2 novembre.— Il a fallu en passer par où a voulu M. Cook. Dans
tout Jéricho, des affiches avec :
AUJOURD’HUI
LE NOUVEAU MESSXE
EFFECTUERA TIITE .ASCEISrSIOIT
DANS LE BALLON
“ L'INOUBLIABLE GRAND-PÈRE ”
Départ à 3 heures précises
Depuis l’accident arrivé aux remparts, qui tombèrent parce qu’on
avait joué de la trompette à côté, la musique militaire est interdite
dans les environs et dans la ville! M. Cook fut obligé d’imposer si-
lence ù sa fanfare.
A 3 heures précises, je montai dans la nacelle et... lâchez tout !
Je m’enlevai majestueusement, au milieu dos acclamations.
Au coucher du soleil, Y Inoubliable Grand-Père me déposait aux
environs de Jérusalem. Je connais maintenant la manœuvre du
ballon. O Nadar ! c’est simple comme bonjour.
3 novembre. Voici quinze jours que je suis parti. Je n’ai pas
de nouvelles de chez moi. Que se passe-t-il là-bas? L’inquiétude me
prend. J’aurai ce soir un entretien décisif avec M. Cook.
Pour commencer la journée, je me rends au monastère de Mar-
sabat.
Un monastère, c’est en quelque sorte la caserne des moines.
Les moines de Marsabat excercent les mêmes fonctions que les
autres moines des autres pays; ils ne font rien que prier du matin
au soir. Ils ont des prières différentes pour chaque heure de la
journée.
Ce sont de beaux hommes, on en ferait un joli régiment. Je les
passe en revue.
MONASTÈRE
êrieür des Carmes.)
J’ai revêtu pour la circonstance l’uniforme de supérieur des
Carmes.
Ils manœuvrent devant moi; je leur demande de chanter YHt/mne
à Ægir ; ils s’en acquittent fort bien. Puis ils défilent : je déjeune
à leur table. On a tort de vanter l’ordinaire monacal ; il n’y a que
des légumes euits à l’eau.
Au dessert, je prends la parole et j’explique aux moines comment
ils doivent servir le Seigneur ; j’ai mes idées à moi sur la religion.
J’esquisse ensuite à grands traits l’exposé de ma mission divine. On
m’écoute dans le plus grand silence.
Quand j’ai fini, le Supérieur me conseille de renoncer au monde
et de m’adonner à la prédication. Pourquoi pas? Mon prédécesseur,
Charles-Quint, entra dans les ordres vers la fin de sa vie; je pro-
mets au Supérieur de revenir dans une quarantaine d’années.
D’ici là !...
Comme je regagne mon quartier général, je croise les journa-
listes. Ces êtres se trouvent partout; ils sont tout le temps pendus à
mes basques, et je ne peux pas faire trois mètres sans être photo-
graphié, cinémàlographié dans toutes les positions. Encore s’ils
écrivaient exactement l’histoirë ! Mais ils sont malveillants comme
à plaisir. J’ai envie de leur apprendre leur métier.
Car je suis .un peu journaliste ; comme la Gazette de Cologne
avait besoin d’un correspondant en Palestine, j’ai traité secrètement
avec la Direction, et j’adresse chaque soir une lettre détaillée sur
mes faits et gestes du jour :
« L’empereur a été reçu à Jéricho par les acclamations d’une
foule enthousiaste, etc., etc.
Parfois je me critique un peu, respectueusement, et, chose bi-
zarre, je tiens compte de mes observations !
La chaleur est intenable; on cuit à petit feu; je n’y résiste plus/
Je mande M. Cook et je lui dis ;
— Monsieur et cher barnum, j’ai une grave communication à
vous faire.
— Un changement d’itinéraire, je parie?
— Tout juste !
— Vous voulez vous attarder en Egypte?
— Au contraire, je veux rentrer, j’en ai assez.
tout Jéricho, des affiches avec :
AUJOURD’HUI
LE NOUVEAU MESSXE
EFFECTUERA TIITE .ASCEISrSIOIT
DANS LE BALLON
“ L'INOUBLIABLE GRAND-PÈRE ”
Départ à 3 heures précises
Depuis l’accident arrivé aux remparts, qui tombèrent parce qu’on
avait joué de la trompette à côté, la musique militaire est interdite
dans les environs et dans la ville! M. Cook fut obligé d’imposer si-
lence ù sa fanfare.
A 3 heures précises, je montai dans la nacelle et... lâchez tout !
Je m’enlevai majestueusement, au milieu dos acclamations.
Au coucher du soleil, Y Inoubliable Grand-Père me déposait aux
environs de Jérusalem. Je connais maintenant la manœuvre du
ballon. O Nadar ! c’est simple comme bonjour.
3 novembre. Voici quinze jours que je suis parti. Je n’ai pas
de nouvelles de chez moi. Que se passe-t-il là-bas? L’inquiétude me
prend. J’aurai ce soir un entretien décisif avec M. Cook.
Pour commencer la journée, je me rends au monastère de Mar-
sabat.
Un monastère, c’est en quelque sorte la caserne des moines.
Les moines de Marsabat excercent les mêmes fonctions que les
autres moines des autres pays; ils ne font rien que prier du matin
au soir. Ils ont des prières différentes pour chaque heure de la
journée.
Ce sont de beaux hommes, on en ferait un joli régiment. Je les
passe en revue.
MONASTÈRE
êrieür des Carmes.)
J’ai revêtu pour la circonstance l’uniforme de supérieur des
Carmes.
Ils manœuvrent devant moi; je leur demande de chanter YHt/mne
à Ægir ; ils s’en acquittent fort bien. Puis ils défilent : je déjeune
à leur table. On a tort de vanter l’ordinaire monacal ; il n’y a que
des légumes euits à l’eau.
Au dessert, je prends la parole et j’explique aux moines comment
ils doivent servir le Seigneur ; j’ai mes idées à moi sur la religion.
J’esquisse ensuite à grands traits l’exposé de ma mission divine. On
m’écoute dans le plus grand silence.
Quand j’ai fini, le Supérieur me conseille de renoncer au monde
et de m’adonner à la prédication. Pourquoi pas? Mon prédécesseur,
Charles-Quint, entra dans les ordres vers la fin de sa vie; je pro-
mets au Supérieur de revenir dans une quarantaine d’années.
D’ici là !...
Comme je regagne mon quartier général, je croise les journa-
listes. Ces êtres se trouvent partout; ils sont tout le temps pendus à
mes basques, et je ne peux pas faire trois mètres sans être photo-
graphié, cinémàlographié dans toutes les positions. Encore s’ils
écrivaient exactement l’histoirë ! Mais ils sont malveillants comme
à plaisir. J’ai envie de leur apprendre leur métier.
Car je suis .un peu journaliste ; comme la Gazette de Cologne
avait besoin d’un correspondant en Palestine, j’ai traité secrètement
avec la Direction, et j’adresse chaque soir une lettre détaillée sur
mes faits et gestes du jour :
« L’empereur a été reçu à Jéricho par les acclamations d’une
foule enthousiaste, etc., etc.
Parfois je me critique un peu, respectueusement, et, chose bi-
zarre, je tiens compte de mes observations !
La chaleur est intenable; on cuit à petit feu; je n’y résiste plus/
Je mande M. Cook et je lui dis ;
— Monsieur et cher barnum, j’ai une grave communication à
vous faire.
— Un changement d’itinéraire, je parie?
— Tout juste !
— Vous voulez vous attarder en Egypte?
— Au contraire, je veux rentrer, j’en ai assez.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Tournée Guillaume II 15 jours en Turquie, Palestine, Jérusalem et les Lieux Saints
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: Revue d’un monastère (Uniforme de supérieur des Carmes.)
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 212 (26 Novembre 1898), S. 16
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg