser de Mahomet;
je puis dire que j’ai jamais rien dessiné de mieux.
Je ne mets pas ma fierté à être un homme universel; mais je
trouve qu’un souverain doit être adroit do ses mains. Louis XVI
n’était que serrurier et c’est ce qui l’a perdu. Moi, j’ombrasse tout!
C’est égal, il est bien dommage qu’il ne se soit pas trouvé de Sa-
maritaine. M. Cook aurait dû prévoir cela!
30 octobre, minuit. — Je rentre, brisé de fatigue!
Quelle inoubliable journée !
Nous arrivons en vue de Jérusalem vers trois heures; aussitôt, je
lâche mon cheval et je commande un âne; je veux faire mon entrée
comme Lui !
J’aurais pu me mettre en tunique blanche; mais mon voyage au-
rait perdu toute signification ; c’est le casque en tête que je péné-
trerai dans la Cité de Juda!
En effet, le cortège s’organise : moi d’abord, tout seul en tète,
puis la musique, puis M. Cook, puis ma suite, puis les touristes.
Sur notre parcours, on agite de grandes palmes et on jette des
fleurs. D’abord le bourriquot refuse d’avancer; cet animal n’a pas
conscience du rôle qu’il joue; il s’efforce de se soustraire à l’honneur
de me porter. Heureusement que je suis bon cavalier; quand nous
atteignons la porte de Jaffa, la musique éclate et l’animal, effrayé,
prend le mors aux dents; j’ai failli rater mon entrée.
Ce que mon amour-propre de metteur en scène a souffert durant
les quelques minutes de galop de cet âne, nul ne le saura! J’arrive
à maîtriser l’âne qui finit par s’habituer aux coups de grosse caisse.
J’écoute ma musique; vraiment, ce n’est pas mal; c’est de la mu
sique avec de la mélodie, et non de leur satanée musique moderne,
savante et ennuyeuse. On marche là-dessus; l’âne lui-même mar-
quait le pas.
La cérémonie était si imposante qu’un enfant, émerveillé, s’écria
tout haut : « Quel bonheur, voilà un cirque! » Ce naïf témoignage
d’admiration m’alla droit au cœur.
Nous avancions lentement, bannières déployées, sous le soleil.
J’avais très chaud. Les exclamations ne cessaient pas ; évidemment,
à part les touristes de l’Agence, il n’y avait pas beaucoup d’assis-
tants; Jérusalem n’est pas une ville très populeuse. Bien qu’il s’y
rencontre peu d’israélites, l’antisémitisme y est pour ainsi dire
inconnu. La haute société de la ville me reçut avec enthousiasme.
Au milieu de la cérémonie, je mets pied à terre parce que l’âne
annonce l’intention de se rouler par terre; et comme je sens qu’au-
cune considération politique ou religieuse ne l’en empêcherait, je
préfère descendre.
Je me rends au Sépulcre; c’est l’itinéraire classique. On s’exagère
beaucoup l’importance de ces endroits-là. Un souverain qui va voir
un tombeau, cela produit néanmoins une grande impression. Je
rentre, musique en tète, à la maison que l’on m’a retenue; le soir,
illuminations.
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Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Tournée Guillaume II 15 jours en Turquie, Palestine, Jérusalem et les Lieux Saints
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Vue de Contantinople (Croquis original de l'Empereur)
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 212 (26 Novembre 1898), S. 11
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg