Brandimbourg, Dépaquit, Léon Valbert»
G. Delaw et Henry Somm.
Enfin on introduit l’accusée, jolie et défaite
comme il convient à une jeune personne qui,
durant 3G5 jours, n’a pas été à la noce.
M°Courteline, désigné d’office pour sa défense,
la suit solennellement, tandis que le ministère
public, représenté par le père La Joie, la
couve d’un regard haineux.
De sa voix glapissante, l'huissier annonce
que l’audience est ouverte et, immédiatement
après les questions réglementaires à l’accu-
sée, le greffier se lève pour lire l’acte d’accu-
sation.
Il est simple :
A la requête de MM. Montréal, Blondeau,
Gavault et de Cottens, représentant le syndi-
cat des auteurs de revue, l’année 1898 est
accusée de n’avoir point fourni les éléments
de gaieté qu’on était en droit d’attendre d’elle,
et d’avoir par ce fait causé un immense pré-
judice au dit syndicat.
Plaise donc au Tribunal la condamner
à la peine la plus sévère en même temps
que payer au dit syndicat la forte indemnité.
m° courteline. — Je demande à poser des
conclusions !
le président. — Maître Courteline, je vous
rappelle qu’il est interdit de déposer quoi que
ce soit le long de ce procès.
LE PROCÈS DE L’ANNÉE
Compte rendu ièlëgraphiqûe de l'c.udience
du 81 Décembre 1898.
On sait les causes de ce procès fameux
intenté à l’année 1898 par le syndicat des
auteurs de revue. Tout à l’heure le greffier
formulera l'acte d’accusation. En attendant
l’arrivée du Tribunal, la salle d’audience
s’emplit à en craquer de tout ce que Paris
comporte d’illustrations. Nous ne citerons
personne, carie format du Bottin n’y suffirait
pas;
Il est exactement neuf heures quand on
annonce la Cour et dignement, comme il
convient, prennent place en leur fauteuil
Le Rire, président, et ses deux assesseurs,
La Vieille Gaîté Française et L’Humour
Américaine. A leur suite pénètrent les
douze jurés, ce
sont : MM. Al-
lais, Auriol,Tris-
tan Bernard,
Veber, Goudes-
ki, Pawlowski,
Charles Quinel,
— Monsieur, cest M. Leroy, je l'ai fait entrer à la cuisine!
— Le roi à la cuisine, vous êtes fou, vite qu’on le reçoive au salon! J Dessin d’Abel faivrk.
m° courteline. — J’en appelle à la posté-
rité !
Après cet incident qui ne passe point sans
soulever une énorme émotion, on procède à
l’appel des témoins qui ne sont pas moins de
quarante-sept.
On appelle le premier témoin.
le président. — Vos nom et prénoms?
le premier témoin. — Faure Félix.
le président. — Votre profession ?
le premier témoin. — Ami de Nicolas II.
le président.— Que savez-vous'de l’affaire?
le premier témoin. — J’en demande par-
don au Tribunal, mais de par mes fonctions
je suis forcé de me retrancher derrière le
secret professionnel.
le président. — Mais il ne s’agit pas de
l’affaire avec un A majuscule, il s’agit de
l’année 1898.
le premier témoin. — Oh ! pardon ! — Mon
Dieu, je-n’ai pas trop à m’en plaindre : j’ai
voyagé, j’ai chassé, j’ai embrassé mes cousines
Victoria etWilhelmine, je suis entré en rela-
tions avec le duc de Connaught, mon neveu à
la mode de Bretagne, j’ai reçu un .zèbre et la
Toison d’Or... enfin j’ai fait tout ce que com-
porte mon emploi.
le président. — Enfin vous êtes content?
le premier témoin. —Aussi constitutionnel-
lement qu’il est possible de l’être.
le président. — C’est bien! allez vous as-
seoir. (A l'huissier) Appelez le second témoin.
Le second témoin se présente ; il dit se
nommer Bruand et n’avoir pas autrement à
se plaindre de l’année 1898 qui lui a assuré
la propriété littéraire et exclusive de ses
bottes et de son cache-nez rouge.
On fait comparoir lo troisième témoin, I
le président. — Vos nom et profession ?
le troisième témoin. — Henri Rochefort,
mécontent.
le président. — De quoi ?
le troisième témoin. — De tout en général
et de ce qui se passe sur notre planète en
particulier.
le président. — Précisez pour l’année 1898.
le troisième témoin. — A dire vrai, je n’ai
pas trop à m’en plaindre vu qu’elle m a gra-
tifié de 50 heures de prison, ce qui m’a fait
immédiatement remonter dans l’estime des
comités révolutionnaires marseillais.
le président. — Au suivant ! Vos nom et
profession ?
le quatrième témoin. — Zola Emile, mar-
chand de meubles.
le président. — Vous avez dit à l’instruc-
tion que vous étiez romancier.
i.e quatrième témoin. — Oui; mais depuis,
je me suis aperçu qu’il y avait plus de profit
à vendre des tables, aussi viens-je d’installer
un petit commerce en Suisse.
le président. — Qu’avez-vous à dire tou-
chant la cause?
LE QUATRIÈME TÉMOIN. — J’aCCUSe...
le président. — C’est bien, vous l’avez déjà
fait. (A l'huissier) Au cinquième 1
l’huissier. — Liane de Pougy!
Nul ne répond à l’appel.
G. Delaw et Henry Somm.
Enfin on introduit l’accusée, jolie et défaite
comme il convient à une jeune personne qui,
durant 3G5 jours, n’a pas été à la noce.
M°Courteline, désigné d’office pour sa défense,
la suit solennellement, tandis que le ministère
public, représenté par le père La Joie, la
couve d’un regard haineux.
De sa voix glapissante, l'huissier annonce
que l’audience est ouverte et, immédiatement
après les questions réglementaires à l’accu-
sée, le greffier se lève pour lire l’acte d’accu-
sation.
Il est simple :
A la requête de MM. Montréal, Blondeau,
Gavault et de Cottens, représentant le syndi-
cat des auteurs de revue, l’année 1898 est
accusée de n’avoir point fourni les éléments
de gaieté qu’on était en droit d’attendre d’elle,
et d’avoir par ce fait causé un immense pré-
judice au dit syndicat.
Plaise donc au Tribunal la condamner
à la peine la plus sévère en même temps
que payer au dit syndicat la forte indemnité.
m° courteline. — Je demande à poser des
conclusions !
le président. — Maître Courteline, je vous
rappelle qu’il est interdit de déposer quoi que
ce soit le long de ce procès.
LE PROCÈS DE L’ANNÉE
Compte rendu ièlëgraphiqûe de l'c.udience
du 81 Décembre 1898.
On sait les causes de ce procès fameux
intenté à l’année 1898 par le syndicat des
auteurs de revue. Tout à l’heure le greffier
formulera l'acte d’accusation. En attendant
l’arrivée du Tribunal, la salle d’audience
s’emplit à en craquer de tout ce que Paris
comporte d’illustrations. Nous ne citerons
personne, carie format du Bottin n’y suffirait
pas;
Il est exactement neuf heures quand on
annonce la Cour et dignement, comme il
convient, prennent place en leur fauteuil
Le Rire, président, et ses deux assesseurs,
La Vieille Gaîté Française et L’Humour
Américaine. A leur suite pénètrent les
douze jurés, ce
sont : MM. Al-
lais, Auriol,Tris-
tan Bernard,
Veber, Goudes-
ki, Pawlowski,
Charles Quinel,
— Monsieur, cest M. Leroy, je l'ai fait entrer à la cuisine!
— Le roi à la cuisine, vous êtes fou, vite qu’on le reçoive au salon! J Dessin d’Abel faivrk.
m° courteline. — J’en appelle à la posté-
rité !
Après cet incident qui ne passe point sans
soulever une énorme émotion, on procède à
l’appel des témoins qui ne sont pas moins de
quarante-sept.
On appelle le premier témoin.
le président. — Vos nom et prénoms?
le premier témoin. — Faure Félix.
le président. — Votre profession ?
le premier témoin. — Ami de Nicolas II.
le président.— Que savez-vous'de l’affaire?
le premier témoin. — J’en demande par-
don au Tribunal, mais de par mes fonctions
je suis forcé de me retrancher derrière le
secret professionnel.
le président. — Mais il ne s’agit pas de
l’affaire avec un A majuscule, il s’agit de
l’année 1898.
le premier témoin. — Oh ! pardon ! — Mon
Dieu, je-n’ai pas trop à m’en plaindre : j’ai
voyagé, j’ai chassé, j’ai embrassé mes cousines
Victoria etWilhelmine, je suis entré en rela-
tions avec le duc de Connaught, mon neveu à
la mode de Bretagne, j’ai reçu un .zèbre et la
Toison d’Or... enfin j’ai fait tout ce que com-
porte mon emploi.
le président. — Enfin vous êtes content?
le premier témoin. —Aussi constitutionnel-
lement qu’il est possible de l’être.
le président. — C’est bien! allez vous as-
seoir. (A l'huissier) Appelez le second témoin.
Le second témoin se présente ; il dit se
nommer Bruand et n’avoir pas autrement à
se plaindre de l’année 1898 qui lui a assuré
la propriété littéraire et exclusive de ses
bottes et de son cache-nez rouge.
On fait comparoir lo troisième témoin, I
le président. — Vos nom et profession ?
le troisième témoin. — Henri Rochefort,
mécontent.
le président. — De quoi ?
le troisième témoin. — De tout en général
et de ce qui se passe sur notre planète en
particulier.
le président. — Précisez pour l’année 1898.
le troisième témoin. — A dire vrai, je n’ai
pas trop à m’en plaindre vu qu’elle m a gra-
tifié de 50 heures de prison, ce qui m’a fait
immédiatement remonter dans l’estime des
comités révolutionnaires marseillais.
le président. — Au suivant ! Vos nom et
profession ?
le quatrième témoin. — Zola Emile, mar-
chand de meubles.
le président. — Vous avez dit à l’instruc-
tion que vous étiez romancier.
i.e quatrième témoin. — Oui; mais depuis,
je me suis aperçu qu’il y avait plus de profit
à vendre des tables, aussi viens-je d’installer
un petit commerce en Suisse.
le président. — Qu’avez-vous à dire tou-
chant la cause?
LE QUATRIÈME TÉMOIN. — J’aCCUSe...
le président. — C’est bien, vous l’avez déjà
fait. (A l'huissier) Au cinquième 1
l’huissier. — Liane de Pougy!
Nul ne répond à l’appel.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 219 (14 Janvier 1899), S. 219 2
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg