L’installation est défectueuse; la clière est médiocre, faible môme.
Au fond, je commence à regretter mon chez moi. Qu’est-ce que je
suis venu faire ici?
31 octobre. — J’avais annoncé une promenade à Bethléem, suivie
d’un prêche de ma façon. Je ne sais pas s’il y a eu erreur, mais per-
sonne ne m’a suivi.
C’est de Bethléem qu’est venue la coutume de mettre ses souliers
dans la cheminée pendant la nuit de Noël; et c’est d’autant plus
curieux qu’ici il n’y a pas de cheminée et pour ainsi dire pas de
souliers.
Je demande à voir la fameuse étable; on me la montre, c’est-à-
dire que l’on me conduit dans la première étable venue. Faute de
conservateur, la véritable étable a disparu. Toujours le manque
d’organisation !
Au retour, je suis absolument seul; j’avais préparé une allocution
bien sentie ; j’en suis réduit à prêcher dans le désert. Bah ! je ne
suis pas le premier à qui ça arrive; je prononce donc le Sermon sur
la plaine.
J’ai un joli talent de parole ; je ne frappe pas, j’émeus.
Et j’eus la joie de me convertir moi-même après m’avoir ému
jusqu’aux larmes; cette conversion me fait honneur.
J’avais revêtu pour la circonstance la redingote de ministre
officiant.
La chaleur est accablante !
c’est très difficile; je n’ai pas le secret. 11 faudra que je recommence
en hiver, à Berlin, quand il aura gelé. J’y songerai.
A Jéricho, M. Cook a organisé un « incident » qui produira, je
l’espé're, une vive sensation. Comme je regagnais mon cantonne-
ment, je fus accosté sur la place publique par un estropié entouré
de linges malpropres.
— La charité, mon prince!
— Je n’ai pas de monnaie, répondis-je.
— Je suis malade.
— Ah ! j’ai quelques connaissances médicales ; je vous 'soignerai.
D’où souffrez-vous?
— J’ai la lèpre !
J’eus un mouvement de recul. Heureusement M. Cook me poussa
du coude; je compris.
— Homme, que désires-tu donc?
— Touchez seulement mes plaies et je serai guéri.
— Qu’il soit fait selon tes désirs.
Je touchai ses plaies. L’homme se leva et, s’étant levé, apparut
sain comme au premier jour. Je guéris de la même façon un cul-de-
jatte et un manchot.
Les touristes sont émerveillés.
A partir de ce moment, je suis assailli par une foule de malades,
non prévus par M. Cook, qui veulent me faire toucher leurs plaies.
Je me dérobe.
PT novembre. — J’ai consacré un temple dont j’avais dessiné
moi-même l’architecture; car je suis aussi architecte; j’ai dit aux
gens d’ici : « Détruisez le temple, je le vous rebâtirai en trois jours ! »
Ils ont cru que je parlais au figuré. Je suis assez habile dans l’art
de M. Bouvard. Du reste, ce n’est pas sorcier 1 On n’a qu’à tirer des
lignes. Si j’avais du temps et de l’argent, je passerais ma vie à
construire.
La chaleur est insupportable; ma foi, n’y tenant plus, je décide
de prendre un bain dans le Jourdain. J’étais en costume de... non,
au fait, j’étais on simple caleçon de bain ; l’eau ôtait délicieuse; j’ai
descendu le Jourdain à la nage; je ne suis pas allé jusqu’à la Mer
Morte; assez de choses tristes.
Les repas sont peu substantiels ! Ah ! ce n’est pas comme à Cana!
Je voudrais bien abréger mon voyage; j’en ai assez vu.
M. Cook, à qui je touche un mot de ce projet, s’y oppose ; d’après
notre contrat, je ne suis libre que le 1(5 novembre, à Alexandrie!
Jusque-là je suis sa chose. 11 me rapporte que les touristes sont en-
chantés et qu’ils deviendraient féroces si je refusais de tenir mes
engagements. Il me sort une affiche qu’il a imprimée :
PROCHAINEMENT
L’EMPEREUR GUILLAUME II
Les habitants sont-ils assez stupides! Ils ont une mer et ils la
laissent mourir !
Ce bain m’a un peu remis; j’ai essayé de. marcher sur les eaux;
RÉSURRECTION ü’UN LÉPREUX
(Uniforme de médecin-major de l’Armée du Salut.)
ACCOMPLIRA
L’-A-SCIEITSIOlNr
Au fond, je commence à regretter mon chez moi. Qu’est-ce que je
suis venu faire ici?
31 octobre. — J’avais annoncé une promenade à Bethléem, suivie
d’un prêche de ma façon. Je ne sais pas s’il y a eu erreur, mais per-
sonne ne m’a suivi.
C’est de Bethléem qu’est venue la coutume de mettre ses souliers
dans la cheminée pendant la nuit de Noël; et c’est d’autant plus
curieux qu’ici il n’y a pas de cheminée et pour ainsi dire pas de
souliers.
Je demande à voir la fameuse étable; on me la montre, c’est-à-
dire que l’on me conduit dans la première étable venue. Faute de
conservateur, la véritable étable a disparu. Toujours le manque
d’organisation !
Au retour, je suis absolument seul; j’avais préparé une allocution
bien sentie ; j’en suis réduit à prêcher dans le désert. Bah ! je ne
suis pas le premier à qui ça arrive; je prononce donc le Sermon sur
la plaine.
J’ai un joli talent de parole ; je ne frappe pas, j’émeus.
Et j’eus la joie de me convertir moi-même après m’avoir ému
jusqu’aux larmes; cette conversion me fait honneur.
J’avais revêtu pour la circonstance la redingote de ministre
officiant.
La chaleur est accablante !
c’est très difficile; je n’ai pas le secret. 11 faudra que je recommence
en hiver, à Berlin, quand il aura gelé. J’y songerai.
A Jéricho, M. Cook a organisé un « incident » qui produira, je
l’espé're, une vive sensation. Comme je regagnais mon cantonne-
ment, je fus accosté sur la place publique par un estropié entouré
de linges malpropres.
— La charité, mon prince!
— Je n’ai pas de monnaie, répondis-je.
— Je suis malade.
— Ah ! j’ai quelques connaissances médicales ; je vous 'soignerai.
D’où souffrez-vous?
— J’ai la lèpre !
J’eus un mouvement de recul. Heureusement M. Cook me poussa
du coude; je compris.
— Homme, que désires-tu donc?
— Touchez seulement mes plaies et je serai guéri.
— Qu’il soit fait selon tes désirs.
Je touchai ses plaies. L’homme se leva et, s’étant levé, apparut
sain comme au premier jour. Je guéris de la même façon un cul-de-
jatte et un manchot.
Les touristes sont émerveillés.
A partir de ce moment, je suis assailli par une foule de malades,
non prévus par M. Cook, qui veulent me faire toucher leurs plaies.
Je me dérobe.
PT novembre. — J’ai consacré un temple dont j’avais dessiné
moi-même l’architecture; car je suis aussi architecte; j’ai dit aux
gens d’ici : « Détruisez le temple, je le vous rebâtirai en trois jours ! »
Ils ont cru que je parlais au figuré. Je suis assez habile dans l’art
de M. Bouvard. Du reste, ce n’est pas sorcier 1 On n’a qu’à tirer des
lignes. Si j’avais du temps et de l’argent, je passerais ma vie à
construire.
La chaleur est insupportable; ma foi, n’y tenant plus, je décide
de prendre un bain dans le Jourdain. J’étais en costume de... non,
au fait, j’étais on simple caleçon de bain ; l’eau ôtait délicieuse; j’ai
descendu le Jourdain à la nage; je ne suis pas allé jusqu’à la Mer
Morte; assez de choses tristes.
Les repas sont peu substantiels ! Ah ! ce n’est pas comme à Cana!
Je voudrais bien abréger mon voyage; j’en ai assez vu.
M. Cook, à qui je touche un mot de ce projet, s’y oppose ; d’après
notre contrat, je ne suis libre que le 1(5 novembre, à Alexandrie!
Jusque-là je suis sa chose. 11 me rapporte que les touristes sont en-
chantés et qu’ils deviendraient féroces si je refusais de tenir mes
engagements. Il me sort une affiche qu’il a imprimée :
PROCHAINEMENT
L’EMPEREUR GUILLAUME II
Les habitants sont-ils assez stupides! Ils ont une mer et ils la
laissent mourir !
Ce bain m’a un peu remis; j’ai essayé de. marcher sur les eaux;
RÉSURRECTION ü’UN LÉPREUX
(Uniforme de médecin-major de l’Armée du Salut.)
ACCOMPLIRA
L’-A-SCIEITSIOlNr
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Tournée Guillaume II 15 jours en Turquie, Palestine, Jérusalem et les Lieux Saints
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Résurrection d’un Lépreux (Uniforme de médecin-major de l’Armée du Salut.)
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 212 (26 Novembre 1898), S. 12
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg